Bon hé oh ! Vous ne lisez plus que des baydays ou quoi ?
Etant donné que j'ai beaucoup de retard dans mes avis, je vais aller relativement à l'essentiel. D'un autre côté, comme il y a beaucoup de bonnes choses depuis un mois, je vais quand même essayer de vous faire envie, telle la fille de joie en début de carrière.
Scintillation, de John Burnside ; roman sociologique littéraire, poétique et un poil fantastique ; 282 p.
Thème :
"Dans un paysage dominé par une usine chimique abandonnée, au milieu de bois empoisonnés, l'Intraville, aux immeubles hantés de bandes d’enfants sauvages, aux adultes malades ou lâches, est devenue un modèle d’enfer contemporain. Année après année, dans l’indifférence générale, des écoliers disparaissent près de la vieille usine. Ils sont considérés par la police comme des fugueurs. Leonard et ses amis vivent là dans un état de terreur latente et de fascination pour la violence. Pourtant Leonard déclare que, si on veut rester en vie, ce qui est difficile dans l'Intraville, il faut aimer quelque chose. Il est plein d’espoir et de passion, il aime les livres et les filles."
Une ville générique du nord de la Grande-Bretagne, avec une usine abandonnée qui domine toutes les consciences, une dissection des lâchetés et prédations capitalistes, la rebellion d'un sans-grade, un petit côté mystique intéressant : beaucoup de thèmes vachement sexys.
C'est très beau, d'un très haut niveau d'écriture, mais malgré ça, je suis resté un peu sur ma faim, à côté du texte.
Aucun doute que certains d'entre vous apprécieront grandement, comme la plupart des critiques. Pour moi, ça a juste été un bon moment de lecture un peu dérangeant, et ça c'est déjà très bien.
Le dernier lapon, d'Olivier Truc ; polar en Laponie, avec rennes, traîneaux, mais pas de Père Noël gentil à la fin ; 453 p.
Thème :
"Kautokeino, Laponie centrale, 10 janvier. Nuit polaire, froid glacial. Demain le soleil, disparu depuis 40 jours, va renaître. Demain entre 11h14 et 11h41, Klemet va redevenir un homme, avec une ombre. Demain le centre culturel va exposer un tambour de chaman légué par un compagnon de Paul-Émile Victor.
Mais dans la nuit, le tambour est volé. Les soupçons iront des fondamentalistes protestants aux indépendantistes sami. La mort d'un éleveur de rennes n'arrange rien à l'affaire. La Laponie, si tranquille en apparence, va se révéler terre de conflits, de colères et de mystères. Klemet, le Lapon, et sa jeune coéquipière Nina, enquêteurs de la police des rennes, se lancent dans une enquête déroutante. Mais à Kautokeino, on n'aime guère les vagues."
L'intrigue est plutôt bien ficelée, le contexte est franchement intéressant avec une plongée dans l'histoire et les traditions du dernier peuple indigène d'europe, le froid et les paysages sont très bien rendus, et les personnages sont consistants, que ce soit les deux flics, les nationalistes d'extrême-droite qui veulent mettre les lapons au pas norvégien, ou le dernier véritable lapon... Bref, que du plaisir à la lecture de ce premier roman d'Olivier Truc. On passe pas loin du polar ethnique parfait. Dès qu'il sort en poche, jetez vous dessus sans hésiter.
Triple crossing, de Sebastian Rotella ; plongée en apnée dans les trafics aux frontières mexicano-US et paraguayo-argentino-carioca ; 439 p.

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Thème :
"Chaque nuit, sur la Ligne entre le Mexique et les États-Unis, une foule de migrants tentent leur chance. Et chaque nuit, les agents de la patrouille frontalière américaine sont là pour les refouler. Certains, sans scrupule, profitent de la faiblesse des clandestins et donnent libre cours à leurs penchants sadiques. D'autres, comme Valentin Pescatore, essaient de s'en tenir aux règles. Cela ne l'empêche pas de commettre une entorse qui pourrait lui valoir une sanction sévère, à moins de collaborer... Mais avec qui, au juste ? C'est bien les Américains qui lui demandent d'infiltrer une famille de narcos de Tijuana, mais qui peut garantir que son inexpérience ne va pas l'entraîner du côté de la corruption, de la drogue et de l'argent facile ? En tout cas, c'est ce que redoute Leo Méndez, flic mexicain aux allures de justicier..."
Un polar noir dans la veine de la griffe du chien, incontestable chef d'oeuvre du genre. Ici, on n'en est franchement pas loi, c'est du très haut niveau de tension, avec de l'ambiguité à tous les étages, même chez les incorruptibles flics, le mexicain et l'américaine (encore que ce sont les personnages les moins complexes et donc moins intéressants : la seule faiblesse de ce roman ?). Les pourris sont certes franchement violents et amoraux, mais ils respectent des codes, des comportements... et le héros du bouquin est franchement limite, c'est cool.
Et puis entre Tijuana et Ciudad del este sur la triple frontière, on voyage beaucoup, et pas seulement dans l'univers des mafias et du terrorisme international. C'est foisonnant, passionnant et franchement bon. A ne pas rater.
A suivre du De Cataldo, du Westlake et du Deon Meyer.