Arthur, c'est sans doute mon subconscient.
Sans blague, tu me lis Le Prestige de Christopher Priest, et tu me dis ce que tu en penses. Si ça te plaît, il y a toute une frange de la SF qui peut t'intéresser.
Beaucoup d'entre vous ont lu les Chroniques martiennes ou Farenheit 451 de Bradbury. Ceux qui ont aimé aiment la SF. Ben oui.
La trilogie berlinoise de Philip Kerr, c'est vraiment à lire. Je me suis enfilé les trois à la suite (1000 pages), et bien que ce soit monumental, Kerr met la vaseline qu'il faut pour qu'il ne reste que le plaisir. (Ah ! les métaphores érotiques en littérature...)
Son héro (?) est un bien sympathique détective privé ex-flic fort en gueule qui a un vrai problème avec les nazis. Ben oui, l'histoire commence juste avant les jeux de Berlin en 36 et la mise en place de la propagande et des lois nazies n'est pas indolore pour beaucoup d'allemands. Mais il vaut mieux la fermer, car entre la Gestapo et la SS, ça pue du gland pour les contestataires, surtout s'il n'ont rien contre les juifs, les pédés et les religieux.
Dans le deuxième, nous nous retrouvons en 38, la guerre est imminente.
Dans le dernier, c'est en 47, dans l'après-guerre que se plante le décors (plutôt à Vienne, en l'occurence).
Il y a du pourri nazi, bien sûr, et pas des moindres (Goering, Heydrich, Nebe font appel, contraints et forcés par l'indigence de la Kripo aux services de notre privé ; Himmler et Müller croisent sa route), mais il y a peu de manichéisme. Certes le système nazi est laminé, mais Kerr nous démontre à quel point il pouvait être difficile de s'insurger. Et que là-bas aussi il y avait une résistance.
Dans le troisième tome, les russkovs et les yankees (les franchouilles également !) en prennent aussi pour leur grade (mais jamais autant que les tenants de la grande allemagne qui, même à la chute du nazisme sont, apparemment, encore bien vivaces...).
Voilà pour le contexte, en gros, passionnant. Mais les intigues ne sont pas en reste. Je dirais même que dans les deux premiers tomes, on frôle la perfection du polar (le troisième, au niveau de l'intrigue étant en très léger retrait, c'est un poil plus "deus ex machina").
Je pourrais parler du ton, également, de ce récit. Beaucoup d'humour et de cynisme, les dialogues et les situations sont proprement jubilatoires. Autant le contexte est noir de chez noir et pesant, autant le charisme du perso principal allège le tout (et c'est bienvenu !). Là encore, le troisième tome se démarque, l'humour et le détachement sont moins présents, on sent l'auteur (via le narrateur) franchement dégoûté et nettement moins optimiste, nous laissant présager une suite de l'Histoire pas forcément plus reluisante (malgré la chute officielle d'Hitler).
Si les 1000 pages vous font peur, on peut trouver chaque tome séparément d'occasion (au Masque).
Lecture absolument indispensable car divertissante, réflective, enrichissante. Avis aux polardeux, passionnés d'histoire et même juste à ceux qui aiment lire.
edith : j'oubliais, il y a du cul, aussi !
Là, je me régale dans du Jack London.