Citation:
Plus sérieusement, quelles sont les raisons qui expliquent cette rupture ?
Début 1980 : forte hausse du chômage.
La quantité de travail utilisée dans l'économie diminue, entraînant mécaniquement une baisse de la part des revenus du travail dans le PIB. L'économie française effectue lors de cette période des gains de productivité, les entreprises réagissent ainsi et logiquement aux chocs pétroliers. Puisque les coûts de l'énergie s'élève, on va chercher à comprimer d'autres coûts. Et comme on ne peut obtenir des baisses de salaires, on va diminuer la quantité de travail utilisée.
Par la suite, la tendance s'accélère en 1983, c'est le fameux tournant de la rigueur. Le chômage continue de s'élever, la politique de désinflation fait le reste. Les salaires sont "désindexés", l'inflation, bien que diminuant, est supérieure à la progression des salaires (on observe toujours cet élément depuis). On y est, on "mange" des deux bouts la part de la rémunération du travail (la chômage s'élève, les salaires réels (l'évolution du salaire une fois l'effet de l'inflation retranché) diminuent = la part des salaires dans l'économie diminue).
Je rappelle juste un truc. Le PIB, c'est la somme des valeurs ajoutées réalisées dans une économie. Mais c'est toujours aussi la somme des dépenses effectuées dans une économie et la somme des revenus versés dans cette même économie, afin de rémunérer le capital (profit reversé par les entreprises, loyers, intérêts etc ...) et le travail. Ces revenus sont perçus par l'ensemble des ménages. C'est de la comptabilité nationale, pas de l'idéologie.
Pour revenir au sujet, si les revenus du travail diminuent depuis les années 1980, c'est parce qu'on a toléré que les revenus du capital progressent très nettement. Certains disent que c'est logique, que c'est la mondialisation, qu'on n'y peut rien ; c'est le sens de l'histoire.
D'autres, les plus sérieux, pensent que cette tendance est dangereuse et qu'elle est responsable de la crise actuelle (car cette courbe, -on l'observe pour l'ensemble des pays développés).
Socialement, on le comprend bien. Cette tendance va de paire avec une hausse de la pauvreté.
Mais économiquement aussi c'est extrêmement dangereux, et donc intolérable.
Par exemple, si la crise des subprimes a pu se développer aux Etats-Unis, c'est parce que beaucoup de ménages américains ont dû s'endetter énormément pour acheter une bicoque, parce que les revenus du travail sont insuffisants.
Autre exemple, si les revenus du travail sont insuffisants, cela signifie que les revenus du capital sont trop importants. On sait que ces derniers revenus sont toujours plus concentrés à l'avantage de certains ménages que les revenus du travail. Et si on concentre les revenus de façon trop importante, la consommation risque d'être faible, les ménages à haut revenu diminuant leur part de consommation au profit de l'épargne.
Et si la consommation diminue trop, l'économie entre dans un cycle de faible croissance, voire de récession.
Ah tiens, c'est ce qu'on observe justement depuis les années 1980 ...
Citation:
EUROPE mon cher Martin, i think!
C'est pas faux. La politique du franc fort et de combat contre l'inflation est allée de paire avec la volonté de construire l'UE lors des années 1980-1990.
Mais revenir au franc n'améliorerait pas forcément les choses. Cette monnaie serait trop facilement déstabilisée sur les marchés financiers, les marges de manoeuvre de politique monétaire seraient de mon point de vue trop étroites. Il faut plutôt tout faire pour réformer le système de l'euro.
Il est facile d'éviter la crise de l'euro. Il faut accepter que la Banque centrale européenne accepte d'acheter des obligations souveraines des Etats de la zone attaqués. Mais il faut convaincre les Allemands.
A ce propos :
Pourquoi faut-il renoncer au triple A (Mathieu et Sterdyniak, OFCE)