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"Président, président..."
Il est 23 heures, le vestiaire marseillais rayonne de bonheur après une victoire nette au Parc. Les joueurs, tels de grands gamins jubilant après un triomphe à la récré, se regroupent autour de leur capitaine, Habib Beye. Chaussettes baissées et bouteilles d’eau en mains, ils s’apprêtent manifestement à pousser le cri de guerre, et à s’asperger copieusement. Le caméraman se retourne et saisit Pape Diouf, dans l’embrasure de la porte. Beye le prend par la manche, Diouf recule pudiquement et fait un timide hochement de tête, sans doute pour signifier que non, non, la victoire appartient aux joueurs, qu’ils la célèbrent entre eux et que la gloire leur en revienne. Entraîné par trois joueurs, il pénètre finalement dans le vestiaire avec un rictus bizarrement coincé, quand les Olympiens font entendre d’une seule voix ce vibrant hommage: "Président, président, président..."
Ils veulent négocier la prime de match, unique enjeu de cette effusion faussement improvisée. Tandis que la caméra tourne, quelques gestes, quelques interpellations au second plan, ne laissent guère de doute sur la présence contrainte de Pape Diouf au milieu des torses nus de ses joueurs. La négociation commence à mi-voix. On a piqué le micro de Paganelli. Les commentateurs font diversion, insistent sur la jovialité bon enfant d’un groupe soudé dans la victoire. Le décryptage, c’est sur le terrain, pas dans les vestiaires.
Le principe d’octroi d’une prime de match n’a, en soi, rien de choquant. Il a toujours existé, dans nombre de disciplines, et après tout, s’il procure un supplément d’âme et récompense un travail bien fait – ce qui fut le cas dimanche soir – il n’est guère discutable. Le Parisien avait d’ailleurs indiqué que la prime de chaque joueur du PSG, en cas de victoire, serait de 8.000 euros – contre 3.000 euros habituellement. En revanche, voir Beye et consorts quémander leurs pourliches en beuglant face caméra a rappelé l’essence du football professionnel à ceux qui l’auraient oublié durant les quatre-vingt-dix minutes d’un joli spectacle. Ces démonstration télévisées aussi pathétiques que fréquentes ont quelque chose de nauséeux, comme un digestif frelaté après un gueuleton de mariage.
Raaaaah
