Serhat a écrit:
Par curiosité, quelqu'un peut-il m’énumérer les projets du Commissioner mentionné ici?
http://www.lequipe.fr/Basket/Article/Comment-adam-silver-veut-reformer-la-nba/535161Adam Silver, le nouveau patron de la NBA, entend poser son empreinte sur sa ligue. Il vient ainsi de présenter ses projets concernant les play-offs, la lottery ou encore le All-Star Game. Ses idées semblent trouver un écho favorable chez les propriétaires et les joueurs.
3 DOSSIERS CHAUDS :
En avril 2014, Adam Silver avait décidé de suspendre à vie le propriétaire des Clippers, Donald Sterling. Ses propos racistes, rendus publics par le site TMZ, avaient créé une vive polémique. En septembre, le propriétaire des Hawks, Bruce Levenson, avait à son tour admis qu'il avait tenu des propos racistes, dans des e-mails datant de 2012. Il s'était lui-même rendu à Adam Silver, et avait décidé de vendre sa franchise. Condamné pour violences conjugales, Jeffery Taylor, ailier des Charlotte Hornets, avait pour sa part été suspendu 24 matches en novembre dernier.
Quand il a succédé à David Stern, en février 2014, Adam Silver n’imaginait certainement pas vivre une première année aussi mouvementée à la tête de la NBA. Le nouveau commissaire s’est ainsi retrouvé en première ligne dans les affaires Donald Sterling, Bruce Levenson et Jeffery Taylor. Des dossiers extra-sportifs qu’il a géré avec fermeté et sang-froid, mais plutôt éloignés des parquets. Salué par les observateurs les plus pointus du fonctionnement de la Ligue et déclaré personnalité la plus influente du sport américain par le Sports Business Daily, Silver semble désormais décidé à s’attaquer à des problématiques plus structurelles. Sur ESPN, il a d’ailleurs confié il y a quelques jours que sa deuxième saison à la tête de la ligue serait celle de «l’action». Trois principales réformes sont dans son viseur : celle des play-offs, celle de la lottery et celle du All-Star Game. Trois réformes qui pourraient modifier en profondeur le basket professionnel américain.
PLAY-OFFS : METTRE FIN AU DÉSÉQUILIBRE EST-OUEST :
Quand il s’agit de proposer des idées pour rehausser l’intérêt de la NBA, Mark Cuban n’est jamais le dernier. En novembre dernier, le fantasque propriétaire des Dallas Mavericks, connu pour sa grande gueule et son goût prononcé pour les amendes, avait suggéré un «réalignement». Il proposait alors d’intégrer sa franchise, ainsi que celles de San Antonio, Houston et New Orleans, dans la conférence Est. Un transfert compensé par l’arrivée de Chicago, Indiana, Detroit et Milwaukee à l’Ouest. Taxé d’égoïsme (Dallas aurait sans doute profité d’une telle situation), Cuban avait au moins eu le mérite de présenter une solution susceptible de limiter le déséquilibre Est-Ouest. Celui qui alimente tant de conversations.
Une solution semble émerger aujourd’hui. Les six vainqueurs de divisions (Centrale, Atlantique, Sud-Est, Sud-Ouest, Pacifique, Nord-Ouest) seraient automatiquement qualifiés et rejoints par les dix autres meilleurs bilans. Si la saison devait s’arrêter le 8 février, New Orleans et Oklahoma City, 9e et 10e à l’Ouest, prendraient les places de Charlotte et Brooklyn, 7e et 8e à l’Est. L’idée, qui semble convaincre Silver, n’est pas sans détracteurs. Elle pourrait supprimer certaines rivalités régionales historiques et obligerait les franchises à des trajets en avion plus contraignants. «Si dix des seize meilleures équipes de la ligue sont issues de la conférence Ouest, elles doivent figurer en play-offs, s’est agacé Michael Wallace, qui suit le Miami Heat pour ESPN. Chaque année, deux équipes sont punies alors qu’elles sont supérieures. Silver doit régler ça. Les propriétaires devraient le réclamer.»
LOTTERY : ÉVITER LE TANKING :
Adam Silver, avocat de formation, a vite fait comprendre aux observateurs que le système de lottery était dans son collimateur. Fin octobre, il a d’ailleurs proposé aux propriétaires un premier vote pour réformer la traditionnelle cérémonie pré-Draft. Un échec. Le patron de la ligue avait besoin des trois quarts des voix (23). Il a obtenu une majorité (17 sur 30), insuffisante toutefois. Le format actuel de la lottery, qui offre au pire bilan de la ligue 25% de chances d’obtenir le premier choix de la Draft, pousserait aujourd’hui certaines franchises à perdre volontairement (tanking).
Si Silver a publiquement affirmé qu’aucune équipe «n’essayait de perdre», il a discuté, en coulisses, avec Sam Hinkie, le manager général des Sixers. Prudent dans ce dossier, le commissaire a concédé que, s’il n’était pas «nécessairement en désaccord avec le système actuel», il s’inquiétait de la «pression subie par les équipes». «Dans l’esprit des gens, jouer en-deçà de ses capacités est la façon la plus rapide et efficace de s’améliorer. C’est une vision destructrice.» L’idée d’Adam Silver est de ne faire aucune différence entre les quatre pires bilans de la saison. Son projet de réforme adopté, ces quatre équipes (New York, Minnesota, Philadelphie et les Los Angeles Lakers actuellement) auraient eu le même pourcentage de chances (12%) d’obtenir le premier choix de la Draft 2015.
