Du barbare-rigolo X 2 et du Penecanos-en-mieux.
Deadwood, de Pete Dexter ; western XIXème décrivant les fondements (de cuve) de la société américaine moderne ; 600p.
Le livre ayant inspiré la série éponyme. Où l'on suit l'arrivée, l'installation et la fin d'un couple de voyageurs, l'un légendaire et redouté, l'autre spécialiste des business foireux. Ou comment démontrer qu'une légende, dans ce pays, ne se fonde parfois pas sur la réalité. Mais où la notoriété ouvres moult portes sans avoir à les forcer, et souvent sans le vouloir. Deadwood est un bled où la folie guette chaque humain, même (surtout) les plus respectables, où l'assassinat est nettement moins grave que l'adultère (d'une femme, bien sûr) ou le vol à l'étalage pour bouffer. Bref, une vision exacerbée (si peu) de la société américaine telle que certains peuvent la vivre au quotidien aujourd'hui, avec une justice américaine, surtout quand des aspects raciaux s'en mêlent. Il y a beaucoup d'humour, du burleque et de l'excès. Il y a aussi une galerie de personnages avoureux, telle Wild Bill, Charley (le narrateur), Calamity Jane, Boone May, les putes, entremetteurs, prédicateurs et autres notables. Une tranche de vie qui semble très réaliste (du type The wire version western).
Peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais une oeuvre majeur. Je relirai Pete Dexter. Très vite, sans doute.
(lire le commentaire sous Amazon de Gilles Dumay qui, par ailleurs, est l'éditeur de Lunes d'encre une collection de Gallimard : son commentaire est totalement en phase avec mon ressenti).
L'escadron guillotine, de Guillermo Arriaga(ce nom va parler aux cinéphiles : babel, 3 enterrements, 21 grammes...) ; révolution mexicaine, version caustique et sarcastique ; 170 pages.
Un notable de Mexico, issu d'une famille riche et fort d'un diplôme de notaire, et dont la passion est l'invention de machines inutiles, va proposer à Pancho Villa, leader de la Révolution mexicaine, sa dernière "trouvaille" : une guillotine. Certes, mais plus efficace que son aînée française. Démontrant avec panache l'efficacité de celle-ci sur des prisonniers sélectionnés au pif, la guillotine est intégrée au glorieux mouvement révolutionnaire... ainsi que son inventeur et ses deux assistants, pour les remercier. On suit donc cette armée, et les déboires lunatiques de cet escadron guillotine qu'ils forment à eux trois. C'est savoureux, vraiment drôle, un peu critique, dont la fin est presque métaphysique ! Génial, franchement.
(lisez notamment la description de l'éditeur de la version épuisée, en milieu de page)
Frères de sang, de Richard Price (auteur de l'excellent Ville noire ville blanche) ; violence et bêtise crasse noicissant le Bronx ; 390p.
On suit une tranche de vie tragique d'une famille du Bronx issue de la lointaine immigration italienne. Une famille dans laquelle les hommes doivent être électriciens, baiseurs et buveurs, et les femmes soumises, ou sinon trompées et parfois psychopathes. Et les enfants, dans ce marasme, font bien ce qu'ils peuvent, subissent le poids des traditions et les raisonnements par les couilles ou les ovaires. Un roman noir, très noir, tellement bon et fort que l'intrigue n'a franchement pas d'importance. Price nous embarque dans le sillage de cette famille de pauvres types qui pensent détenir la vérité et le destin de leur descendance. Il ne faut pas craindre de lire du vulgaire. Interdit aux oreilles pudiques. A lire de toute urgence.