Deux pépites noires dans mon panier, aujourd'hui.
La première est sud-américaine, as usual.
Perdre est une question de méthode, de
Santiago Gamboa ; polar noir journalistique latino.
Se battre contre des moulins à vent, une position récurrente dans les romans noirs latinos étant donné l'état de pouriture avancé de leur système économico-politique. Nous sommes ici en Colombie où les narcos ne sont pas les seuls à profiter de l'avidité des politicards. Sur fond de manœuvres immobilières et de corruption généralisée, un petit journaliste à la vie perso en cours de délitement voit en la résolution d'un meurtre barbare la petite lumière qui éclairera la suite de sa vie. En mêlant enquête, social et complexités des relations amoureuses, Santiago Gamboa bâtie un somptueux roman, un des réussites latinos. C'est dire, étant donné que j'adule les écrivains de ce coin.
Un grand roman à ne surtout pas manquer.
La seconde est anglaise, vivant en France.
Si sombre Liverpool (Synchronicité I), de Stéphanie Benson ; roman noir social, politique, psychologique et hémophile.
Dans cette première partie du diptyque Synchronicité, avec les paroles des chansons de Sting Synchronicity I et II comme fil conducteur, Stéphanie Benson déroule une intrigue très noire et vaguement policière autour du soulèvement des dockers de Liverpool et d'une série de meurtres atroces probablement en rapport. Où la lutte entre capitalisme cynique et militantisme syndical aveugle va beaucoup plus loin en bassesses que de simples piques et saillies à base de testostérones (même si y en a aussi dans ce roman). D'une noirceur et d'un cynisme absolue et désabusé, ce roman ne voit un semblant de lumière qu'au travers du jusqu'au-boutisme et de l'abnégation de ces défenseurs des valeurs sociales. La construction du récit choral serait linéaire s'il n'y avait ces sauts temporels qui parviennent à dynamiser le roman de manière originale. On ne s'ennuie pas une seconde dans ce magnifique roman qui, même s'il part sur un postulat manichéen, n'épargne personne, pas même ceux vers qui notre sympathie de lecteur partial pourrait se porter. Et y a même des vampires. Enfin peut-être...
Ce roman tape fort, précis et on en redemande. Il va donc absolument falloir que je déniche le tome 2 du dipytque.
Là, je m'envole sur le toit du monde, au Tibet.