Landry a écrit:
Son père est enterré dans un petit cimetière de campagne, sans bling bling. Une tombe anonyme, sans fleurs, sans plaques, dans l'austérité la plus complète.
putain ça me rappelle quand je suis allé sur la tombe de Camus à Lourmarin, dans le Luberon.
j'étais en pleine crise littéraire et après avoir avalé l'anthologie des philosophes grecs et romains, je m'étais préparé pour mon BAC (qu'il est loin désormais ce niveau d'étude !!!) avec les grands auteurs français des quatre derniers siècles.
c'était en été et j'avais fais le chemin depuis Cucuron à pied, ayant besoin de cette marche intellectuelle pour rendre un hommage très personnel et duquel Albert Camus m'aurait sans doute beaucoup remercié je pense, grand connaisseur en valeurs fondamentales de l'être humain.
je marchais donc en lisant à voix haute l'Homme révolté, déclamant le texte avec un talent en harmonie avec ma personne ; je ressentais encore davantage la prose à travers ma peau.
il faisait beau, il faisait chaud, et pourtant j'avais tant de pertinence dans l'empathie que je portais à cette oeuvre que je distinguais presque des ombres et des lamentations de chaque côté de la route.
le bitume, dans mon illusion fusionnelle, entamait mes espadrilles abrasées et je me retrouvais bientôt à même le sol incandescent.
rien n'entamait ma transe et je cessait d'être un homme en acceptant d'être ce que je suis.
je quittait alors la route et coupais à travers les champs de vignes, puis d'oliviers. Les arbres se faisant plus denses, je m'accrochais aux épines lorsqu'une branche entremêlée me tomba sur le crâne.
Imperturbable j'ai persévéré dans ma course et arrivais bientôt au cimetière de Lourmarin, les vêtements de lin déchirés, tachés par le sang de mes égratignures crâniennes et les pieds décharnés mais vaillants.
Je trouvais la tombe rapidement, conforme à la description faite par beaucoup (et quelques années plus tard par Saint-Prolixe de le Forum), modeste et sans apparat.
Je fus alors saisis par toute l'ampleur du message de Camus comme s'il s'adressait à moi comme l'ayant compris et me mis à sangloter éperdument, touché par la reconnaissance d'un père spirituel.
la tombe d'Albert détourée :
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j'ai gardé le dessin d'un badaud qui m'avais croqué, ébloui par ma beauté et ma prestance :
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