Arthur a écrit:
Revenir à un régime parlementaire, voire à un régime d'assemblée, ce serait assez curieux à mon sens, sauf à oublier complètement comment se déroulait la vie politique sous la IIIe et la IVe République.
La Ve est un subtil mélange entre régime parlementaire et régime présidentiel. Le dosage est loin d'être évident. Le quinquennat et la manière de diriger de Sarkozy ont fait pencher la balance vers un régime plus présidentiel. Tout comme l'inversion du calendrier entre les deux élections, soutenue par Jospin qui n'était pourtant pas un partisan d'une présidentialisation du régime.
A mon avis nous nous trouvons toujours dans un régime parlementaire avec un chef de l'État prédominant, comme depuis le début de la Ve République. J'écoutais récemment un épisode de la marche de l'Histoire sur les trois cohabitations que je n'ai malheureusement (ou heureusement) pas vécues et durant ces périodes, c'est bien le Premier Ministre qui a déterminé et conduit la politique de la Nation, comme c'est prévu à l'article 20 de la Constitution. Si dimanche l'UMP remportait la majorité, comme l'a dit Bigdudu, c'est Copé qui serait Premier Ministre et qui gouvernerait le pays. Le seul domaine dans lequel le Président a son mot à dire en cas de cohabitation c'est la politique étrangère, mais il y a souvent consensus sur ce sujet-là. Sinon, le Président n'a que peu de moyens d'action (le refus, ou l'absence de promulgation des lois pourrait en être un, comme Mitterrand l'a fait en refusant deux fois de signer des ordonnances, mais ce serait vu comme un "manquement manifestement incompatible avec l'exercice de ses fonctions" comme c'est joliment dit depuis 2008).
Et les cinq ans qui viennent de s'écouler n'ont je ne crois pas accentué la présidentialisation du régime (qui dans les textes et au fur et à mesure des révisions constitutionnelles s'affaiblit très lentement, par exemple avec l'approbation nécessaire du Parlement pour nommer une personne à une haute fonction publique, depuis 2008 également). Sur la forme, c'est certain que le bling-bling aura fait parler de lui. Mais sur le fond la personnalité du Premier Ministre joue un rôle très important, et si Fillon n'a strictement jamais élevé la voix, d'autres Premier Ministre ont eu plus d'influence sur les décisions prises (Barre, Chaban-Delmas…). Et au fond, même si le Président préside le Conseil des Ministres, il a besoin de l'approbation de son Premier Ministre pour signer quelque texte que ce soit.