Donc, comme promis (mais rapidement, y en a qu'ont un métier !) :
Joyeuses apocalypses de Jacques Spitz rassemble trois romans... apocalyptiques de l'auteur qui s'amuse à décrypter le comportement de l'humanité face à une grande menace, qui n'est souvent due qu'à ses propres excès. Tout ça avec une bonne dose d'humour, de dérision et de clins d'oeil. Ecrit pendant et juste après le 2ème guerre mondiale...
La guerre des mouches, probablement son roman le plus connu, voit se dérouler une guerre déséquilibrer entre une Humanité "intelligente" depuis un bon moment, sur le déclin, et des mouches ayant pu, après une bien plus longue histoire que ses adversaires, y accéder. Et qui en fait, finalement, meilleur usage. Scientifiquement crédible (pour ce que je peux en juger) et désopilant. Un très bon roman.
L'homme élastique est peut-être un peu moins brillant. Très caustique, il met en jeu un scientifique acariâtre qui parvient à trouver le moyen de faire varier la taille des humains. Grinçant, drôle, mais moins abouti.
Guerre mondiale n°3 : le meilleur du recueil. L'autodestruction de l'Humanité par ses dérives militaristes. C'est une extension qui eût été possible de la guerre froide. Génial !
Ses nouvelles, très courtes, se lisent très rapidement, ne sont pas cruciales, mais toujours bien trouvées.
Le style du tout est très fluide (sauf la toute première page de La guerre des mouoches : ne vous y fiez pas !), pas du tout daté. Le type est un scientifique calé, ce qui rend ses hypothèses presque crédibles.
Roger Zelazny, maintenant, avec le recueil de trois romans
Seigneurs des ténèbres.
Il met en jeu réciproquement les dieux et légendes Hindous (Seigneur des ténèbres), Egyptiens (Royaume d'ombre et de lumière) et Indiennes (L'oeil de Chat). Dans les deux premiers, ce sont des bastons de Dieux déportées dans des univers extraterrestres. Ils sont tous deux passionnants, mention spéciale à Seigneur des ténèbres, vraiment excellent.
L'oeil de chat est plus faible, bizarrement plus mystique que les deux autres, alors qu'il met en oeuvre des héros certes "habités" et terrestres. J'ai moins accroché (overdose ?).
Spitz et (les traducteurs de) Zelazny ont un point commun : c'est très bien écrit. Style direct et plus froid, mais qui touche au but, pour Spitz. Style plus élaboré et raffiné pour Zelazny.
Deux très bonnes pioches, mais il faut plus s'accrocher pour le Zelazny. Le Spitz est très accessible, même pour un lecteur de bd voir de polars (uh uh).
(En parlant de polars) Là j'attaque
Ville noire ville blanche de Richard Price. Style sec, nerveux, propos dense et intense sur un quartier de la banlieue New Yorkaise où se côtoie toutes les communautés de ce coin des States. ça n'avance pas vite, mais c'est drôlement passionnant. 200 pages avalées en très peu de temps. En même temps, c'est un bon pavé qui devrait me tenir en haleine plusieurs jours, quand même.
Conseillé par mon libraire, qui à défaut d'y connaître quoique ce soit en litt de l'imaginaire, est incollable sur les polars (et de très bon conseil, donc).
Il y a peu, je vous sommai de vous ruer sur Le Déchronologue du futur mythique Stéphane Beauverger. Manifestement, je ne suis pas le seul en en penser du bien : il vient de décrocher le
Grand Prix de l'Imaginaire qui a à son palmarès d'excellents ouvrages (La séparation de Priest, La horde de contrevent de Damasio, Le goût de l'immotalité de Dufour, Spin de Wilson...). Et en étranger : Roi du matin Reine du jour de McDonald, et en nouvelles : Le diapason des mots et des misères du grand Jérôme Noirez (ceusses qui aiment le style doivent lire Noirez !), également lus et aimés il y a peu. Y a pas à dire, L'Richos, y lit d'la qualité.
Allez, bougez vous, lisez ! C'est que du bonheur.