graham a écrit:
troma a écrit:
Le questionnaire/sondage incriminé c'était pour les municipales.
Et tu parlais de suivre les tendances sur les élections suivantes, c'est pour ça que j'ai évoqué les européennes.
D'accord ! Merci pour la précision.
Ce n'est pas la première fois que le FN recours à ce genre de procédés pour constituer une liste. Une fois dis ça on peut se demander, d'une part, pourquoi avec 436 électeurs une liste ne trouve pas 27 candidats (alors qu'a contrario il est déjà arrivé dans une municipalité communiste que la liste communiste recueille moins de voix que son comité de soutien ne comportait de noms) et d'autre part, pourquoi il n'est pas permis à une liste incomplète de se présenter. On pourrait aussi se demander pourquoi pour un scrutin de liste la répartition des sièges ne se fait pas à la proportionnelle intégrale que ce soit pour les municipales, les régionales ou les européennes.
Ce mode de scrutin mixte, à finalité majoritaire, a été adopté en 1982 pour à la fois dégager de nettes majorités et garantir la présence des oppositions au conseil municipal. Si une liste incomplète est majoritaire, ça peut foutre un sacré bordel au conseil municipal, elle peut quand même se retrouver en infériorité numérique par rapport à des listes minoritaires ! Et pour peu que chaque petit groupe soit composé d'individus qui se haïssent...
Par contre, on pourrait s'interroger sur la pertinence des effectifs légaux : par exemple, faut-il vraiment 27 conseillers municipaux pour s'occuper d'une commune de 3 5000 à 5 000 hbts ? Quand dans le même temps, au regard de la loi, 55 conseillers municipaux suffisent à gouverner une ville de 100 000 à 150 000 hbts ?
Pour avoir rencontré plusieurs têtes de liste à Granville (13 000 hbts), c'est difficile de composer une liste (j'entends une liste qui tient un minimum la route, apte à diriger la ville si elle est élue) avec une trentaine de noms, même quand on cherche dans le vivier des partis politiques.
graham a écrit:
Simplement, le petit entrepreneur pense sait qu'il n'aura plus de marchés publics s'il figure sur une liste FN, le commerçant qu'il risque de perdre des clients, le prof qu'il va avoir des problèmes avec ses collègues, les associations de parents d''élèves voire sa hiérarchie et les élèves, le mec au chômage se dit que si il doit demander des aides ou un HLM on lui fera payer son engagement. Les gens craignent de subir des représailles de la part des élites locales s'ils se présentent sur une liste FN. Alors que le mec qui se présente sur une liste d'extrême gauche, deux fois sur trois il est fonctionnaire et sait que ça ne lui posera aucun problème. Et même s'il est dans le privé, c'est en général dans un boite d'une certaine taille où il est en général déjà permanent syndical ou délégué du personnel, et il sait qu'il n'a rien à craindre même si son directeur est de droite.
Les candidats FN expérimentent depuis 30 ans ce que, bien avant eux, les candidats républicains du XIXe siècle ou les candidats marxistes du XXe siècle ont connu en se frottant à un système politique hostile. Ce n'est pas pour rien qu'on parle "d'engagement politique", il y a toujours une part de risque. En fouillant un dossier sur les municipales de 1977, je suis tombé sur l'exemple d'un candidat d'une liste d'union de la gauche (à Avranches je crois) aussitôt viré de son entreprise à cause de son engagement politique.
Ghost of Benoit Caen a écrit:
ceux qui prônent à tout va la proportionnelle intégrale devraient se souvenir de la 4e République
La proportionnelle mise en oeuvre dans un cadre départemental, ça me parait déjà éloigné de la proportionnelle intégrale (une liste peut recueillir 10-15-20 % des voix sans obtenir d'élu). Et puis, aux législatives de 1951 et 1956, il y avait cette combine misérable des apparentements, où différentes listes associées récupéraient tous les sièges à pourvoir si, conjointement, elles avaient la majorité absolue en voix. C'est ainsi que, dans la Manche, le socialiste René Schmitt n'avait pas été réélu en 1956 alors que sa liste était arrivée en tête du scrutin !
L'instabilité gouvernementale de la IVe République résulte moins du scrutin à la proportionnelle que du système partisan défaillant : quand on exclut les communistes et les gaullistes (plus de 45 % des voix en 1951), évidemment il ne reste plus beaucoup de monde pour faire une majorité. Et après il faut éviter les nombreux désaccords entre membres de la Troisième force sur les salaires, la laïcité, l'Europe... Sans oublier la conception différente du jeu parlementaire à l'époque, où il y avait une large indépendance des élus car on se fichait pas mal des consignes de vote du parti et où chaque vote de défiance, même sur le sujet le plus insignifiant, entrainait la chute de n'importe quel gouvernement.