ça doit être intéressant, mais peut-être un peu chiant à lire, non ?
Sélection de mes lectures récentes.
Souvenez-vous de moi, de Richard Price(excellent auteur injustement méconnu) ; roman noir sociologique dans Manhattan, réaliste, fièvreux, brutal, subtil ; 390 p.

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Thème :
"En attendant de devenir célèbre, Eric Cash gère un restaurant dans le Lower East Side de Manhattan, un quartier à double visage avec ses lofts pour bobos et ses vieux immeubles où cohabitent dealers et immigrés. Deux mondes qui entrent en collision quand Eric et un de ses barmans se font braquer un soir de bringue... Bouleversé par le meurtre de son collègue, incohérent, Cash devient vite le suspect n° 1 pour l'inspecteur Matty Clark. Mais les preuves tardent à venir, les témoins se contredisent et l'enquête s'embourbe... Dans la jungle urbaine de New York, où se défient proies et prédateurs, le rêve américain a des allures de mauvais film, sous la lumière crue et aveuglante de Richard Price."
Roman brillant de Price qui, après mes lectures de Ville noire ville blanche et Frères de sang, me subjugue de plus en plus. Religions, drogue et trafics, jeunesse désoeuvrée, racisme, flics à la limite, petites et grandes lâchetés, grandeur d'âme cachée sous une épaisse couche de misère sociale... Price fait passer beaucoup de chose dans ses romans sous le spectre de son écriture sèche et comportementaliste. C'est passionnant pour ceux qui adulent le côté très réaliste et empathique de The Wire par exemple (en parlant de ça, je me suis acheté un autre bouquin de Price, Clockers, qui aurait, selon le 4ème de couverture, inspiré The Wire...). Je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce bouquin, comme sur Ville noire Ville blanche, par exemple.
La peau froide, d'Albert Sanchez Pinol ; petite friandise fantastico-philosophico-érotique (un peu) ; 259 p.
Thème :
"Sur un îlot perdu de l'Atlantique sud, deux hommes barricadés dans un phare repoussent les assauts de créatures à la peau froide. Ils sont frères par la seule force de la mitraille, tant l'extravagante culture humaniste de l'un le dispute au pragmatisme obtus de l'autre. Mais une sirène aux yeux d'opale ébranle leur solidarité belliqueuse. Comme les grands romanciers du XIXe siècle dont il est nourri, l'auteur de La Peau froide mêle aventure, suspense et fantastique pour éclairer les contradictions humaines. Opposant civilisation et barbarie, raison et passion, lumière et obscurité, ce roman rappelle que, depuis la nuit des temps, c'est la peur de l'autre-plutôt que l'autre lui-même-qui constitue la plus dangereuse des menaces, le plus monstrueux des ennemis."
Roman étrange (ou il y a une fille... étrange d'ailleurs) de l'excellent auteur catalan de Pandore au Congo, dans lequel l'isolement amène à la folie (psychose, paranoïa) et à la barbarie contre ceux qu'on considère comme inférieurs. Jusqu'à ne plus p(v)ouloir en sortir. une très bonne lecture dans laquelle il faut lâcher ses craintes du ridicule pour se laisser entraîner dans la fable. C'est très beau et fin. Jolie couverture, non ?
Kentucky straight, de Chris Offutt ; recueil de nouvelles noires au coeur de la misère intellectuelle du Kentucky et de ses beautés ; 230 p.
Thème :
"Le Kentucky Straight est un bourbon pur. Kentucky Straight est un peu le Kentucky vu et raconté sans le vernis de la nostalgie. Ces nouvelles attachantes, souvent délirantes, entraînent le lecteur à travers une région qui ne figure, au sens propre autant que littéraire, sur aucune carte. Elles se passent dans une petite communauté anonyme des Appalaches, trop petite pour être qualifiée de ville, un endroit où réclamer une éducation scolaire est la marque d'une arrogance impie et chercher de l'eau avec une baguette de coudrier, une occupation normale et légitime ; où chasser n'est pas un sport mais un moyen de survie. Ce sont des histoires de mineurs et de sorciers, de joueurs et de cultivateurs de marijuana, des contes tragiques et étranges si enracinés dans le réel que, en les lisant, nous sentons presque la terre où ils se déroulent trembler sous nos pieds.Avec une sécheresse qui étonne, Chris Offutt trace un portrait sans concession de la vie montagnarde et donne là un livre très étonnant sur une région d'Amérique décrite souvent par Cormac McCarthy. Et c'est vrai que, la violence lyrique en moins, il y a du McCarthy dans cette description d'un monde dénué de tout, y compris du sentiment de son attachement à la nation américaine."
De biens belles histoires profondément humaines dans ce très beau recueil au plus près du cerveau des pauvres hères de ce coin reculé des Appalaches. On s'y croirait. Mais on préfère le lire qu'y vivre, par contre. Excellent.