Article du blog So Foot ou l'on apprend pas grand chose de nouveau mais qui fait mal par où il passe : des recrues sans expériences dans un groupe qui en manque cruellement, un club qui n'apprend rien des erreurs du passé, un groupe affaibli, un milieu de terrain vieillissant (et c'est peu dire !).
Régalez-vous !Dans moins de deux semaines, le Stade Malherbe s’élancera pour une nouvelle saison de Ligue 1, face à Valenciennes. Un premier test que tous les supporteurs du SMC attendent avec beaucoup d’impatience et un peu d’inquiétude. À moins que ce ne soit l’inverse. Car la politique de recrutement du club normand demeure quelque peu étonnante, pour ne pas dire carrément indéchiffrable. Tentative de décryptage.La bonne paye.Le titre du LOSC a visiblement achevé de convaincre un certain nombre de clubs que la continuité, additionnée à une progression cohérente et encadrée, était sans nul doute la plus importante des qualités d’une équipe de haut niveau. On s’en doutait, et ce malgré les difficultés rencontrées par le SMC lors de la saison dernière : il n’y aura donc pas beaucoup de mouvements cet été en Normandie. Après tout, cette stratégie entreprise depuis la descente en Ligue 2 il y a deux ans a pour l’instant donné d’intéressants résultats. Du coup, Caen a recruté peu. Mais alors vraiment très peu.
Frédéric Bulot. Jérémy Vandam. Pierre-Alain Frau. Fayçal Fajr. Voici les quatre recrues caennaises du Stade Malherbe en ce mercato estival. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne fait pas vraiment rêver. Certes, la signature de Pierre-Alain Frau est ce qu’on peut appeler un joli coup. Tout proche de signer à Saint-Étienne, l’ancien sochalien, actuel champion de France avec Lille, est venu poser ses valises dans le Calvados, en échange d’un joli petit contrat à 120 000 le mois. Notre nouvel attaquant à l’appendice nasal qui suffit à le mettre en position de hors-jeu, également passé par le Pez’, Lyon et Lens, est tout sauf une mauvaise recrue, bien au contraire. Après tout, Pierre-Alain n’a que 31 ans et aura sans nul doute l’occasion de planter quelques pions au cours de la saison. Pour tout dire, on ne s’en fait pas vraiment pour lui. Son arrivée au Stade Malherbe est une excellente opération, pour laquelle Fortin n’a pas hésité à débourser les gros euros : oui, PAF rejoint le SMC en fin de contrat, et n’aura pas coûté le moindre centime (si on excepte la prime à la signature), mais au prix d’un salaire très important.
Caen a recruté malin, et devrait donc boucler son mercato sans lâcher le moindre euro ou presque. Frau était donc en fin de contrat, tout comme Bulot, laissé libre par l’ASM ; Fajr a signé son premier contrat pro et n’a pas dû coûter plus de quelques cacahuètes, et Vandam est arrivé de Lille en prêt. De bonnes opérations, en fin de compte. Même si on ne sait pratiquement rien de Fajr ou de Bulot, on ne s’avance pas beaucoup en déclarant que leur profil est assez prometteur. Pourquoi pas, donc ? Idem pour Vandam... Le petit Jerry n’a pour le moment pas convaincu grand monde dans le Nord, mais il aura l’occasion de s’aguerrir et d’accumuler du temps de jeu en Normandie. D’un strict point de vue financier, Malherbe a donc su trouver des solutions rapidement aux départs programmés d’El Arabi, de Mollo... et de Barzola. Sur le plan du jeu, en revanche, le bilan (relatif, parce que le mercato ne sera officiellement clos que le 31 août) est nettement moins enchanteur.
Un seul être vous manque.Le Stade Malherbe a récupéré environ huit millions d’euros cet été. Youssef est parti crasher sa carrière au Qatar pour 7,5 millions d’euros, et Toudic a préféré ne pas revenir à d’Ornano, rapportant ainsi un demi-million au SMC. Passons sur les départs d’Inez, qu’on percevra davantage comme un soulagement, et de Barzola, qui ne jouait plus... Mais quand même, ça fait quelques salaires en moins. On attendait du staff caennais qu’il profite de cette aubaine et de tout ce pognon pour ajouter à son effectif deux ou trois joueurs un poil plus habitués aux joutes du haut niveau. Or, selon Jean-François Fortin, Malherbe a bouclé son recrutement. Bruno Grougi, qui vient de prolonger à Brest, ne devrait pas signer cet été. Trop cher, paraît-il, pour le SMC, qui n’a pas voulu allonger plus de deux millions d’euros pour garnir son milieu de terrain. Malgré les départs préjudiciables de Mollo et El Arabi, pas ou peu de rumeurs en pointe ou sur les ailes. Et Fortin de jurer que l’effectif actuel est sans doute le plus talentueux et le plus complet jamais rassemblé sous le maillot rouge et bleu lors de sa présidence. Sincère naïveté, tentative un peu désespérée de se rassurer ou plutôt simple déclaration afin d’enfumer supporteurs et actionnaires ?
