Landry a écrit:
Alors suicidons-nous?
Un "après" ou un "ailleurs" ou un "autrement". S'ils ne doivent exister qu'en rêve au moins aurons-nous essayé de matérialiser nos désirs épars et confus.
Ce que je veux pointer, c'est que, comme tout phénomène social d'ampleur, il est impossible de "penser" le football en éludant la mise en perspective diachronique. Le football a énormément évolué et il évoluera encore beaucoup, jusqu'à sa disparition. Evidemment, notre temporalité nous porte à porter au pinacle le foot d'il y a 15-20 ans, mais il existe des pesanteurs profondes (on ne va pas aller jusqu'au temps long de Braudel, mais quand même) qui influent sur la direction du foot. Il y a 10-15 ans, nos grands frères regrettaient le foot des seventies, à l'époque triomphante des joutes européennes retransmises avec parcimonie et qui étaient d'autant plus épiques quand elles se jouaient sur fond de glaciation politique (Halala, Saint-Etienne - Kiev).
La tradition des "grands clubs" d'Europe ne doit pas non plus nous enlever tout sens critique. Certains fans de United (qui se revendiquent comme les vrais, évidemment) ont recréé un club après l'acquisition des Red Devils par la famille Glaser. Alors, ceux qui vont à Old Trafford aujourd'hui, ce sont qui ? Des gars qui ressassent la tragédie de 1958, qui vénèrent l'époque de Matt Busby, tout en étant à la fois les clients du club le plus riche du monde ? Sans doute tout ça à la fois. Et ceux du Real, qui commémorent les grandes victoires des années 50, sont-ils critiques sur la vitrine du franquisme qu'était leur club ? Que disent-ils quand le roi d'Espagne annule toujours et encore la dette de leur club chéri pour s'acheter des "galactiques" ?
On a perdu le drakkar, mais on est en Ligue 1 ; les "Bleus" jouent en marinière Nike, mais ils peuvent être champions du Monde en 98 et l'image qui nous restera ce sera celle de Zidane sur l'Arc de Triomphe, opération orchestrée par Adidas (ben oui, puisque "la victoire
est en eux").