Le centre d'entraînement, ce serpent de mer...SM Caen. Contrairement à beaucoup de clubs, Malherbe ne dispose pas d'une structure pro dédiée, et chaque hiver les difficultés de préparation reviennent. Mais un tel investissement semble impossible aujourd'hui.
Attention aux raccourcis simplistes, du genre blessures =la faute des terrains. Cela dit, affaibli par une série de pépins articulaires depuis un mois, y compris chez de nombreux jeunes du centre de formation, Caen paye en partie l'état dégradé des surfaces de Venoix sur lesquelles toutes les équipes du club s'entraînent quotidiennement à tour de rôle. Pour le groupe pro, l'exil sur synthétique, aujourd'hui définitivement abandonné, n'a fait qu'empirer les choses.
Chaque hiver, quand la météo fait des siennes, le débat autour de l'absence d'un centre d'entraînement « privatisé » refait surface. « C'est un équipement de plus en plus indispensable si on veut franchir des paliers, donc il faudra bien trouver une formule le plus vite possible, reconnaît le président Jean-François Fortin. En hiver, nos terrains d'entraînement ne sont pas à la hauteur de ce qu'on pourrait espérer. Cela ne peut pas durer éternellement. Mais pour l'heure, il faut garder les pieds sur terre : le SMC n'a pas les moyens de faire face à un tel investissement. »
Dans un contexte économique de crise, trouver « 10 à 15 millions d'€ » en fonds privés pour le construire est impossible, à court terme. En France, la majorité des clubs de L1 et ceux d'un standing minimum en L2 l'ont fait. Ils ont aussi embauché plusieurs jardiniers spécialisés, comme en Angleterre, ce qui n'est pas le cas à Caen où la Ville, propriétaire des installations de Venoix, détache logiquement ses employés. « Les jardiniers sont très concernés par ce problème, ils ne le prennent pas à la légère, mais à l'impossible nul n'est tenu », admet Fortin.
La pelouse de d'Ornano en exemple
Reste qu'aujourd'hui, beaucoup de ces clubs payent en partie le prix de ces investissements, plombés par de gros déficits comme Lens, Le Havre, Auxerre ou Le Mans. Fortin, prudent gestionnaire, le sait. Un temps mis à l'étude, le projet sur l'ancien site militaire de Bretteville-sur-Odon a été déclaré non viable. Et puis tant que le club ne sera pas durablement installé en L1, il semble compliqué de bouger...
Alors, que faire à court terme? « Il y a une réflexion du club, des discussions avec la municipalité, mais s'il y a changement, cela va prendre du temps, remarque le coach Patrice Garande. Si on reste à Venoix, il faut refaire les terrains, parce que c'est leur structure qui fait que c'est trop mou ou trop gras : il faudrait une structure identique à celle de d'Ornano, où là on pourrait s'entraîner toute la semaine... Je ne doute pas de la bonne volonté des gens, on s'assoiera autour d'une table, mais tout cela a un coût, et il y a la perspective des Jeux équestres mondiaux aussi... »
En août 2014, Malherbe devra effectivement déménager. Provisoirement, en attendant que les terrains de Venoix soient refaits après le passage des chevaux, ou définitivement? « Il y a une organisation à monter, en vue de la saison prochaine déjà, trouver des terrains dans l'agglomération, dit Fortin. Ce n'est pas simple au niveau de la logistique. En attendant qu'un projet se dégage, on sera obligé de passer par cette solution intermédiaire. »
Carpiquet, la Maladrerie, Cormelles-le-Royal, où le Caen de Franck Dumas s'était un temps délocalisé la saison passée, sont évoqués.
Guillaume LAINÉ.