«Je me fous de la façon dont il (Silver) s’en occupe. Je ne veux plus jamais voir une équipe tanker de façon aussi flagrante que Philadelphie, a pesté Ramona Shelburne, journaliste d’ESPN. C’est mauvais pour le jeu, pour les fans qui dépensent de l’argent pour assister aux matches et pour les joueurs, qui se font botter le cul chaque soir.» Le tanking est une insulte au basket, au plaisir qu’il procure et à son éthique. Mais garantit-il au moins un résultat ? L’exemple de Cleveland, qui a obtenu le premier tour en 2014 (et sélectionné Andrew Wiggins) alors qu’il n’avait qu’1,70% de chances d’y parvenir, tend à prouver le contraire. En 2008, Chicago en avait fait de même avec Derrick Rose. Finalement, seules trois équipes ayant présenté le pire bilan de la NBA ont eu cette chance depuis que le format actuel de la lottery existe (1990). La dernière : le Magic d’Orlando… en 2004.
ALL-STAR GAME : TOUT À REPENSER ?
DeMarcus Cousins ou Damian Lillard. Damian Lillard ou DeMarcus Cousins. Le meneur de Portland ou l'intérieur de Sacramento. Au moment de remplacer Kobe Bryant, blessé, dans le cinq de la conférence Ouest pour le All-Star Game, Adam Silver (c'est à lui que revenait cette décision) a longtemps hésité. Il s'est finalement rangé au choix des coaches, qui avaient plébiscité «DMC». De quoi nourrir la frustration de Lillard, pour qui Silver était l'ultime chance de prendre part au match des étoiles. «Je ne me sens pas respecté», a fustigé le meneur des Blazers, qui réalise la meilleure saison de sa carrière (21,6 points, 4,6 rebonds, 6,3 passes)*.
Douze joueurs composent aujourd'hui les rotations de chaque équipe. Adam Silver penserait sérieusement à en sélectionner davantage. Treize, voire quinze. «Choisir entre Damian et DeMarcus a été la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre depuis ma prise de fonction, a osé le patron de la ligue. Une sélection au All-Star Game a un impact direct sur les primes des joueurs.» Kyrie Irving, qui ne sera par exemple que remplaçant cette saison (devancé par John Wall), passera ainsi à côté d’un bonus évalué entre sept et dix millions de dollars. Adam Silver a toutefois émis une réserve. Intégrer plus de joueurs suppose de répartir le temps de jeu différemment. Son idée, pour ne pas faire de jaloux, serait de se rapprocher du «platoon system» de John Calipari, l’entraîneur de Kentucky (NCAA). Celui-ci partage équitablement le temps de jeu entre tous ses joueurs.
Il devra également s’occuper du mode de désignation des All-Stars, qui semble avoir fait son temps. Aujourd’hui, les fans choisissent les titulaires. Mais l’engouement suscité par leur vote est limité : Stephen Curry, le joueur le plus cité pour l’édition 2015, n’a reçu qu’1,5 million de voix. «C’est embarrassant, surtout au vu des moyens mis à disposition des gens pour voter, a insisté Mark Cuban. Il suffit de considérer le nombre de personnes qui regardent des matches pour se rendre compte du gouffre. Ce système est mort. Ni plus, ni moins.» Le All-Star Weekend a déjà subi plusieurs expérimentations depuis l’arrivée de Silver. Fait inédit, le «Rising Stars Challenge» opposera le 13 février les meilleurs jeunes américains aux étrangers. Rudy Gobert en sera.
MAIS AUSSI...
Adam Silver a rapidement imposé son style. La problématique de l’exportation et de l’internationalisation de la ligue, chère à son prédécesseur Adam Stern, ne semble pas être sa priorité sur le court terme. Il n’a néanmoins pas manqué de l’évoquer lors de son passage à Londres, pour les NBA Global Games (New York – Milwaukee). «Avoir une division ici (en Europe), c’est le sens de l’histoire, a-t-il assuré. Mais il ne serait pas réaliste de n’en implanter qu’une. Il faut que les équipes viennent jouer ici plusieurs matches, aient le temps de se reposer… Il y a encore beaucoup de travail de développement, en termes marketing, d’implantation du sport auprès des jeunes, d’investissements à réaliser, de notre part comme de nos partenaires ici. Nous regardons attentivement comment la NFL s’implante en Europe. Ils sont à mon sens en avance. Et cela se voit dans l’intérêt grandissant que les Britanniques portent au foot US. Mais installer des équipes en Europe pour la NBA poserait des problèmes différents et complexes. Eux jouent une fois par semaine, nos équipes parfois quatre fois en cinq jours. Il y a beaucoup de contraintes de calendriers, de repos des joueurs qui entrent en considération.»
L’Asie, avec la Chine et l’Inde, est un autre marché florissant. L’Afrique pourrait accueillir un All-Star Game caritatif l’été prochain. En attendant, le commissaire étudie d’autres questions, plus ou moins urgentes. La publicité sur les maillots en est une. La légalisation des paris sportifs une autre. Silver y est favorable, bien que ceux-ci soient encore interdits aux États-Unis. «L’absence de législation entretient l’existence d’un marché parallèle illégal foisonnant», a expliqué l’homme de 52 ans, qui a rencontré d’autres commissionners (NFL, MLB) dans cette optique. En 2017, un nouveau lock-out pourrait secouer la ligue. Alors qu’un montant record vient d’être atteint pour les droits TV, joueurs et propriétaires seront en mesure de renégocier l’accord sur le partage des revenus. Pour Silver, les occasions de s’affirmer et d’imposer sa vision du futur de la ligue ne manqueront pas.
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