Nos amis israëliens ont fait un véritable exploit en battant la France , une victoire morale sur un pays qui s'abime dans le cynisme et le pétainisme
Voici le compte-rendu de l'un de nos amis franco-israelien , parfois assez interessant , comme "autre regard" :
Israël - France 1 - 0
Délire ce mercredi soir au Stade municipal d’Herzlia : pour la 1ère fois de son histoire, Israël qualifie une sélection nationale - espoirs et seniors confondus - pour la phase finale d’un championnat d’Europe de football.
Celui-ci se déroulera l’an prochain aux Pays-Bas. Nos bleus et blancs y retrouveront la Serbie, la Tchéquie, le Portugal, l’Angleterre, l’Italie, la Belgique et le pays organisateur, qualifié d’office, sans jouer. Que du beau linge !
Ce qui est encore plus remarquable, c'est que notre Nivkheret Tséhira (sélection espoir) n'y sera pas dépaysée, car elle a prouvé, tout au long de la campagne qualificative, et au vu de ses performances de l'an dernier, qu'elle disposait des moyens et du cœur pour faire jeu égal avec ces Grands d'Europe.
Cadeau Bonux, les 4 meilleures formations, lors de la compétition qui se déroulera en Hollande, se verront qualifiées pour les Jeux Olympiques de Pékin. Et cela fait bien longtemps que nous n'avons pas eu de représentants à ces jeux disputant un sport d'équipes.
La qualification des moins de 21 ans prouve également que le courroux de notre correspondant contre l'UEFA, relatif aux interdictions arbitraires de disputer les rencontres internationales dans notre pays et hors de Tel-Aviv, sont plus que symboliques. Elles pénalisent effectivement notre football qui a désormais les qualités requises pour se hisser au meilleur niveau sur le Vieux Continent.
Car l'équipe de France espoirs forme effectivement une merveilleuse bande de jeunes talents. La preuve ? La quasi totalité de ses membres évolue en 1ère division dans l'Hexagone, et certains d'entre eux sont des vedettes à part entière dans ce championnat et dans les coupes européennes des clubs. La France n'a pas démérité, loin s'en faut, et elle nous a montré de très belles choses durant cette double confrontation. Le tir de Rolland Zubar dans la lucarne d'Almadon à Caen était à cet égard de toute beauté.
Et les bleuets ont mieux joué à Herzlia qu'en France, les deux fois, ils se sont montrés au niveau de leur réputation et de la renommée footballistique de leur nation. Il serait tout à fait injuste de les vouer aux gémonies des suites de leur non qualification. Il est temps qu'en France on comprenne qu'on ne peut pas toujours l'emporter, et que si l'on perd, il ne faut pas forcément jeter les bébés avec l'eau du bain.
Diarra, Berthod, Nasri, Matuidi et tout le groupe sont des footballeurs rares dont la carrière sur le Parnasse de leur sport est d'ores et déjà assurée. C'est d'ailleurs le cas de l'ensemble du onze, qui ne s'est épargné aucun effort ni aucune audace pour passer l'épaule face à Israël. Quant au gardien Steve Mandanda, nous lui prophétisons un avenir exceptionnel. Ce soir, en fin de rencontre, il a fait étalage de tout son immense talent pour sauver son équipe d'une véritable et imméritée correction.
Au chapitre des regrets, au sujet des Français, les habituels excès de franchouillardise et de morgue sans limites. Témoin ce qu'affirmait l'attaquant Jimmy Briand avant la rencontre de ce soir : "Israël est un gros bloc qui reste devant ses 18 mètres, il y a peu d'espace pour nous les attaquants". Jimmy Briand, qui craignait des provocations "pires qu'à l'aller".
Briand omettait de préciser que ce gros bloc représentait une équipe qui évoluait en infériorité numérique - après l'expulsion de Pesser pour deux cartons jaunes -, à l'extérieur et en match de barrage pour une qualification aux Championnats d'Europe. Le Rennais oubliait dans le même élan amnésique, que jusqu'à cette exclusion, soit durant les 35 premières minutes de la partie de Caen, les Israéliens avaient surpris son équipe et l'avaient sérieusement bousculée.
Le compte-rendu de l'Equipe, ce soir, est de la même veine : Israël, "comme à l'aller", d'après son journaliste, se contente de se "défendre à dix, à placer quelques semelles si nécessaire" - nous avons, pour notre part, suivi deux parties exemplaires de sportivité en dépit de la lourdeur de l'enjeu ! - à "attendre et à placer des contres dès que possible".
Dommage qu'il me faille ce soir rappeler à ces messieurs, et à ceux qui trempent leur plume et leur langue dans la même encre, qu'au printemps dernier la même formation israélienne avait dominé, sur le même stade d'Herzlia, la même formation française sur la marque de 3 buts à 2. Et je n'y avais rien vu qui ressemblât, même de très loin, à la situation qu'ils décrivent.
