à la fin de l'article, Mediapart a écrit:
Notre chiffre est donc de toute évidence sous-estimé, certainement de plusieurs milliers, voire d'une ou deux dizaines de milliers. N'empêche: la manifestation parisienne n'était pas ce cortège de 330.000 personnes que les syndicats ont vu. Aucune des deux équipes n'a comptabilisé plus de 15.000 manifestants par heure.
Il faut dire que la méthode syndicale exagère mécaniquement l'affluence: les compteurs considèrent en général que les rangs de manifestants comprennent entre 15 et 20 personnes. Ils extrapolent le chiffre total à partir du nombre de rangs comptabilisés en une demi-heure ou une heure, multipliés par le temps de trajet... Écueil principal: le temps des cortèges disciplinés est terminé. Les rangs sont donc loin d'être homogènes. Ils peuvent donc compter 15 manifestants... ou seulement deux!
Conclusion: il est urgent de se désintoxiquer de cette addiction aux chiffres des manifestants, qui n'ont qu'un intérêt très relatif. Ils sont bien évidemment gonflés par les syndicats, et souvent minorés par la police, surtout quand les circonstances politiques l'exigent. «Syndicats, police, tout le monde ment, explique à Mediapart Olivier Fillieule, directeur de l'institut d'études politiques et internationales de l'université de Lausanne, grand expert des manifestations (tous ses écrits sont téléchargeables sur son blog). Pour la police, c'est particulièrement frappant: pour des raisons politiques évidentes, les chiffres mesurés par les préfectures sont souvent plus faibles que ceux des policiers sur le terrain.»
Cette fois pourtant, le chiffre communiqué par la préfecture de police de Paris est en hausse par rapport aux manifestations précédentes. Une hausse significative: 26.000 personnes par rapport au 7 octobre. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'a pas été corrigé. Face à la radicalisation du mouvement, peut-être était-il de l'intérêt des pouvoirs publics de concéder aux syndicats une victoire symbolique...
La deuxième leçon, la principale, c'est que la France, qui se veut un grand pays démocratique, aurait tout intérêt de se doter enfin de méthodes plus professionnelles de comptage. Cela n'éviterait certainement pas les polémiques. Mais éviterait que le débat social ne se focalise sur cette ridicule guerre de chiffres, qui n'est que le reflet caricatural de l'état déplorable de notre démocratie sociale.
C'est bien. Médiapart dénonce précisément ce que tu incarnes : une course stupide ridicule et polémique au chiffre. L'imposture c'est toi.