En plus du roman d'Ernesto Mallo, j'avais oublié de vous causer d'un formidable roman SF que certains amateurs du genre ici présents doivent absolument se procurer.
Or donc :
La fille automate, de
Paolo Bacigalupi ; roman d'anticipation US se déroulant en Thaïlande dans un monde selon Monsanto, mais sans Total ; 595 p.
Thème :
"La sublime Emiko n'est pas humaine. C'est une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices décadents d'un homme d'affaires de Kyoto. Êtres sans âme pour certains, démons pour d'autres, les automates sont esclaves, soldats ou jouets pour les plus riches, en ce XXIe siècle d'après le grand krach énergétique, alors que les effets secondaires des pestes génétiquement modifiées ravagent la Terre et que les producteurs de calories dirigent le monde. Qu'arrive-t-il quand l'énergie devient monnaie ? Quand le bioterrorisme est outil de profit ? Et que les dérives génétiques font basculer le monde dans une révolution posthumaine ?"
Monsanto est parvenu a ses fins, donc. Et le pouvoir des bio-généticien a supplanté celui des pétroliers, désoeuvré après l'effondrement des ressources fossiles. L'énergie est une denrée rare à n'utiliser que parcimonieusement. Dans ce cadre mondiale, et un peu comme tout au long de son Histoire, la Thaïlande s'est démerdée pour ne pas se faire coloniser par les multinationales bio-généticiennes qui, partout ailleurs, on installé des pantins aux manettes politiques et maintiennent la vie des populations sous perfusion de leurs produits résistants aux diverses fléaux soudainement (bizarre...) apparus partout sur Terre. La Thaïlande est devenu le berceau de la résistance bio-terroriste à ces multinationales.
Dans ce roman, certes prospectif, mais typé "aventure", les personnages du plus miséreux au plus proches du pouvoir, ce dépatouillent pour tirer leur épingle du jeu, avec des idéaux plus ou moins admirables (plutôt moins) mais toujours relativement individualistes.
Ce roman est formidable de par ses idées géniales, son fond qui ne cède jamais aux facilités idéologiques promptes à fustiger les puissants et où les tenants
a priori du bien commun sont toujours prompts à se draper dans un lit de gloriole, et où les automates cherchent leur paradis.
C'est un roman difficilement égalable, même s'il y a bien quelques faiblesses scénaristiques (très rares) qui n'enlèvent rien son statu de meilleur livre de SF que j'ai lu depuis un bon bout de temps (bon, ouais, okay, j'en lit vachement moins maintenant ; mais c'est que du bon). Et là, hop! les amateurs de SF, assaillez vos libraires préférés !
Un voyou argentin, d'
Ernesto Mallo ; roman noir un peu polar juste après la chute de la dictature argentine ; 240 p.

(

)
Thème :
"Perro Lascano n’est pas mort. Il se remet peu à peu de ses blessures. Il a perdu sa maison, son travail et surtout Eva. La guerre est déclarée entre les différents services de police qui tentent de prendre la main sur le trafic de drogue qui faisait la fortune des militaires.
Lascano est recruté comme enquêteur privé pour mettre la main sur « Topo » Miranda, truand de la vieille école suspecté d’avoir volé l’argent sale d’une banque. Fuyant les flics pourris de son pays, Perro Lascano retrouve sa vieille connaissance le major Giribaldi pour qui le vent a tourné. Son voyage le mènera près d’Eva, mais il comprendra qu’il doit la laisser refaire sa vie. Et tel un chien errant, reprendra la route…"
Excellent roman noir qui fait suite au formidable
L'aiguille dans la botte de foin du même auteur. Idéalement, il vaut mieux l'avoir lu avant, d'ailleurs. Ici on retrouve le même flic incorruptible "par lâcheté", comme il dit, quelques excellentes crapules, un contexte de l'arrivée de la démocratie après le bain de sang d'une dictature qui a laissé beaucoup de trace, notamment dans les rangs de la police, des banques, de la politique et autre tenants corrompus du pouvoir. C'est passionnant, les personnages sont très réussis... mais le roman souffre de deux faiblesses. La première est lié au nombre de personnages de l'histoire, vraiment très important, et l'auteur s'amuse en plus à les désigner alternativement par leur nom ou leur prénom... Il faut donc être assez concentré, ou alors accepter de se laisser porter par les talents de conteur de l'auteur, quitte à ne pas immédiatement savoir de qui on parle au moment où on lit, et raccrocher les wagons plus tard. La seconde faiblesse tient en la longueur du roman qui se repose du coup sur une intrigue un peu courte également. Mais comme l'intérêt n'est pas seulement dans l'intrigue, ça n'est pas rédhibitoire. Au final, un excellent moment de lecture qui aurait mérité un peu de simplification dans la présentation des contextes et une petite couche d'épaisseur supplémentaire pour l'intrigue. J'ai comme l'impression qu'on retrouvera d'autres aventure de Lascano Perro. Une belle série qui commence.
Là, je suis en route pour Les marécages avec Joe Lansdale.