Pour les amateurs de documentaire, j'ai commencé à en regarder un plutôt singulier.
C'est donc un documentaire chinois fleuve au sujet d'une zone industrielle gigantesque en plein délabrement, ça s'appelle
A l'ouest des rails.
La zone industrielle a été construite originellement par les Japonais avant la guerre pour approvisionner l'armée en armement, après la guerre les communistes l'ont investie et ça a employé jusqu'à 1 million de personnes dans plus de 100 usines dans les années 80 mais dès la décennie suivante les installation devenues obsolètes se mettent à perdre de la thune à foison.
Le documentaire est filmé entre 1999 et 2001, une période ou déjà une grande partie des usines de la zone ont foutu la clé sous la porte et ou celles encore en fonctionnement sont en état de décomposition plus qu'avancé.
C'est la fin du monde industriel communiste, les derniers instants de la Chine de Mao devenue toute rouillée, inefficace, essoufflée, à genoux et déjà morte qui va laisser définitivement place à la Chine voulue par Deng Xiaoping .
Les infrastructures sont sorties d'un cauchemar à la Tchernobyl et les ouvriers évoluent hagards au milieu de ce gros tas de merde surendetté en quasi chômage technique, ils discutent, bouffent, prennent des pauses, bossent, évoquent fatalistes leur vies et leurs incertitudes quand à l'avenir, prennent des douches, jouent aux échecs, zonent, se tournent les pouces, crachent par terre, se vident le pif et se bourrent la gueule.
Le réalisateur se ballade muni d'une caméra DV au milieu de tout ça sans poser de commentaire c'est rien que de la captation avec quelques explications textuelles pour contextualiser un minimum.
Ces années étaient le moment ou jamais de documenter l'endroit, on a l'impression d'assister à un truc tragique mais en même temps visuellement c'est super beau, les instants captés témoignent d'une période qui va à toute vitesse vers sa fin, qui part en poussière sous nos yeux. Ça donne un truc poétique mais qui se confronte au réel bien cru, au présent qui s'étire parce qu'on ne peut pas imaginer la suite
Le réalisateur s'appelle Wang Bing et son film se décompose en 4 parties, les deux premières parties durent 2 heures chacune et sont intitulées
Rouille 1 et
Rouille 2. Elles s'intéressent à 3 hauts fourneaux décatis sur le point d'être fermés, la 3ème partie intitulée
Vestiges va filmer les logements ouvriers et la vie quotidienne des familles, la dernière partie intitulée
Rails s'articule autour de l'activité ferroviaire de la zone industrielle ça fait péter les travelling à bord du train au milieu des monuments d'acier et de béton.
Les 4 parties bout à bout durent 9 heures, mais ça peut très bien se regarder en 4 fois du coup. C'est une sacré expérience à vivre je trouve.
Si ça vous intéresse
vous pouvez le trouver sur torrent 411.

Il y a aussi un film de fiction à propos de la Chine des gros bouseux qui m'a marqué récemment c'est
People Mountain People SeaC'est sans concession aucune, glauque à souhait et pas ce qu'on peut appeler divertissant mais c'te vision du pays, c'est dark de chez dark.
Un truc à voir.
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« Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов
This is such a mind fuck.