SM Caen : Nicolas Seube, confessions d'un ex-capitaine
Ligue 2. Lens - Caen, lundi (20 h 30). Le milieu emblématique du SMC, 33 ans et 12e saison à Malherbe, s'est longuement confié avant le déplacement dans le Nord. État de forme, statut, contrat, avenir... Il n'a éludé aucune question.
Entretien
Vous sortez de deux bons matches contre Arles et Le Havre, de retour à votre meilleur niveau ?
Je me sens bien, physiquement tout est OK. Je prends du plaisir dans cette équipe où il y a un bon collectif et des joueurs qui ont envie de montrer des choses. Le début de saison a été un peu difficile, il y a eu beaucoup de changements, des départs de joueurs avec qui j'étais très lié. Cela a pris un peu de temps pour s'adapter, mais une fois le deuil fait, on s'est remis dedans. J'ai eu une discussion avec Patrice qui m'a expliqué ce qu'il attendait de moi, aujourd'hui ça se passe bien.
Quelles sont ces attentes ?
Il m'a dit que je faisais partie des deux ou trois cadres qui ont l'expérience, qu'il avait besoin en plus de son recrutement de s'appuyer sur des joueurs importants pour le club.
Comment ressentez-vous la perte du capitanat ?
Patrice avait besoin de changement, le club aussi. Cela faisait 7 ans que j'avais le brassard, et il faut aussi penser à l'avenir. Je l'ai très bien compris puisque ça a été fait dès le premier jour de la reprise. Il m'a dit que cela allait peut-être m'enlever un poids, pour être plus performant.
Cela peut paraître paradoxal, non ?
Oui, mais quand on est usé par tout ce qui se passe dans et autour du club, cela permet aussi d'axer son travail sur soi-même plutôt que de penser à tout. Au bout d'un moment, je me suis peut-être trop dispersé. Avec Jérémy (Sorbon), c'est plus un passage de témoin qu'une rupture franche.
De l'extérieur, vous paraissez plus discret, en retrait...
Parce que je suis aujourd'hui dans un autre rôle. Tout ce qui est gestion des paramètres extérieurs à l'équipe, je ne m'en occupe plus. Mais cela ne m'empêche pas d'être très impliqué dans ce que je fais et ce que je peux apporter aux nouveaux ou aux jeunes !
L'arrivée d'Agouazi, très présent dans le leadership, change aussi des choses ?
On s'entend très bien, on a deux profils très différents mais complémentaires, et cela fonctionne. Il apporte une certaine maturité, une maîtrise technique. Comme Patrice compte beaucoup sur lui, il s'investit aussi énormément.
Au printemps, vous évoquiez la possibilité qu'avec le temps et la mise en place d'un nouveau projet, vous seriez amené à jouer moins...
C'est dans la logique des choses ! On verra aussi comment le club évoluera, s'il remonte dès la saison prochaine en L1, peut-être que je deviendrais plus doublure, je ne sais pas... Je suis un compétiteur, toujours dans la phase où je joue et où le but est d'être à chaque fois le meilleur possible.
12 ans au Stade Malherbe, c'est une sacrée preuve de longévité, mais comment toujours garder la fibre, ne pas être lassé ?
Aujourd'hui, je retrouve quand même un certain allant, une envie que j'avais peut-être perdue à un moment. Après, pour ce qui est des ressources à trouver, quand je vois la galère dans laquelle certains joueurs sont, ça suffit pour relativiser et apprécier sa situation. On n'est pas des tricheurs. On a été dans ce qu'on pouvait faire à chaque fois, si ce n'est contre Niort et Guingamp.
La fin de saison dernière a été particulièrement éprouvante ?
C'est un énième échec, et pour moi c'était le 3e. Celui-ci a été le plus difficile parce qu'on a eu un sentiment d'impuissance. Avec le recul, on se dit qu'on a quand même fait beaucoup d'erreurs et qu'on aurait pu se sauver bien tranquillement.
Vous avez prolongé de 3 ans en mai, mais vous n'en avez jamais parlé...
Parce qu'avec Jean-François (Fortin), il était convenu que je n'annonce rien, il ne souhaitait pas que ça sorte à ce moment-là. Maintenant, cela avait été préparé depuis le maintien de la saison d'avant, ça n'est pas arrivé comme ça du jour au lendemain. Si cela avait été annoncé avant, ça aurait été différent : ça l'a été juste au moment d'une descente, c'est sûr que dans le timing...
Vis-à-vis de vos coéquipiers, surtout ?
Greg (Proment) et Titi (Deroin) le savaient : Greg aurait pu resigner, cela ne s'est pas joué à grand-chose, et rien que pour ces hommes-là je me dois de faire le maximum, parce qu'ils auraient mérité autant que moi de rester dans ce club. Aujourd'hui, forcément, j'ai un peu plus de pression pour être performant, parce que les gens peuvent se dire : « pourquoi lui et pas les autres ? » Maintenant, l'entraîneur a les clés et s'il me fait jouer, ce n'est pas juste pour me faire plaisir !
Votre contrat, c'est 3 ans comme joueur uniquement ?
Oui. Après, tout dépendra comment les choses vont évoluer, on pourra toujours se revoir. J'espère toujours pouvoir devenir à terme éducateur dans ce club, après il y a des gens en place et il faudra sûrement voir ce que je suis à même de pouvoir faire, si j'en ai ou pas les capacités.
Craignez-vous la fameuse « année de trop » ?
Quoiqu'il arrive, il y a des gens satisfaits, d'autres moins, et des années plus tard certains peuvent même se dire que finalement, ce n'était pas si mal. J'ai vu Titi se faire siffler ici et aujourd'hui des gens lui tapent dans le dos... Ce sont les aléas, moi je sais ce que j'ai fait. De toute façon, tout dépend toujours des résultats du club : s'ils sont bons, on ne se posera pas la question de savoir si Seube a fait l'année de trop ou pas !
À Lens, c'est l'occasion d'enchaîner...
Oui, on est dans une phase où il faut vraiment creuser l'écart. C'est tellement serré en haut que faire une série nous permettrait d'avoir quelques jokers sur les poursuivants. Et on va bientôt jouer les gros, on va voir ce qu'on est capable de faire.
Recueilli par
Guillaume LAINÉ.
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