Moi aussi j'ai besoin de partager un peu de ma vie.
Y a un peu plus de 2 ans, Mme ajacques et moi avons acheté notre première maison, petite et mitoyenne à quelques minutes de Caen. Un pavillon de la reconstruction, donc pas franchement bien isolé, mais avec un jardin, on allait pouvoir faire des barbecues, c'était le pied.
Evidemment, on n'a jamais jamais pensé à faire un tour dans le quartier ou même regarder qui était nos voisins (pourtant la maison était mitoyenne on vous dit). Ce fût la grosse erreur. Déjà lors de l'emménagement, je trouvais que notre voisin aimait un peu trop la techno.
On se rendit compte assez rapidement que ce n'était pas ses goûts musicaux le problème, assez éclectiques (de la techno "machina" au rap français, en passant par Rafael et Emile & Images), mais plutôt le volume sonore du machin. Et ce à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Nous sommes venus les voir 3 ou 4 fois pour leur demander de baisser, mais le monsieur (la trentaine bien imbibée) n'était pas tellement réceptif, ou alors pendant une demi-heure. Je vous épargne les engueulades par mur interposé, l'appel de la municipale à 3 heures du matin, les insultes et menaces qu'il m'envoyait juste après (il faut dire qu'il était souvent raide à 11h00 du soir) : "J'vais v'nir avec mes cousins et on va te déchirer, sale tête de mort". Il se revendiquait des manouches en nous parlant de sa famille etc ... se dont je doutais un peu.
Bon ça a l'air marrant comme ça. Ca fait un peu Julien Courbet, mais je peux vous assurer que j'en menais pas large à l'époque, et Mme ajacques non plus. Au bout de 3 mois dans la maison on déprimait à mort. On a tout essayé : le dialogue, la main courante à la gendarmerie, le rendez-vous avec le maire (une tâche) ... il fallait se rendre à l'évidence : si on voulait être tranquille, on devait se barrer de cette baraque. Mais voilà, on était à l'automne 2008, pile poil après la crise de subprimes et la descente vertigineuse des prix de l'immobilier ... en gros le premier agent immobilier qui s'est pointé dans la maison nous l'a estimée à environ 30% de moins que notre prix d'achat. Youpi. On a donc serré les dents, en essayant de passer un maximum de week-ends loin de chez nous.
Ah oui j'oubliais : la maison n'appartenait pas au couple (et leurs deux petites filles jamais couchées avant minuit) mais au grand-père de la fille, qui était alité dans une chambre, et qui se faisait engueuler quand il essayer de dire quelque chose (oui l'isolation était vraiment nase).
On a donc passé 2 ans comme ça, à prier pour qu'ils ne fassent pas de bruit quand des éventuels acheteurs visitaient la maison.
- Et ça va les voisins, ils sont sympas ?
- Oh ... euh ... oui oui.
En septembre 2009, on signe un compromis. On fête ça, on est comme des fous. En octobre on apprend que le prêt de nos acheteurs est refusé alors que la banque avait donné un accord de principe. On pleure. Une semaine après sa remise en vente, on resigne un compromis. On stresse pendant toute la semaine suivante (les fameux 7 jours où ils peuvent revenir sur leur choix) et le lundi on apprend qu'ils ont décidé de ne pas l'acheter. On pleure. En février on signe un troisième compromis, ce sera le bon.
On signe enfin la vente de notre maison en juin de cette année. Tout ce qu'on avait mis dans l'achat plus les travaux effectués partent en fumée, et on doit encore 10.000€ à la banque que l'on va rembourser tous les mois pendant 5 ans. Mais le principal est là : on va pouvoir dormir tranquillement et écouter la télé et notre musique normalement. Reste une pointe de scrupules : vendre cette maison à notre acheteuse, une femme seule avec son fils de 12 ans ...
On vient d'apprendre hier que le petit vieux est mort, et que pour des histoires de succession la maison est en vente.
Ils sont tous partis.
