Edit: et je remets mon pavé parce que je me suis pas fait chier à le pondre pour que Willemot s'asseye dessus d'abord !
L'amateur d'histoire avec un grand H au sens ou FDM l'entend, j'entends(t'entends ?) n'aura pas une foule de titres à se mettre sous la dent en lisant des comics. En tout cas en parcourant des yeux ma bibliothèque perso c'est ce que je constate, le manga et la bd européènne me semble plus à même de contenter cette soif bien légitime.
Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien, chez moi par exemple j'ai trois comics traitant de la shoah dont un que j'ai acheté aujourd'hui.
Le premier c'est
Maus de Art Spiegelman paru chez Flammarion en deux tomes à couverture souple ou une intégrale à couverture dure.
C'est un comics qui ne brille certes pas par la qualité technique dementielle du coup de crayon de son auteur mais qui est un aboutissement biographique et autobiographique.
L'auteur est un juif New Yorkais né en 1948, son père est un juif polonais né en 1906.
Peu de temps avant la mort de ce dernier, Art Spiegelman entreprend de lui faire raconter son existence par des entretiens qu'il enregistre sur des cassettes. Ce projet entre le moment ou la touche record fut enclenchée et celui ou le second et dernier livre fut imprimé a pris 13 années.
Vladek Spiegelman le père de l'auteur est un vieil homme impossible à vivre, un caractère de cochon, une mauvaise foi inébranlable et une avarice défiant l'imagination. Au fil du récit on entre en détail dans l'odyssée de son existence, on le rencontre dans les années 30 en Pologne ou tout lui réussit on lit pas à pas la situation qui change pour lui, sa famille et ses amis. On constate incrédule sa capacité à s'adapter à son environnement toujours plus hostile, Vladek déploie des trésors d'intelligence, d'audace et de chance pour traverser l'enfer. Il raconte sa survie avec des détails à hauteur d'homme, les autres qui tombent, ceux qu'on protège par tous les moyens qui suffisent pas.
Art Spiegelman raconte lui ses rencontres avec son père qui se disperse, qui se plaint, qui le rend chèvre. Il raconte briévement sa mère survivante elle aussi, qu'a choisi d'en finir dans les années 60 sans laisser de lettre, témoigne de la psyché du fils de survivant et de ses doutes par rapport à la tâche énorme qui lui pèse sur les épaules.
Le deuxième comics dont je dispose sur le sujet s'intitule
Yossel écrit et dessiné par Joe Kubert un grand nom du comics qui a de la bouteille et édité par Delcourt. Kubert a même fondé une école renommée portant son nom et enseignant le métier de dessinateur de comics. Ses deux garçons Andy et Adam sont devenus eux aussi des auteurs de comics.
Yossel est une oeuvre de fiction, la famille Kubert a quitté la Pologne pour les USA en 1926, avec le petit Joe encore dans le ventre de sa mère.
Pour
Yossel Joe Kubert imagine qu'il n'en a rien été et part du principe que lui et sa famille ont traversés la guerre en restant en Pologne. Il se voit adolescent dans le ghetto de Varsovie dessinant des super héros nazis pour des SS hilares et raconte en esquisses non encrées la révolte du 19 avril 1943.
Le troisième est le récit de l'enfance d'un personnage de l'écurie Marvel, il s'agit de
X-Men Magnéto: le testament scénarisé par Greg Pak et dessiné par Carmine Di Giandoménico.
Alors evidemment ça parait quelque peu déplacé de mettre en scène un super vilain mutant au milieu de la shoah. Il faut savoir que dans l'histoire les pouvoirs liés au gène mutant de Max Eisenhardt (le nom de baptème de Magnéto) ne se sont pas encore manifesté et que par conséquent il est un ado normal parmis les hommes à des lieues de s'imaginer son futur rocambolesque.
Le récit est détaché de l'affect particulier d'un auteur (non que Greg Pak s'en foute de la shoah bien entendu mais il ne raconte pas ici sa propre histoire) et va donc élargir le champ.
L'histoire commence en 1935 juste avant les lois de Nuremberg et va se poursuivre jusqu'en septembre 1948. Le personnage de Max va connaitre toutes les étapes de la persecution et de l'impuissance. Les auteurs ont eu un grand souci d'exactitude et pas mal de détails authentiques (comme par exemple le paysan qui racontait dans Shoah de Lanzmann comment il faisait le geste de l'égorgement à destination des convois de juif stoppés momentanément devant son champ) ont été insérés. La mise en page monte en puissance pour donner quelques moments vraiment très bons, j'ai trouvé l'histoire assez juste et les inserts expliquant la chronologie des faits ne plombent en rien le récit.
A mon avis on a ici un bon comics sur le sujet qui se veut plus accessible que ses prédecesseurs car publié chez marvel, tout en couleur avec une narration plus classique et dépouillé de la patte "fait par un grand artiste maudit". Attention
Maus reste éminement supérieur c'est évident pour moi mas je suis certain que quantité de gens liront néanmoins plus facilement ce
X-Men Magnéto: Le testament que
Maus ou
Yossel qui sont d'un traitement graphique plus aride on va dire.
Bref une très bonne surprise que ce comics à 12E que je vous conseille d'offrir aux fans de super héros nuls en histoire.