Qui possède comme il faut son métier de journaliste sportif sait que la répétition rapprochée de résultats ayant la même orientation illustre une relation de force qui ne doit rien au hasard. Rien de plus naturel, non plus, que de se regrouper autour de sa cage en infériorité numérique ou que de tenter de conserver un résultat qui assure une qualification importante lorsque l'on évolue devant son public.
Il n'y a pas qu'Israël pour prendre de telles dispositions défensives en semblables circonstances : toutes les équipes que je connais auraient agi de la même manière. Le reporter de l'Equipe en convient, mais du bout du bout des lèvres, lorsqu'il termine son compte-rendu en concédant, dans sa dernière phrase, que "cette élimination" n'est "finalement pas illogique".
Va pour cette tardive confession, mais il est difficile de voir comment elle se conjugue avec le reste de son papier mauvais perdant.
Ce soir, c'était aux bleuets de forcer leur destin : avec un 1 à 1 en France, il suffisait à la Nivkheret du coach Gay Lévy de conserver un score nul et vierge pour se qualifier. A l'inverse, les protégés de Girad étaient dans l'obligation de marquer pour espérer se qualifier.
On assista donc, très normalement, à un forcing des Français pour trouver le chemin des bois défendus par l'irréprochable Almadon. Ils établirent ainsi, en première période, un siège en règle des 16 mètres de nos garçons, et ce, avec une évidente virtuosité. Durant les 45 premières minutes, nous n'avons certes pas souvent dépassé la ligne médiane, mais notre arrière-garde était très à son affaire. Et la seule occasion tricolore durant cette période - une percée de Briand échouant seul face au portier remplaçant du Maccabi Haïfa - était entachée d'un hors-jeu manifeste qui a échappé au juge de touche autant qu'aux commentateurs hexagonaux.
En seconde période, la physionomie du jeu fut différente. Les visiteurs tentaient le tout pour le tout, introduisant un second attaquant (à la 54ème minute) puis, même, un troisième, dix minutes plus tard.
Mais les Israéliens parvinrent non seulement à préserver les Français à distance respectable de leur ligne de but, à force d'un très grand talent et d'une non moins grande volonté, mais ils se mirent encore à prendre l'ascendant sur leurs adversaires. Et ce sont les bleus et blancs, et non les bleuets, qui s'aménagèrent les quatre plus nettes chances de but de la seconde période et du match en entier : un coup franc au ras du poteau gauche de Steve Mandada, botté par Idan Srour et dévié par le portier au prix d'un arrêt époustouflant ; et des shoots de Tamouz et de Saar, en pleine course, seuls, les yeux dans les yeux de Mandada, que ce dernier repoussa au prix d'autres plongeons éblouissants.
Il est vrai qu'en face, les avants bleus cherchaient encore la faille et qu'ils avaient dû, pour ce faire, clairsemer leur arrière-garde. Leur unique occasion, en seconde période, fut le résultat d'un tir violent d'Elwin Ebondo qui échoua sur le poteau extérieur d'Almadon, à la 84ème minute.
Alors qu'on jouait le temps supplémentaire, Toto Tamouz, un peu à l'instar de ce qu'il avait fait samedi à Moscou avec les seniors, envoya un bolide au gardien des bleuets, que ce dernier ne pouvait que repousser dans les pieds d'Amir Taga qui passait par là. Taga, un Falacha, avait remplacé l'excellent Srour quatre minutes plus tôt. Ce but conclut dans l'euphorie la victoire d'Israël sur l'agrégat des deux rencontres. Un succès non seulement logique, mais de plus mérité, car le groupe très "famille" que Gay Lévy a su constituer ne compte pas moins de talents que celui de son vis-à-vis René Girard. A l'image de ce que j'avance, la vélocité, la technique et l'intelligence de jeu de Ben Saar - un joueur élevé à Hapoël Tel-Aviv et qui évolue maintenant à Chelsea - sont époustouflantes, surtout pour un footballeur de... 17 ans !
Derrière, Dekel Keinan, qui fait partie du onze de base du champion Maccabi Haïfa, s'est montré impérial. Et Toto Tamouz est un vrai avant-centre, puissant et toujours menaçant.
Une grille de référence pour juger de la performance de nos jeunes ?
- Le prix des joueurs de l'équipe de France espoirs est évalué à 30 millions d'Euros. Ce n'est pas seulement trente fois plus que son adversaire de ce soir, c'est également largement plus que le prix de notre formation fanion ! D'ailleurs, je me demande honnêtement si le gang de Lévy ne surpasse pas, qualitativement, déjà celui de Kashtan. Le simple fait que l'on puisse se poser sérieusement cette interrogation et faire ces comparaisons montre que l'avenir de notre football est assuré.
A nous de profiter de les regarder évoluer ici, car un ami espagnol, agent de joueurs pros, qui regardait la rencontre avec moi à Métula, m'a assuré que les clubs européens allaient "s'arracher tous ces jeunes footballeurs dans les semaines à venir".
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