Guigui a écrit:
Je ne sais pas si Django Unchained est le meilleur Tarantino. C'est sans doute le plus complet, celui qui possède le plus d'ingrédients chers au réalisateur, il y a tout mis. Après, Tarantino c'est pas si stéréotypé que ça, entre Jackie Brown et Kill Bill, il y a quand même des distances, et vous aurez toujours des fans des deux extrêmes. Avec Django, on a le centre, l'en avant.
Le problème quand on a vu ce film c'est qu'on est sevré de jubilation pendant au moins un mois, même aller voir un bon blockbuster américain après-ça on doit se faire chier.
L'intensité, toutes les critiques l'ont dit, elle est là et à son maximum. 2h45 de pur bonheur, toutes les mise-en-scène tarantinesque, de la grosse baston giclante aux plans séquences "tour de table", en passant par les monologues "mais d'où il sort ces histoires", bref vous changerez de slip en rentrant chez vous.
Casting irréprochable, DiCaprio motivé comme jamais, Christoph Waltz le meilleur interprète du monde, Foxx fait le boulot et sort un bon charisme (je le connais pas bien). Samuel L. Jackson... le second rôle de sa vie (après Pulp).
J'ajoute qu'on se marre beaucoup, Tarantino déclare souvent que ses films préférés dans sa jeunesse étaient les spaghettis et les comédies, on sent l'envie d'en faire une à part entière. Peut-être le prochain ? Il en est capable.
Bref courrez-y, c'est le cinéma à son niveau maximum dans ce qu'il peut produire de qualité. Là étant encore sous l'émotion j'ai envie de dire à tous les réals français d'aller faire leurs merdes pour des téléfilms sur TMC.
Dernière chose qui ne concernera pas tout le monde : je me refusais de voir le film autrement qu'en VO mais j'ai craqué, par impatience et comme j'suis pas dans le secteur du Lux...
Bref, la VF est correcte. DiCaprio a sa nouvelle voix depuis Inception (pauvre Damien Witecka, snobé par la Warner, mon coeur saigne mais tu seras toujours
Le Maitre du Mooondde). Nan en fait j'avais une grosse appréhension sur Waltz, qui n'a plus le temps de se doubler lui-même depuis les Basterds, et rien que pour ça j'avais peur que le film soit détruit, même si j'avais confiance en Pierre-François Pistorio. J'ai bien eu raison, ce mec a un putain de talent mais je l'avais déjà remarqué. La voix française de Jet Li, y'a de quoi flipper mais ce comédien est un putain de caméléon. Par moment j'avais vraiment l'impression d'entendre Christophe Waltz, il a chopé l'accent juste ce qu'il faut, les mêmes défauts de prononciation, le timbre. Énorme chapeau, allez hop je met sa photo.

Et bien moi j'en sors et j'ai été un poil déçu.
Étant fan de western et de Tarantino, frétillant comme Willemot parvenant enfin à se connecter à Fifouze en ligne devant la bande annonce, j'attendais peut-être trop mais je ne crois pas.
Je suis tout à fait d'accord avec tout ce que dit Guigui.(je ne reviens pas là dessus il l'a très bien explicité)..cinématographiquement c'est parfait, les acteurs, les scènes, l'humour, c'est du grand Tarrantino.
Mais qu'est ce qu'il est allé se faire chier à vouloir par moments instiguer un propos?
Que Django soit esclave soit, qu'il veuille se venger oui, mais je trouve les évocations du drame de l'esclavage d'une lourdeur incommensurable.
Avec une telle maitrise de la forme il n'a pas besoin de nous prendre par la main pour bien nous montrer que l’esclavage c'est mal, de vouloir ajouter une dimension engagée 200 000 fois moins intéressante que son film. Le comble étant
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de justifier que Waltz descende DiCaprio par le fait qu'il vient d'avoir une réminiscence de la scène des chiens, c'est d'un lourdingue...
sans ça (et bien trop d'autres) tu comprenais tout autant, mais t'avais la place de rester dans la jubilation du film sans que ton plaisir soit orienté par un propos sociétal, voire moralisateur.
Je suis hypra soulé par ce qu'a sorti Spike Lee sur le film avec son pseudo brevet de cinéaste engagé qu'il lui donnerait autorité sur tout, mais j'avoue que j'aurais trouvé l'évocation plus forte s'il elle n'avait pas été stabylotée. C'est comme si Inglorious Bastards avait raconté l'histoire d'un évadé d'Auschwitz tuant des nazis avec son costume rayé avec des inserts sur des Sonderkommendos.
Bref "Mon" Tarrantino reste incontestablement Death Proof, où je trouve l'équivalent en génie cinématographique mais où l'absence parfaite de tout propos te permet d'être touché par la grâce artisanale du film, justifiant à elle seule son existence, et par la même devenant un propos très fort mis en perspective avec la pauvreté de l'histoire d'un zonard qui se promène dans une caisse blindée. ça en devenait un film féministe, une charge gauchiste, une puissante symbolique, juste par la maitrise technique, sans qu'on ait à t'expliquer qu'un truc est bien ou mal, surtout au passage pour enfoncer une porte ouverte sur un thème consensuel.