Bon bon bon...
Je me fais bien plaisir, en ce moment, quel que soit le style. De l'espionnage, du redneck américain ou du polar historique pendant la campagne de Russie.
Noon Moon, de Percy Kemp ; roman d'espionnage métaphysique manipulant les ogres islamistes et américains ; 428p.
Je ne suis habituellement pas fan des romans d'espionnages. Seuls ceux de Le Carré me plaisent, en général. Percy Kemp fait fort ! Avec beaucoup d'érudition, il démonte la mécanique des motivations et faiblesses des deux colosses aux pieds d'argile que sont l'islamisme radical et la tout-puissance américaine, démontrant à quel point ils sont caricaturaux dans leurs extrémismes et aisément manipulables. C'est machiavélique. Et si on peut se noyer, par moment et notamment au départ, dans des considérations hautement intellectuelles et, il faut le reconnaître, un peu verbeuses, on a en suite beaucoup de mal à lâcher le pavé, tellement l'histoire et la structure du roman sont habiles. Très fort. Est sorti en poche sous le nom un peu trop transparent 'Mercredi des cendres". Les critiques sont souvent dithyrambiques, je ne crierais toutefois pas au génie absolu.
Le faucon va mourir, de Harry Crews ; comment (tenter de) se sortir de la médiocrité d'une vie et de l'entourage en affaitant un faucon ; 271p.
Voilà le genre de petit roman sans prétention qui frôle le chef d'oeuvre tellement ça tape dans l'humain, profondément. Le type qui cherche désespérément à apprivoiser des faucons, à la manière de Frédérik II de Bavière, en Géorgie américaine, est-il un fou ou bien, au contraire le seul type sain d'esprit du coin ? L'histoire d'un type un peu différent de ses congénères qui cherche à s'extirper de ses "obligations" amicales et familiales par tous les moyens. Et il en a trouvé un bien loufoque. C'est drôle, humain, ridicule et finalement poignant. Une vraie tragédie. Génial, même si ce n'est pas, objectivement, LE roman du siècle. Mais j'adore cette écriture et j'y reviendrai.
Empereur des ténèbres, d'Ignacio Del Valle ; enquête au sein de la division Azùl au début de la débandade russe des forces de l'Axe ; 368p.
Polar littéraire au sein d'une division espagnole composée de phalangistes et de franquistes lors du début de la fin de la campagne hitlérienne de Russie, en 43. Enquêter sur un meurtre pendant une guerre pendant laquelle des monceaux de cadavres s'entassent quotidiennement ? Mission étrange que se voit confier un soldat aux convictions ambiguës, ex-lieutenant déclassé pour cause de... prison. Mais c'est bien d'un ancien enquêteur qu'il s'agit, très humain, petites et grandes lâchetés incluses. Le style est très soutenu, la critique de la toute puissance de la Religion prégnante, les questions sur la Phalange et le franquisme centrales. Un roman dense, foisonnant, à l'atmosphère dépeinte au fusain. De la haute littérature au service du polar historique. Passionnant. Un gros coup de coeur.
Viens de sortir en poche. En même temps qu'un autre roman de Del Valle avec le même perso principal.
Allez hop ! Un petit Taïbo maintenant.