Le SM Caen peut-il rallumer la lumière ?Ligue 2. Plus que le résultat contre Arles-Avignon (1-1) vendredi dernier et la situation mathématique, loin d'être irrémédiable à huit matches du dénouement, c'est le jeu, l'attitude et l'état d'usure des Caennais qui inquiètent sérieusement. Pourtant pas le moment de flancher.
Certains mots n'ont pas trompé vendredi dernier. Comme ce lapsus d'un Patrice Garande fulminant : « Ce match-là, je n'avais pas imaginé le perdre... Oui, on a pris un point, mais justement, c'est à la mesure de la déception, on a l'impression d'avoir perdu ! » Le premier nul de la saison caennaise à d'Ornano a dégagé une odeur de soufre, dans des proportions qui tranchent avec le strict point de vue comptable. Cela se complique, c'est vrai, mais Guingamp n'est qu'à 2 points, Nantes à 3, et il reste 8 matches.
Caen ira au Havre, lundi prochain, pour prouver qu'il peut rebondir encore, après avoir vu Angers et Nantes s'affronter. Il n'aura pas d'autre choix, avant que ses confrontations directes ne comptent triple. Il faut se reconcentrer immédiatement. Garder la tête froide. Mais l'inquiétude grandit. « Ce qui me gêne profondément, c'est que les joueurs n'ont pas eu un comportement conforme à ce qu'ils disent, à leurs ambitions. On n'a pas le droit de manquer de détermination, de montrer ce visage en première mi-temps. Je ne supporte pas que les gens, le public, puissent avoir ce sentiment. Je n'ai pas oublié les propos d'avant-saison. Si on continue comme ça, on n'y arrivera pas. On doit proposer autre chose. »
Il suffit de se replonger dans les matches de Malherbe en 2013 pour se rendre compte que quelque chose ne tourne plus rond. Si peu de contenu, de force offensive, de folie. Sorbon est le seul en ce moment à tenir le rôle de cadre entraînant, et cette équipe n'a pas le talent de ses devancières. Aucune individualité d'attaque type Gouffran ou El-Arabi capable de vous transformer du plomb en or. Mais le constat n'est pas nouveau, et n'explique pas tout.
« Je ne laisserai pas faire... »
En première partie de saison, les faiblesses individuelles avaient été compensées collectivement. Elles le sont de moins en moins, et la théorie du « déclic » après le succès de la 93e minute contre Istres a fait pschitt. Comme si cette équipe composée presque toujours des mêmes joueurs était à bout de souffle. Usée autant physiquement que psychologiquement. Pressurisée, entravée, engoncée dans un jeu minimaliste où apparemment elle ne prend plus de plaisir. Pas ensemble, finalement.
Sombre tableau, mais c'est celui que nous a dressé Caen ces deux derniers matches. « Déjà, je pense qu'il faut travailler, se reposer, bien manger, ne penser qu'à la montée tous les jours durant un mois et demi, rétorque Garande. Les gens qui se lâchent et ont confiance sont ceux qui ont fait les choses comme il faut avant. Il faut juste se rappeler pourquoi ils ont signé ici : quel est mon objectif, je fais quoi pour y arriver ? »
Le coach doit-il lui aussi réévaluer sa méthode ? « Ce match m'interpelle, et évidemment qu'il faut analyser, se poser des questions, mais on a moins de temps pour trouver les réponses maintenant. Il en faudra mardi à la reprise de l'entraînement. Je ne laisserai pas faire certaines choses, et il y a toujours une partie des solutions qui est dans la tête des joueurs. »
Garande reste aussi celui qui doit fédérer pour refaire naître une dynamique d'ensemble. Trouver des parades. « Je vais prendre du recul, parce qu'on s'est peut-être trompé dans la préparation... On l'a déjà fait, on est capable de se remettre en cause. Cela passera aussi par un questionnement collectif avec les joueurs. Il faudra mettre en place un fonctionnement et une équipe capable d'assumer ce qu'on veut jouer. »
Un discours sans concession qui augure de changements. Le coach, qui a resserré son groupe depuis plusieurs semaines, peut-il l'aérer en l'ouvrant à des éléments comme Traoré ou Leca ? Relancer Montaroup, tenter un coup de poker avec les jeunes, Lemar, Nangis, Mboné, Koné, Tandia, plus le retour de Duhamel en attendant ceux d'Agouazi et Kebano ? Il ne le fera pas pour tout le monde, n'a pas non plus de solutions miracles en magasin. Au Havre, on va savoir si Caen ne craque pas.
Guillaume LAINÉ.