tite-live a écrit:
Republic V a écrit:
tite-live a écrit:
Tiens à propos du FN, je débarque sans doute mais je viens de comprendre que son score aux départementales sera de toute façon boosté nationalement, eu égard au fait que les Parisiens et les Lyonnais (entre autres) ne participent pas au scrutin de dimanche !
http://www.liberation.fr/politiques/2015/03/19/plus-de-2-millions-de-votants-en-moins-entre-les-europeennes-et-les-departementales_1222598Un journaliste qui oublie pas mal d'autres paramètres de ce scrutin (alors qu'il met en garde les "analystes à la petite semaine"...) :
- la non-participation des étrangers ressortissants de l'UE, contrairement aux européennes. En juin 2014, le score du FN (en % des exprimés) a sans doute été amoindri par le vote de ces étrangers moins favorables au FN que les Français.
- un taux de présence du FN légèrement inférieur à 100 %, contrairement aux européennes (où il y avait des listes FN partout). Ça fait quelques milliers ou dizaines de milliers de voix à récupérer par ailleurs, donc impact négatif sur le score du FN (en nombre de voix, du moins).
- même raisonnement pour les territoires non concernés. OK, ce ne sont pas des bastions électoraux du FN, mais il aurait pu y obtenir facilement 10 % des exprimés, donc impact négatif sur le score du FN (toujours en nombre de voix).
Européennes et départementales sont des scrutins différents, mais pour le FN c'est le 2nd qui est plus handicapant que le 1er. Aux européennes, on vote pour des listes dans le cadre de super-régions, donc c'est plus facile de politiser/nationaliser l'enjeu (et puis le Parlement européen c'est loin, ça ne sert à rien, etc). En juin 2014, il y avait les principales figures du FN, dont Marine Le Pen, comme têtes de liste, souvent face aux 2e ou 3e couteaux des autres grands partis. Aux départementales, malgré le redécoupage/agrandissement des cantons, on vote pour des individus que l'on peut croiser dans la vie de tous les jours, qui vont devoir gérer les collèges, les routes, etc. C'est propice à la localisation de l'enjeu. C'est propice aux notables locaux, au sens large, face auxquels le FN présente souvent des gens inconnus au bataillon.
Malgré tout ça, il y a de trés fortes chances pour que le FN améliore son score en % des exprimés ET en nombre de voix, par rapport aux européennes, alors que le nombre des inscrits et celui des votants diminue ou stagne. En tout cas, si l'on en croit les sondages (c'est la réserve majeure, parce que apparemment beaucoup de sondages n'ont pas été faits sérieusement).
Je crois que tu fais des erreurs : par exemple, tu sous-entends que si le FN avait fait 10% à Paris et Lyon cela aurait augmenté son score, alors que cela le réduit au contraire. Il faut bien penser que les 2,5 millions d'inscrits dans ces deux départements (75 et 69) ne sont pas comptabilisés dans les 100% d'inscrits pour dimanche ! De même, le FN n'est certes pas présent dans 100% des cantons dimanche, mais cela n'est le cas d'aucun parti je pense.
Par contre, ta remarque sur le vote des ressortissants UE aux Européennes est intéressante, je n'y avais pas pensé. De même, je suis bien d'accord pour dire que c'est un scrutin peu favorable au FN et que le score que lui prédisent les sondages est une incroyable performance. Reste qu'il faudra la nuancer d'un à deux % en raison de l'absence de deux départements très peuplés où son score est habituellement faible, surtout pour Paris.
Non, je ne fais pas d'erreurs, du moins pas celles que tu soulignes.

Je joue à la fois sur le % des exprimés
ET le nombre de voix, tandis que le journaliste ne s'intéresse qu'au % des exprimés. Et donc j'ai bien précisé que la non-participation de Paris ou de Lyon était préjudiciable au FN
en nombre de voix (aux européennes 2014, le FN avait obtenu 58 000 voix à Paris, 17 000 voix à Lyon : ce n'est pas rien non plus, il va en falloir de bonnes performances ailleurs en France pour combler "ce manque à gagner").
Bien sûr, je me focalise uniquement sur le FN, parce que c'est ce que fait surtout le journaliste. Tu as parfaitement raison de dire que les autres grands partis sont eux aussi concernés par un taux de présence inférieur à 100 % (et la non-participation de Paris, Lyon & co) : eux aussi, ils vont devoir combler un "manque à gagner".
Je me permets de critiquer l'analyse incomplète du journaliste (qui se veut plus pointue que celle des "analystes à la petite semaine"), qui suggère que le bon score à venir du FN s'expliquerait mécaniquement par l'amputation partielle du corps électoral. Alors que lundi ou mardi, avec la publication des résultats définitifs, on se rendra peut-être compte que, par rapport aux européennes 2014, avec moins d'électeurs inscrits (c'est sûr), autant d'électeurs votants/exprimés (ça dépend de l'abstention, des blancs et nuls) et moins de candidats (c'est sûr), le FN a réussi à progresser en % des exprimés
ET en nombre de voix.
Sans oublier la nature du scrutin, propice aux barons locaux, qui fait que c'est déjà "anormal" de voir le FN aussi fort.
Vu la modification du corps électoral, c'est sûr qu'il faudra manier les chiffres avec beaucoup de prudence (bon, pour les politologues, c'est simple, refus d'amalgamer les différentes élections), mais le journaliste laisse entendre qu'il y a un "bon" corps électoral (celui des européennes 2014, où le vote des étrangers a dû enlever quelques dixièmes de points au FN) et un "mauvais" corps électoral (celui des départementales 2015), alors qu'en réalité tous les deux sont différents de celui de la future présidentielle.
Comme Libération fait souvent office de "porte-parole" du PS et du gouvernement, ça sent un peu l'élément de langage à utiliser sur les plateaux TV pour remettre en cause une éventuelle progression du FN, pour crier victoire malgré la défaite (du genre : "en étant unis derrière Hollande et Valls, on peut stopper le FN, voyez les résultats de ce soir").