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"Il fut un temps où, pour devenir président de la République, il suffisait de défendre un programme politique avec ses valeurs, de se présenter devant le peuple avec ce projet, de lui demander son avis, d'obtenir des suffrages pour ou contre, puis de consentir à la décision majoritaire pour légitimer une ligne politique avec laquelle gouverner. C'était simple, clair, probablement trop simple et trop clair.
Aujourd'hui, on envisage des "stratégies électorales", autrement dit, des ficelles pour embobiner les gens à partir de leur sociologie ! [...] Le président de la République se vend désormais comme un fromage allégé, c'est un marché à imposer et des parts de marché à conquérir.
Terra Nova fournit donc des munitions à cette guerre de publicitaires bien décidés à vendre leur marchandise - une probable camelote, sûrement pas un grand projet pour un pays en déclin, s'il faut en juger par ces élites-là ! [...]
Les idées de gauche existaient, elles existent encore, et seuls les gens de droite les prétendent caduques, dépassées, archaïques, disaient les mitterrandolâtres dans les années 90. Elles peuvent donc encore exister : défense de la laïcité, du service public, de la santé, de l'éducation, de l'armée, de la culture comme instances dans lesquelles l'argent ne doit pas faire la loi... Simple comme un bonjour de gauche...
Première trahison : ces idées-là, Mitterrand les sacrifie en 1983 au nom de prétendus sacro-saints principes de rigueur budgétaire, de pragmatisme politique, de réalisme économique. [...] L'union de la gauche accoucha d'un monarque qui parlait à gauche, mais agissait à droite.
Le deuxième trahison, due au même personnage, fut le renoncement à la souveraineté nationale, donc à toute possibilité de politique de gauche, avec l'aventure européenne qui fit croire que l'Europe libérale, c'était la grantie de la paix entre les nations, du bonheur pour tous, de la prospérité économique, de la fin du chômage, un genre de millénarisme postmarxiste... [...]
La troisième trahison est venue de Lionel Jospin, qui, tout à la botte de ses conseillers en communication, annonça que "l'Etat ne pouvait pas tout", alors que les privatisations venues de l'Etat n'avaient jamais été aussi nombreuses que sous son mandat de Premier ministre. [...]
La quatrième trahison est venue du Parti socialiste, qui invita à accélérer le mouvement européaniste initié par Mitterrand et invita à voter oui au traité de réforme constitutionnelle, en 2005. [...]
Terra Nova veut donc qu'on écarte ce peuple qui ne veut pas des marionnettes libérales. Elle souhaite que le candidat social-démocrate s'appuie sur les classes moyennes et, de ce fait, qu'il construise une campagne sur le contraire de ce qui fait le souci du peuple : le chômage, l'emploi, la misère, la pauvreté, la précarité, l'identité nationale, la laïcité, la santé, la retraite. [...]
Michel Onfray
Publiciations de Terra Nova