tite-live a écrit:
Ouais. Ben en fait, sur le plan des idées, je suis d'accord avec toi pour déplorer la soumission du politique à l'économique (d'ailleurs il est très beau ton message, en passant).
Mais à ce moment-là, on réforme rien et on attend de faire disparaître le libéralisme (et même en lançant des révolutions partout, ça prendra du temps, il suffit de lire les post de Den Boer pour s'en convaincre)...alors que les problèmes de financement des retraites vont se poser très vite.
Je suis sans doute trop pragmatique, ou trop influençable, ou trop centriste, ou incapable de me révolter, mais à ne raisonner que par grandes théories on perd de vue l'aspect pratique. Il y a ce qui est souhaitable dans l'absolu, et ce qui est "faisable" à un moment M, dans un pays P, avec un gouvernement G.
Ça me rappelle Arlette Laguillier qui, dans un vote au parlement européen, s'opposait à une volonté expérimentation de la taxe Tobin, en disant "on est là pour supprimer le capitalisme, pas pour le corriger". Je préfère améliorer les choses en travaillant à plus de justice, plutôt que de regarder tout s'écrouler en pensant au sens de l'histoire.
Je suis globalement d'accord avec Tite-Live et le débat que tu accordes avec FDM me rappelle les discussions sans fin que je peux avoir avec mon chef du service qui partage mot pour mot les avis de monsieur de Malherbe.
Une anecdote me vient tout de suite à l'esprit. Mon supérieur me narrait l'histoire d'un de ses copains d'enfance qui avait décidé de refuser le système, parcequ'il ne mettait pas l'homme au centre de la société mais les méchants capitalistes, la consommation et tout ceci, tout celà. Mon boss semblait trouvait l'idée géniale, à la limite de l'adulation.
Je voyais déjà l'ermite vivant de l'aumone du peuple, bêchant son jardin au milieu du Larzac.
Bref, je décidais d'en savoir plus.
Cet homme a, pour vivre, monté un petit business. Il achète des voitures d'occase et les revend. Comme il est hors système, il ne déclare pas de revenus, il utilise les cartes grises de toute sa famille pour acheter et revendre les voitures, car un particulier ne peut pas vendre plus de 5 voitures par an je crois.
Quand il est malade ou passe chez le dentiste, il utilise la sécu et la mutuelle de sa femme.
Et il vit chichement.
Je me rappelle que suite à cette anecdote, on avait eu un débât assez houleux entre mon chef et moi. Je considérais que son pote était un profiteur, qu'il ne prenait que le bon côté du système qu'il rejetait dans son ensemble, un parasite en quelque sorte pour paraphraser Oligone. Mon chef arguait que c'était une question de philosophie, et que de cette manière il était honnête avec lui même en ne cautionnant pas le système.
Soit, mais dans ce cas là pourquoi accepter le système pour ce qu'il apporte de bon sans y donner une contre-partie ?
Alors oui c'est toujours facile de critiquer le système quand on a un parachute qui s'appelle bobonne, c'est toujours facile de critiquer le gouvernement quand on a un parachute qui s'appelle le statut. Et qu'est ce que ça apporte ? Une bonne troupe de raleurs, nous apitoyant sur la finalité de la société libérale et les dangers que le Monde encours, mais au final qui ne pensent qu'à leur gueule.
La preuve, pour en venir aux grêves, il faudrait qu'il y ait un corps à ces revendications. Si l'idée c'est de changer le système, qu'ils le disent ! Mais jamais on entend ça, ce qu'on entend c'est la défense des retraites avantageuses, des suppressions de poste, jamais on ne parle de la vision de la société, jamais on ne parle de l'intérêt général.