J'ai traduis certains passages de l'article du guardian que j'ai cité cet après midi:
Citation:
[...]Je n'étais pas convaincu par une lecture des événements à la lumière du nihilisme des émeutiers: comment pouvez vous cesser de croire en la loi et l'ordre, en l'univers moral, en la coopération, au sens de l'existence et pourtant être toujours attaché aux vêtements de sport. Comment pouvez vous mépriser la culture mais pourtant toujours désirer une TV à écran plat ?[...]
Baudrillard et d'autres sociologues à propos de la consommation écrivent qu'il s'agit d'une falsification de la vie sociale. La publicité promeut un monde fantasmé. Le consumérisme existe à partir du sentiment de déconnexion du monde qu'éprouvent les gens.[...]
Que les émeutiers n'aient pas d'objectifs politiques ne veut pas nécessairement dire que la clé de tout ceci ne s'enracine pas dans la politique.[...]
Ceux d'entre nous qui n'ont pas la responsabilité de maintenir l'ordre public peuvent être plus interrogatifs à l'égard de ce qui se déroule: une vision autoritaire voudrait qu'on ait affaire à toute une génération dotée d'un sens du mérite erroné, qu'une culture de la victimisation ainsi qu'une clémence en guise de ligne de conduite assumée du système judiciaire a créé. Ces actions proviendraient de gens qui au lieu de se bouger le cul pour s'en sortir par eux même passent leur temps à se demander ce que les autres auraient dû faire pour eux, à ceci on peut ajouter le fait d'avoir pu expérimenter l'impunité par rapport à de plus petites agressions postérieurement commises et de ne plus ressentir la possibilité de la sanction.[...]
Tout ceci est la réaction d'un être humain normal face à la brutalité de l'état de pauvreté: "Vas y, descend une cage d'escalier avec un bébé en poussette, slalome entre les capotes et les seringues. Et si tu prends l’ascenseur dans le meilleur des cas il s'agira de survivre à l'insupportable odeur de pisse, au pire tu seras violée... Il ne s'agit pas d'une atteinte occasionnelle à la dignité mais d'une humiliation répétée, être continuellement sans moyens et sans possession dans une société opulente. Les jeunes et intelligents citoyens provenant du ghetto cherchent une explication au fait que de leur côté c'est toujours un Royaume Uni morne et lugubre qu'on prend dans la gueule. Ils sont condamnés à une obscurité car dans le regard du reste de la société même leur humanité est discréditée et ne suffit pas en tout cas pour mériter de l'aide.[...]
Voici ce qui se passe lorsque les gens n'ont rien, lorsqu'on leur plonge constamment le nez dans des biens inaccessibles et que l'espoir même d'être en mesure un jour de se les procurer parait illusoire. Une société de consommation réside dans votre possibilité d'y participer. Le standard du consommateur de nos jours est quelqu'un avec suffisamment de temps libre, un salaire confortable et un accès au crédit. Dès lors si on a affaire à beaucoup de gens ne bénéficiant pas des deux dernières caractéristiques, le contrat de cette société ne peut pas marcher. Ils semblent cibler des magasins vendant des biens qu'il consommeraient normalement s'ils le pouvaient. Alors peut être qu'ils se rebellent contre le système qui leur nie ce droit, cette récompense qu'il ne peuvent pas se permettre d’acquérir.[...]
Je peux me tromper mais je n'ai pas l'impression que nous voyons ici des gens ayant faim. S'ils s'attaquaient à des commerces de luxe outrancier du style Gucci ou Tiffany ils pourraient sembler plus motivés politiquement dans leur action et donc plus respectables. Leur talon d'achille c'est qu'ils s'attaquent à des choses qu'ils désirent véritablement avoir.[...]
Dans un sens c'est assez similaire à une émeute carcérale: en prison personne ne sait exactement de quoi il en retourne mais une rumeur survient à propos de quelqu'un ayant été maltraité ou blessé. Une forme de blessure morale est ressentie et va s'exprimer dans une quête de revanche intéressée. C'est rien de plus que ça, vous avez juste un grand nombre de gens habitué à réagir de manière impulsive et qui vive une "grande aventure".
Du coup ça saute du coq à l’âne dans le propos puisque il s'agit d'extraits mais l'article est bien.
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« Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов
This is such a mind fuck.