Quelques trucs relativement pas trop vieux et d'autres plutôt très, vieux.
Quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre, de Robin Cook ; anticipation des années 70 dans la perfide Albion ; 393p.
Cook imagine une dictature issue de ses observations de la société anglaise des 70's. Le thème est passionnant, le traitement très orienté m'a paru manquer de subtilité et d'empathie (à part la fin, réussie). J'avoue être un peu déçu, peut-être parce que j'en attendais énormément de la part de l'auteur du chef-d'oeuvre J'étais Dora Suarez. D'autres on adoré (Babélio,
Polart'noir...). On peut au moins reconnaître à Cook de ne pas avoir tapé si loin que ça de la réalité des années 80's, avec l'arrivée de Thatcher. Robin Cook m'est parfaitement sympathique dans ses prises de position politiques, mais là, j'ai trouvé que ces positions transparaissaient trop dans celles du personnage central, ce qui affaiblit le message, amha. Pas mal, mais aurait pu franchement mieux faire vu son talent (pour moi).
Les années douces, de Kawakami Hiromi ; histoire d'amour inter-générationnelle molle mais sensible au pays des cerisiers en fleur ; 283p.
Même note que pour le Robin Cook, mais c'est parce que là, je n'en attendais pas grand chose, ce n'est pas mon style de littérature, du tout. Que j''ai fait aveuglément confiance à une amie. Et que j'ai plutôt bien fait. On navigue dans une certaine société japonaise, "moyenne" je dirais, loin de la violence noire d'un Murakami Ryu, mais plus proche (sans le sel légèrement fantastique) d'un M. Haruki. C'est franchement lent, pas rock'n roll pour deux sous, et pourtant j'avoue avoir apprécié la lecture. On s'imagine bien les multiples règles et tabous de la société un tant soit peu traditionnelle au Japon. De la belle orfèvre, pour les âmes sensibles. Pour les âmes moins sensibles => Murakami Ryu.
L'hiver du commissaire Ricciardi, de Maurizio de Giovanni ; enquête dans le milieu de l'opéra au coeur de l'Italie fasciste de 1930 ; 267 p.

(

)
Polar à énigme assez classique (mais très réussi), si on y regarde de loin. C'est en faite une formidable plongée dans l'atmosphère de l'Italie du Duce et l'opéra. C'est beau, subtile et sensible ; très bien écrit et prenant (j'avais vraiment du mal à arrêter ma lecture) ; c'est une lecture à la fois abordable et intelligente. Une très belle réussite, qui est due, en partie, à la petite touche de fantastique qui forge le caractère si peu sympathique de Ricciardi, sans céder, loin s'en faut, aux ficelles du deus ex machina. Foncez ! ps : Le printemps du commissaire Ricciardi vient de sortir en poche, miam.
Bandini, de John Fante ; misère et méchancetés dans une famille d'immigrés italiens au Colorado ; 266p.
Première oeuvre de Fante et première pierre à l'édifice dédié à Arturo Bandini, petite frappe franchement pas aidée par l'atmosphère familiale : un père dur et sanguin ; une mère bigote et faible ; une grande mère atroce et des petits frères opportunistes. Le résultat est assez destructeur et très romanesque ! D'autres ici ont parlé de Fante, n'hésitez pas à rappeler vos conseils de lecture des oeuvres de cette crapule de Fante. Allez, hop ! Demande à la poussière, sur ma pile ! [et dire que Bandini est, paraît-il, un des plus faibles de la série ! J'ai hâte de lire les autres !] Ah oui, précision, pour ceux qui me fustigent avec mes "romans noirs", hé bien, vous qui avez lu Fante, sachez que c'est ce que j'appelle typiquement un roman noir (même s'il n'y a pas de meurtre), donc vous aussi pouvez aimer les romans noirs de qualité. Y a pas qu'la blanche qu'est d'la bonne.