graham a écrit:
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Le Figaro.fr
Mardi 11 novembre 2014 - 17:59 UTC +01:00
Actualité Politique
Affaire Fillon-Jouyet : le troisième homme parle
de Royer, Solenn
INTERVIEW - Antoine Gosset-Grainville assure que le déjeuner du 24 juin était à l'initiative de Jean-Pierre Jouyet.
Inspecteur des finances, aujourd'hui avocat, Antoine Gosset-Grainville a été directeur adjoint de cabinet de François Fillon à Matignon entre 2007 et 2010. Il a ensuite été le bras droit de Jean-Pierre Jouyet à la Caisse des dépôts, avant le départ de ce dernier pour l'Élysée.
LE FIGARO.- Quel est votre lien avec François Fillon et Jean-Pierre Jouyet et quel a été votre rôle dans l'organisation de ce déjeuner du 24 juin? Le secrétaire général de l'Élysée assure que c'est l'ex premier ministre qui en a pris l'initiative…
Antoine GOSSET-GRAINVILLE. - Je suis proche des deux hommes, pour avoir travaillé avec l'un et avec l'autre, en direct. J'ai une relation d'amitié avec les deux. En juin, la secrétaire de Jean-Pierre Jouyet à l'Élysée a pris contact avec la mienne, pour proposer un déjeuner à trois, François Fillon, lui et moi. J'ai soumis cette idée à François Fillon qui en a accepté le principe. Le secrétariat de Jean-Pierre Jouyet m'avait d'abord indiqué que ce déjeuner pourrait se tenir à l'Élysée. Avant de nous demander de plutôt trouver un restaurant à l'extérieur (chez Ledoyen, NDLR), ce que François Fillon préférait également.
Selon vous, pourquoi Jean-Pierre Jouyet voulait-il voir François Fillon?
Je ne sais pas. Mais comme ils ont travaillé ensemble au gouvernement, il y a entre eux un respect, une estime mutuelle.
Au cours de ce déjeuner, avez-vous parlé de Nicolas Sarkozy, de l'affaire Bygmalion ou des pénalités payées par l'UMP après l'invalidation des comptes de campagne de l'ex président?
Ce déjeuner n'avait pas d'ordre du jour. La conversation a porté d'abord sur les questions européennes, dans le contexte du renouvellement de la Commission à Bruxelles. Ils ont également évoqué la situation économique et sociale du pays. Sur le plan politique, Jean-Pierre Jouyet a évoqué la désignation de Jacques Toubon comme Défenseur des droits, dans le contexte de l'hostilité d'une partie des parlementaires PS à cette nomination.
À cette époque, l'affaire Bygmalion était au centre de l'actualité. Est-il possible que ce sujet n'ait pas été évoqué lors d'une discussion à bâtons rompus entre responsables politiques de haut niveau?
Ce déjeuner n'a pas porté sur des questions de politique nationale, encore moins sur les affaires de l'UMP. Sans que je puisse me souvenir mot à mot de la discussion d'un déjeuner qui s'est déroulé il y a cinq mois, je peux dire qu'aucun des propos tenus ne pouvait prêter à polémique. Compte tenu des fonctions de l'un et de l'autre, cela m'aurait frappé.
François Fillon a-t-il demandé à Jean-Pierre Jouyet d'accélérer certaines procédures judiciaires lancées à l'encontre de Nicolas Sarkozy, comme l'affirment les auteurs de «Sarko s'est tuer»?
À aucun moment François Fillon n'a sollicité la moindre intervention de la part de Jean-Pierre Jouyet sur un quelconque sujet politique. Je suis formel.
Pourquoi parler aujourd'hui?
Beaucoup de choses ont été dites sur cette rencontre dont les développements me troublent. En tant que témoin de ce déjeuner, il était important que j'apporte mon éclairage sur la manière dont les choses se sont passées. Par ailleurs, je trouve infamant que l'on ait pu prêter à François Fillon des propos aussi éloignés de sa conception de l'engagement politique.
Ça pue la manip à plein nez cette histoire. Quant à dire qui est à la manœuvre, je ne m'y risquerais pas.
Moi j'ai l'impression qu'un excès de vanité est monté en épingle de tous les côtés. Que Jouyet et Fillon aient parlé des comptes de campagne de Sarkozy, c'est fort probable, que Fillon demande à ce que l'Elysée intervienne, ça m'étonnerait, qu'il le fît m'étonnerait encore plus. Que pour se faire mousser Jouyet laisse à penser auprès de journalistes que Fillon lui aurait demandé une telle chose, manière de dire : "regardez le pouvoir qu'on me prête", je le crois volontier.
Au final on oublie que si Sarko n'avait pas truqué ses comptes cette affaire n'aurait pas lieu d'être.