Citation:
le zimbabwe si c'est pas une économie dépressive alors qu'est ce qu'il faut ?
C'est une économie dépressive, évidemment. Une fois que l'hyperinflation est déclenchée, c'est Waterloo.
Mais tu ne peux pas faire un parallèle immédiat entre le Zimbabwé et la situation actuelle des pays européens endettés. L'Italie s'est une des 10 premières puissances éco. du monde. L'Italie, tu enlèves les paiements d'intérêt sur la dette publique, est en excédent primaire ! Les recettes d'impôts sont supérieures aux dépenses de l'Etat. Les marchés ne paniquent pas du tout par rapport à ça, contrairement à ce qu'on surine jour après jour. Les marchés paniquent parce qu'ils pensent qu'il est possible que l'Italie ait du al à obtenir des euros pour payer les créanciers. C'est différent !
Pour revenir à l'hyperinflation, qu'est-ce que c'est ?
C'est certes une inflation très élevée, mais c'est surtout le symptome du rejet de la monnaie domestique. Pourquoi cette monnaie est rejetée, parce que ses utilisateurs n'ont plus besoin de l'utiliser. Ou n'ont plus d'intérêt à l'utiliser.
Pourquoi rejeter une monnaie ?
Principalement, et c'est le cas du Zimbabwé, comme ce fut le cas de l'Allemagne de 1923, comme ce fut le cas de l'Argentine de 1989-1990, parce que les agents (ça peut être l'Etat, mais ça peut aussi bien être des entreprises privées) sont endettées en devises.
Pour l'Allemagne, elle était par réellement endettée, mais elle devait de l'or au titre du traité de Versailles. L'Argentine et le Zimbabwé devaient des dollars US.
Bon. Donc les gens utilisent quotidiennement de la monnaie domestique mais ils doivent rembourser des traites en devises. Pour rembourser ces devises, il faut procurer à nouveau des devises.
Deux façons pour cela : on emprunte à nouveau, ou alors on exporte. Si on peut emprunter, c'est facile, mais ça implique à l'avenir de nouveaux flux de devises. Si on a du mal à exporter, on peut faciliter la dévaluation ou la dépréciation du change. Comme ça, on favorise les exportations. Mais les biens importés deviennent plus chers et le poids de l'endettement exprimé en devises s'élève.
Petit à petit, il peut naître uns spirale qui entraîne continuellement la dépréciation du change, qui accélère l'inflation. Les agents petit à petit trouvent plus faciles d'utiliser la devise directement : sa valeur est beaucoup plus stable.
L'hyperinflation, c'est le stade ultime. On refuse de conserver la moindre unité de monnaie domestique. On préfère tout à la monnaie : elle est rejetée. CQFD.
Juste un dernier truc : à l'exception des hyperinflations des pays ex-soviétiques au début des 90's, aucune hyperinflation ne se déclenche rapidement. Il faut au préalable des années d'inflation forte. Et il n'y a d'inflation forte que si les degrés d'utilisation des facteurs de production sont forts (ie si le taux de chômage est faible). Même en Allemagne avant 1923 on avait ça. Idem pour l'Argentine mais aussi le Zimbabwé.
Aujourd'hui, dans toute l'Europe l'inflation est faible ... Ou est l'urgence ? Continuer à exclusivement lutter contre cette inflation (mission unique de la BCE selon ses statuts) ?
Bon. on revient à la question.
Est-ce que c'est possible en Europe qu'on ait de l'hyperinflation?
NON.
Pourquoi ?
Parce que le risque aujourd'hui est celui de la déflation.
Si l'argument ne vous suffit pas. Le deuxième est encore plus décisif.
Les Etats européens, comme l'Italie, sont endettés en euros. En monnaie domestique. Emise par la Banque centrale, leur Banque centrale. Il n'y a donc pas besoin de changer de monnaie pour rembourser les créanciers de l'Italie, de la France de la Grèce et de tous les autres. L'Allemagne devait payer en or en 1923, l'or n'était pas produit par la Banque centrale. L'Argentine et le Zimbabwé devaient payer en dollars US. Monnaie non émise par leurs Banques centrales.
Je maintiens et persiste et n'en démorderai pas : la BCE doit intervenir directement pour provoquer une baisse des taux d'intérêt offerts à l'Italie et à la France. Il n'y a aucune autre issue pour sauver l'Euro. Aucune. Sinon, avec des taux d'intérêt croissants, puisque l'austérité est de toutes façons inéfficace en période de récession, nous allons mécaniquement au défaut de paiement.
J'ai un seul espoir : que l'Allemagne réalise que cette politique est vouée à l'échec et que cet échec va entraîner des pertes massives sur l'épargne des Allemands. Et que cela déclenche un changement de politique monétaire. Mais que c'est long !!!
Je précède une remarque qui viendra juste après :"oui, d'accord, mais est-ce que les marchés ne vont pas paniquer si ils observent que la BCE change d'attitude ?"
Au contraire. C'est ce qu'ils attendent ! Les créanciers veulent des euros sur les placements en euros qu'ils ont effectué. La preuve ? Malgré la crise, l'euro ne s'écroule pas vis-àvis des autres devises clefs.