En réalité, sur le plan du jeu et du talent, difficile de ne pas constater que l’effectif s’est considérablement appauvri. Oui, il y a maintenant 30 joueurs sous contrat. La belle affaire ! Frau est un mec très sympa, et c’est sûr qu’on va l’acclamer haut et fort, mais a-t-il le talent de Youssef El Arabi ? Est-il en mesure d’inscrire 17 buts, voire même de disputer 38 matches de Ligue 1 ? Non. Frédéric Bulot est-il du même standing que Yohan Mollo ? Évidemment non. On ne peut révéler un Romain Hamouma tous les ans. Et s’il se blesse, ou déçoit, on met qui à la place ? Quant à Vandam et Fajr, le premier ne sera probablement même pas titulaire, et le second devrait être prêté lors de cette saison. Pire que tout : au milieu de terrain, secteur où s’accumulait la plupart des doutes et inquiétudes lors de la saison passée déjà, le Stade Malherbe ne s’est pas renforcé le moins du monde. On disait Nivet et Seube vieillissant, on constatait Marcq décevant, mais il faudra faire avec les mêmes pendant une quarantaine de matches encore. Une passivité coupable au mercato, d’autant plus que Dumas dit ne plus compter sur Rajiv Van La Parra et surtout Sambou Yatabaré, un mec qui a disputé 25 matches lors de la saison 2010-2011, même s’il a souvent été plus nul qu’une tourte aux poireaux. Vous l’aurez compris, nous sommes inquiets parce qu’on s’arrache déjà les cheveux en imaginant le onze majeur qu’alignera Dumas lors du premier match face à VA.
Lignes de front.Et le pire, c’est que la brocante caennaise ne semble pas terminée. Thébaux a refusé une prolongation de contrat et se dit ouvertement intéressé par le PSG, et une place de doublure de Douchez ; Fortin n’a pas fermé la porte à une offre parisienne, et attend de voir la monnaie. Au pire, on ira rechercher Vincent Planté... Question : est-ce que la billetterie de d’Ornano a été braquée récemment, pour que le SMC ait autant besoin de liquidités, au point de vendre ses meilleurs éléments, sans compenser les départs par de nouveaux investissements ?
Autant être clair : on a l’impression, avant d’avoir vu les nouveaux venus sur le pré, que le Stade Malherbe s’est affaibli à tous les niveaux. Pas de mouvement au poste d’arrière gauche, où Francky composera avec un Tafforeau qui aura 35 ans en septembre, et un Alex Raineau qui découvre encore le poste. Pas de mouvement au milieu de terrain, alors qu’on imagine mal Nivet et Seube enflammer le dance-floor de l’entre-jeu pendant 38 journées sans s’essouffler. Pas de mouvement alors que Sambou est indésirable et que Marcq a déçu tout le monde, à commencer par Dumas. Pas de mouvement sur les ailes, à l’exception de Bulot. Hamouma et Frédéric Langouste n’ont aucun remplaçant expérimenté, surtout que Morel, sur qui on aurait pu compter à la limite, est sur le point d’être prêté.
À la caennaise.Si l’optimisme de Jean-François Fortin paraît quelque peu déplacé voire incompréhensible, il est surtout révélateur d’un total manque de recul du président caennais sur son effectif... et de l’effrayante naïveté du SMC sur le marché des transferts. On ne va pas revenir sur le cas Mbaye Niang (sur lequel il y aurait pourtant beaucoup à dire, à commencer par des conneries), qui tient visiblement davantage de la bêtise et de la cupidité que d’une maladresse véritable du staff normand. N’empêche... Déjà, on avait un doute. Ne revenons pas non plus sur le cas El Arabi, dont le départ a été on ne peut plus mal géré par le SMC. Pourquoi déclarer plusieurs mois avant l’ouverture du marché des transferts que Youssef avait un bon de sortie, contribuant ainsi à faire baisser sa valeur ? La logique est simple : en déclarant le jeune prodige sur le départ et en cherchant au plus vite son remplaçant, Malherbe oublie de se mettre à l’abri des clubs intéressés, qui savent que le temps joue pour eux. C’est assez amusant, tous ces clubs qui semblaient avoir décidé de la valeur financière du joueur (alors que normalement, c’est le vendeur qui décide, non ?).
Bref. Non, on va plutôt insister sur le cas Yohan Mollo. Au début du mois de juin, on comprend très vite que le Stade Malherbe ne lèvera pas l’option d’achat de la géniale rock star aux trois neurones, s’élevant à huit millions d’euros. On peut comprendre, parce que huit millions, ça fait un paquet, quand même... Mais pourquoi ne pas avoir cherché à négocier, alors que l’AS Monaco descendait en Ligue 2, et allait nécessairement devoir revoir ses espérances bien en-dessous de huit millions ? Surtout que le joueur a toujours déclaré qu’il aimerait bien rester en Normandie. Mais non... Caen lâche l’affaire sans chercher à y voir plus clair. "Huit millions, c’est trop, vous comprenez, on peut pas". Résultat : Yohan vient de signer à Grenade, promu en Liga, pour 1M €. Ou comment Malherbe s’est encore fait enfler.
Le mercato est clos. Caen comptera encore sur ses jeunes, sur son jeune espoir Mbaye Niang, par exemple (s’il ne va pas bousiller sa carrière en Angleterre après que son daron et son avocat aient brisé son contrat pour quelques zéros sur un chèque). Et sur d’autres, encore, que l’on ne connaît pas encore, mais dont les noms parviennent déjà aux oreilles des plus avertis des supporteurs. Pour une équipe qui pêche déjà trop souvent par manque d’expérience, c’est un sacré risque...
Au cœur d’un mercato estival qui ne brille que par l’ennui qu’il provoque, Caen ne dépareille pas vraiment. À l’exception de Lille et de Marseille, qui ont bouclé vite fait bien fait un mercato bien géré, et du Pez’, qui prend le temps de choisir ses nouveaux jouets, on ne note que très peu de mouvements ou de véritables coups d’éclat sur le marché des transferts. C’est la crise, ma bonne dame. Si la plupart des clubs de Ligue 1 font le pari de la stabilité, c’est aussi par défaut et manque de fonds. Les clubs qui se sont réellement renforcés se comptent sur les doigts d’une seule main. La stratégie du Stade Malherbe est exaspérante, mais elle s’avérera peut-être payante. Si c’est le cas, c’est que les autres n’étaient pas en mesure de nous faire payer notre manque d’ambition.
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