Why not a écrit:
Molko a écrit:
Pour ma part, J'aurais quand même tendance à prendre avec des pincettes l'idée de conservation absolue, façon congélation qui consisterait à vouloir tout garder, à restaurer dans l'état X, en choisissant une époque plutôt qu'une autre.
En même temps il est plus facile de dégager l'identité et le charme d'une ville où la majorité des vieilles pierres sont conservées, par rapport au magnifique catalogue Bouygues et compagnie qui fleurit de la cité Gardin à D'Ornano...
Personnellement, intégrer les vielles pierres et adapter les projets architecturaux à partir de celles ci me semblent plus intéressant que la procédure inverse. "On va construire celui de la page 60 et on laissera ce vieux truc debout par contre celui ci on le rase".
Et conserver ne veut pas forcément dire ne rien faire autour (Londres, Edimbourg, certains quartiers de Paris, Berlin...)
Personnellement, (et je sais pas ce que font Babo et Molko comme djob), je suis très partagé. Et pour le coup, dans les prochains mois il se peut que dans une ville de 22 000 habitants nous devions refléchir sur ces problématiques.
J'ai une position très ambigue, et j'arrive pas à trancher:
- le patrimoine antérieur à la Reconstruction est, dans nos territoires, extrêmement rare en milieu urbain. Donc chaque intervention sur un élément bati doit être entouré du maximum de précaution, pour vérifier sa valeur patrimoniale, historique, culturelle. Parce qu'une fois que l'élément est démoli, c'est terminé. Prendre la décision de démolir est un acte engageant et définitif, donc il doit faire l'objet d'une évaluation précise pour savoir ce qu'on démolit. Et sur ce patrimoine très rare, dans un premier mouvement je dirais qu'il faut le conserver et que son importance est telle qu'il ne faut jamais détruire.
- Après se pose la question de son intégration dans le nouveau patrimoine. Comme évoqué , c'est la question des ZPPAUP, de la zone des 500m autour des batiments classés et inscrits... Mais les Architectes des Batiments de France ont considérablement évolués, et sont beaucoup plus pragmatique aujourd'hui (en général). Il est donc possible de faire des batiments très contemporains a proximité de patrimoine classé.
- Autre point, la faisabilité économique. Restaurer un batiment coute extrêmement cher. C'est un argument souvent difficilement audible, mais vaut il mieux démolir un cloitre et construire 15 logements, ou le restaurer et construire seulement 8 logements? (je ne parle pas du cas qui a lancé le débat, mais en principe). Parce que cette restauration peut mettre considérablement en péril l'équilibre de l'opération. En définitive, celle-ci peut même ne pas sortir. Hors, ces 15 logements, ils vont être construits. Ailleurs. Peut être sous une autre forme. Si ces 15 logements sont transformés en pavillons, c'est la triple peine: l'élément patrimonial est laissé à l'abandon. La ville ne recoit pas les 15 logements, et les revenus liés, et l'extension urbaine continue. Est ce qu'il vaut mieux construire ailleurs ou densifier? C'est une question qui se pose.
-Par ailleurs, se pose la question de l'adaptation. Des vieux batiments ont beaucoup de charme, mais ils ne sont pas forcément adaptés à la demande contemporaine. Donc rénover un batiment pour le transformer en logements ou en bureaux inadaptés, c'est rater une opération. Sans oublier que l'évolution des normes thermiques, acoustiques, complexifient les interventions et les usages possibles, tout en renchérissant considérablement la facture. Et si des impossiblités techniques de transformations sont avérées, le batiment peut ne pas être ouvert au public (cas des Etablissements recevant du public qui ne sont pas autorisés à ouvrir par la commission départementale d'accessibilité et de sécurité incendie, alors que le permis de construire ou la déclaration de travaux ont été validés). Donc ca peut être un échec complet. Dans ce cas, une démolition aurait pu etre plus adéquate.
Enfin, il me parait pas inutile de rappeler que cette valeur accordée aux vieilles pierres est très subjective. A titre personnel, une de mes villes préférées est Brest. Oui Brest. Pour le coup, ville où le patrimoine est assez récent. Et à mon sens le bati de la reconstruction a souvent une valeur patrimoniale équivalente à des éléments plus anciens. Mais est ce que c'est l'avis de tout le monde? Non. Enormément de gens, et notamment dans la région, critiquent les villes de la Reconstruction. Pourtant objectivement, ces batiments sont une richesse patrimoniale formidable. Ils sont relativement rares, sont la preuve indirecte de l'existence d'un évènement exceptionnel qui s'est produit dans la Région et a eu une influence sur l'histoire mondiale ( et oui, Lazarevic a signé au SMC et pas au Real!), et une démonstration d'un courant urbanistique majeur du XXème siècle qui sera surement réhabilité dans les prochaines décennies.
Bref, pas de position de principe, faut voir opération par opération, en gardant en tête qu'une fois démolie, l'histoire liée au batiment disparaitra
avec lui. maintenant, les villes européennes ont toujours fonctionné comme ca, en se renouvelant en grande partie sur elles-mêmes.