Ouest-France
Caen peut jeter un coup de froid sur la concurrence
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Le Bien Public
Comme un air de coupe
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France Football
Palmarès 2006. Le club de L2
1. Caen. Cités : Dijon, Grenoble, Metz
Caen, l’importance d’être constant
PERSÉVÉRANCE. Battu sur la ligne pour monter en L1, le club normand a attaqué la saison avec la même ambition. Bien parti pour enfin retrouver l'élite, il rêve de s'y installer.
Voilà une récompense dans les Caennais se seraient bien passés ! non, parce qu’être distingués par France Football leur déplaît – le président Fortin a multiplié les mercis – mais parce que ce prix est réservé à un club de Ligue 2 en exercice. Caen aurait préféré devenir inéligible au lieu de regarder s'échapper Lorient vers l'élite et de rester sur le palier, encore en course pour ce prix de fin d'année.
Les Normands sortaient d'une demi-saison fastueuse, où ils avaient rattrapé presque tout le monde, et ont repris la suivante de la même manière. Cette constance dans la perfection leur offre aujourd'hui cette distinction, inattaquable sur le plan comptable, comme le démontre Anthony Deroin. « On a pris plus de quatre-vingts points cette année au total ! C'est assez exceptionnel. » Imbattable en Championnat, Caen n'a subi que quatre défaites en 2006. Une rareté.
Cette cadence de combat, certes effrayante, ne leur a pourtant fait gagner aucune guerre, remarque le milieu gauche Nicolas Florentin : « Une année, ce n’est pas important., c'est la saison qui compte. On a été bons sur deux demi-saisons. Finalement, seule la moitié du chemin est accomplie. Il n'y a rien de fait. » Les Normands ont encore les doigts endoloris par la porte de l'ascenseur, qu'ils se sont prise ces deux dernières saisons. Deux fois quatrième de suite, cela rend prudent. Même s'ils semblent avoir mieux digéré la seconde désillusion que la première, fût-elle des plus cruelles puisqu'ils ont échoué pour deux buts à la différence de buts.
Plutôt que de ruminer leur chagrin, ils se sont servis de ce dénouement (dénuement ?) comme d'un catalyseur pour plonger tête la première dans la compétition. « Cette quatrième place a été une déception, reconnaît Jean-François Fortin. Mais ç'a été moins désagréable cette fois parce que, après notre départ exécrable, on savait que ce serait mission impossible de monter. C'était inespéré de se retrouver en course pour l'accession après avoir été derniers. Notre fin de saison a été digne d'un premier de la classe. Tout le monde est resté sur cette impression, les joueurs comme les supporters et les partenaires, qui nous ont tous suivis. Du coup, cette quatrième place n'a pas laissé trop de traces. »
« ON EST PLAISANTS A VOIR JOUER »
Au guichet, ils sont toujours nombreux à se présenter les soirs de match. Avec près de 15000 spectateurs (dont 8000 abonnés), d'Ornano est le lieu le plus fréquenté de la L2. « En plus, ils se tiennent plutôt bien, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, par les temps qui courent », tient à souligner Jean-François Fortin. Pour les fidéliser, les Normands les ont tatoués au romantisme, au lyrisme de l'offensive. Depuis longtemps.
Après Patrick Remy, Franck Dumas a poursuivi au poste d'entraîneur dans le même esprit frondeur et effronté, misant tout ou presque sur le jeu. « On est portés vers l'avant, se réjouit « Titi » Deroin. Cela fait au moins trois ans qu'on joue avec le même système, toujours pour marquer des buts. » De quoi réjouir le président Fortin : « Globalement, la manière est positive. Au dire des observateurs de la Ligue 2, on est plaisants à voir jouer. Plaisants et offensifs. »
Le mérite en incombe principalement à Dumas, technicien débutant rempli de saines convictions, et à l'intelligence des Caennais, qui n'ont rien remis en cause depuis deux ans malgré les revers. A l'intersaison, plutôt que de jouer de la clé de douze dans un moteur qui a des ratés, les Normands n'ont pratiquement pas touché à la mécanique (Mazure est revenu, Zubar a été remplacé par Proment) et n'ont donc pas eu à la roder.
« MALHERBE EST SUR DES BASES SOLIDES »
Du coup, Caen pétarade sur l'autoroute de la L2, direction l'éden qu'il poursuit depuis longtemps. Son ambition n'est pas d'y arriver en crissant des pneus, mais d'y trouver une place et d'y rester garé. Car pour le moment, lors de ses rares incursions en L1, le club normand n'était qu'un club de Deuxième Division en escale avant de revenir à la maison. « Sur les dix dernières années, Caen en a passé huit en L2, reconnaît Derain. On est considérés comme une belle équipe de L2, c'est tout. On va essayer de prouver qu'on peut monter en L1 et y rester. Sur le long terme. »
Sportivement, structurellement, Malherbe semble armé pour y parvenir. Avec un joyau de stade, des structures d'élite et un centre de formation tout neuf inauguré en septembre où d'autres Gouffran, Sorbon et Grandin vont pousser, il semble « sur des bases solides », assure Fortin. « Financièrement, on n'a aucun problème, poursuit-il. Maintenant, il faut réussir là où on a échoué s'installer en L1. » Sans esbroufe, comme d'habitude. « On n'est pas un club qui fait beaucoup de bruit, pense Deroin. Caen est une ville humble, qui aime faire les choses bien sans se faire remarquer ».
Avec ce titre de meilleur club de Ligue 2, c’est raté. Sans rancune ?
Arnaud TULIPIER