graham a écrit:
Pour m'être un peu occupé de politique de la ville, tout en y connaissant pas grand chose au départ, mais je m'étais bien entouré, mon sentiment c'est qu'elle ne sert pas à grand chose. On doit traiter les problèmes en amont : plein emploi, répartition plus équitable de la richesse nationale, services publics, éducation, etc... Or la politique de la ville traite tous les problèmes en aval, et comme en matière budgétaire, par clientélisme, on pratique le saupoudrage, elle n' a même pas les moyens de ses ambitions. Je crains que cela ne revienne en définitif à appliquer une rustine sur une jambe de bois, avec pour principal intérêt de faire vivre tout un tas d'intervenants spécialisé dans ce domaine (c'est un peu comme les grosses ONG qui ont pour vertu principale de faire vivre leurs salariés) .
Oui, ben on voit bien que t'y connais toujours pas grand chose.
Ce qu'on appelle le saupoudrage, c'est juste un manque de moyens. Rien que su le programme national de rénovation urbaine, hors quelques cas un peu discutable qui ont été retenu (Cleunay à Rennes par exemple), sinon les 700 sites sont justifiés. Et il en manque encore beaucoup (Hauteville à Lisieux, c'est une hérésie qu'il n'y soit pas, par exemple). Après, on peut discuter du bien-fondé du PRU, qui n'est pas sans conséquence pour les locataires de logements sociaux (hausse assez forte du reste à charge notamment, dans certains cas, déménagement très loin de l'ancien quartier - ce qui n'est pas forcément un mal-...). Mais sans partager l'euphorie de Sallenave, le DG de l'ANRU, les opérations devraient au moins rendre la vie plus supportable pendant une bonne quinzaine d'année dans les sites traités. Après, y a également des problèmes: peu de projets économiques, hors les centres commerciaux ou de soins, hors les très gros projets ou en IdF, peu de projets tertiaires ou de zones économiques. Pourquoi? Parce que l'image de ces quartiers n'est pas terrible, et qu'il est mieux percu d'aller se foutre dans des zones tertiaires ou en extension urbaine, ou le foncier est moins cher. Pour les problématiques logement, la PV ne peut concerner que le logement social, sur lequel les pouvoirs publics ont une prise directe, mais les Mureaux par exemple, est une ville où iil y a une très grande proportion de logements privés. C'est très compliqué d'agir sur ce type de parc.
Dans le cadre des Contrats urbains de cohésion sociale, prolongé jusqu'en 2014 récemment, c'est la même chose: manque de moyens. Les enveloppes peuvent être réduite de 40% par rapport à l'année dernière. Sauf que les opérateurs locaux l'ont appris la semaine dernière, alors que les assoces ont déposés leurs dossiers et montés leurs comptes sur des hypothèses qu'il va falloir revoir. Et ces baisses réduisent le champ de l'action sociale.
Pour l'éducation, les ZEP sont maltraitées, les RASED disparus, heureusement, même s'ils traitent moins de monde, les PRE ont des résultats corrects, et l'état souhaite les renforcer (en prenant dans l'enveloppe des CUCS, mais y a plus de sous, il faut faire des choix). En attendant, si on se base sur l'ouvrage (un peu ancien maintenant) de Morin sur les ZEP, il semblerait que depuis leur instauration, l'écart avec les établissements hors ZEP ne s'est pas creusé. Il avait tendance à le faire avant l'instauration des ZEP donc elles fonctionnent pas si mal que ça au final, vu les tendances de la société francaise à voir les inégalités se creuser depuis plusieurs années.
Après, je suis d'accord que les interventions dans ces quartiers restent des cautères sur des jambes de bois si on n'agit pas sur les causes. Y a quand même quelques problèmes:
- le chômage. Jusqu'a peu de temps, il concernait principalement les jeunes et les vieux sous-diplomés et plus encore chez les étrangers. Populations qu'on retrouve beaucoup dans les quartiers PV. Problème: le chômage s'étend désormais à toutes les couches de la population. Y a plus de discriminations en quelques sortes (sauf pour les très aisés).
- les services publics, absents de ces sites. Pas besoin d'un dessin ils se retirent de partout en France.
- la sécurité. Problème insoluble tant qu'on appliquera les recettes actuelles, mais je n'ai pas connaissance d'autres schémas que les actuels.
A mon sens, à l'heure actuelle, on est contraint de faire le dos rond et ca devient de plus en plus difficile pour beaucoup de monde. Il est logique (sans que je m'en réjouisse du tout en écrivant cela) que ca soit encore plus dur pour les plus fragile. Les perspectives sont mauvaises, mais après tout, la conjoncture peut se retourner assez rapidement, sait-on jamais.
Pour les questions de logement, et de relégation des plus pauvres à la campagne, y a deux phénomènes qui méritent pas la même attention: les gens vraiment pauvre qui quittent la ville parce qu'ils n'ont plus les moyens d'y vivre du tout. Un état de pauvreté structurelle qu'ils subissent en quelque sorte. Ces gens ont besoin d'aide, parce qu'ils sont victime de la situation.
Le deuxième cas, c'est celui des classes populaires et moyennes qui se sont élloignés de la ville pour aller s'entasser en milieu périrubain ou rurbain, aveuglés par le mythe de la maison au jardinet. Pour ceux-là pas de quartier. Ca fait au moins 10 ans que les pouvoirs publics, les associations, préviennent contre les risques de renchérissement du coût de la vie, et la précarité énergétique est une thématique clairement identifiée depuis 2007. Après, y a quand même des lobbys puissants: promoteurs, constructeurs, l'état (pas cohérent sur cette problématique), les collectivités territoriales sans capacités de planification... Tous participent à cette propagande, mais je sais pas, quand tu veux procéder àç un achat immobilier, tu essaies d'être prudent, même quand tu es pauvre.
Enfin bref, c'est un pavé, je me suis perdu, et c'est décousu.
M'étonnerais que les gens aillent au bout.
Titi, mal de crane.