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Laurent Blanc : ce que la ministre ne veut pas entendre
Par Michaël Hajdenberg
Article publié le mercredi 11 mai 2011
Il fallait sauver Laurent Blanc. Quitte à travestir les faits. La ministre
des sports Chantal Jouanno a non seulement épargné le sélectionneur
de l’équipe de France de football, mais ce 10 mai, lors
d’une conférence de presse à l’INSEP, elle l’a dédouané de toute
responsabilité dans la discussion du 8 novembre, avec les cadres
de la Direction technique nationale (DTN), sur les quotas dans le
football.
Au lendemain des premières révélations de Mediapart, Laurent
Blanc avait nié avoir jamais entendu parler de «quotas» . Lors
d’une conférence de presse à Bordeaux, le 29 avril, il expliquait
même : «Si certains ont cautionné un projet avec des quotas, il
faut les punir.» Embarrassant.

Du coup, la ministre, tout à son objectif de sauver la
tête du sélectionneur, a tenu à préciser ce 10 mai qu’«aucun fait
ne permet de dire que Laurent Blanc cautionnerait des orientations
discriminatoires».
Jusqu’à présent, Mediapart n’avait pas jugé nécessaire de rendre
publics les enregistrements du 8 novembre. Nous les gardions à
titre de preuve si nous étions attaqués en diffamation. Seulement,
cette fois, la ministre se sert du fait que nous ne les avons pas publiés
pour justifier ses décisions. Elle prétend que les propos de la
réunion du 8 novembre sont trop confus pour être retenus contre
le sélectionneur.

Mediapart n’a jamais ciblé quelqu’un en particulier dans cette affaire.
Nous n’avons jamais dit que Laurent Blanc était raciste :
ce n’est pas la question. Nous n’avons jamais demandé la tête du
sélectionneur : ce n’est pas notre rôle. C’est à d’autres de prendre
des décisions au vu des actes que nous avons révélés. Mais il est
insupportable de voir les faits ainsi tordus.
Face à cette défense indigne du sélectionneur qui serait, si l’on
suit la ministre, trop bête pour comprendre de quoi il est question
autour de la table, nous livrons les éléments qui devraient permettre
à chacun de se faire un avis sur le degré d’implication de
Laurent Blanc sur ce projet de la DTN qui, ce 8 novembre, visait
à limiter l’accès des enfants français de 12 ou 13 ans ayant des
origines étrangères ou supposées telles aux centres de formation
(Pôles Espoirs) de la fédération.
Voici donc les propos tenus par la ministre ce 10 mai à propos de
Laurent Blanc, que nous avons voulu confronter aux témoignages
des acteurs du dossier, à nos éléments d’enquête et aux paroles du
sélectionneur lui-même, tenues notamment le 8 novembre.
? Chantal Jouanno : «Il n’avait aucun projet arrêté sur ce sujet
et il n’avait aucun avis arrêté à la différence de certains autres
participants qui étaient préparés à ce débat.»
Laurent Blanc n’a pas l’air d’hésiter beaucoup. Le 8 novembre,
dès le début de la discussion, Erick Mombaerts lui demande s’il
veut limiter l’accès des joueurs pouvant acquérir une seconde nationalité.
Laurent Blanc ne dit pas qu’il n’y a pas pensé, qu’il doit
y réfléchir, ou que ça lui paraît compliqué. Il s’y déclare aussitôt,
et même «tout à fait favorable» et argumente en disant que le
phénomène le «dérange beaucoup » . Il estime d’abord qu’il faut
l’«éradiquer », puis qu’il faut le «limiter » .
Or, limiter à l’avance le nombre de joueurs sur la base d’un tel
critère (la binationalité potentielle) revient à établir des quotas.
Dans l’esprit du sélectionneur, le phénomène semble se résumer
aux joueurs qui partent rejoindre «des équipes nord-africaines ou
africaines» . Jamais il n’évoque les joueurs susceptibles de rallier
un jour la Pologne ou le Portugal.


Chantal Jouanno : «Laurent Blanc assiste pour la toute première
fois à ce débat. Il n’en est pas l’organisateur, il n’en est pas
le pilote.»
Laurent Blanc est celui qui lance publiquement le débat sur la binationalité,
dès sa nomination comme sélectionneur à l’été 2010.
François Blaquart et Erick Mombaerts, interrogés sur leur idée
de quotas par Mediapart à la veille de la publication de notre première
enquête, ont tous deux expliqué avoir cherché à résoudre un
«problème» posé par Laurent Blanc lui-même : «Je rappelle que
ça (le sujet des binationaux) a été avancé en premier lieu par le
sélectionneur , ça ne vient pas de nous» , se défend notamment
François Blaquart. En clair, le 8 novembre, Laurent Blanc n’a pas
été piégé : il a donné son accord à la solution que la DTN avait
imaginée, au moins en partie, à son intention.

Chantal Jouanno : «Les auditions
montrent clairement qu’il découvrait le problème du départ des
jeunes joueurs de l’équipe Espoirs.»
En réalité, cela fait plusieurs mois que Laurent Blanc évoque ce
sujet et y réfléchit. Dès le 28 juillet, dans L’Equipe : «L’histoire
rattrape le football. On se retrouve avec des petits qui sont sur
une ligne avec la double nationalité, qui ne se reconnaissent ni
à droite ni à gauche, qui vont choisir le côté qui va les aider à
grimper à l’échelle. On court à la catastrophe...» Puis : «On
parle beaucoup de l’identité nationale en ce moment mais dans le
football, elle est difficile à trouver aussi. C’est un gros problème.
Si on veut redevenir crédibles, il va falloir changer les choses. »

Le 6 octobre 2010, il déclare au point.fr : «Ce qui me désole c’est
que certains jeunes joueurs jouent en équipe de France dès 16-18
ans, puis, comme ils possèdent la double nationalité, optent tout
d’un coup pour leur pays d’origine.»
? Chantal Jouanno : «Honnêtement quand on voit la confusion
de la discussion, a-t-il compris qu’il s’agissait de quotas de binationaux
? C’est loin d’être évident.»
Laurent Blanc aurait-il eu un moment d’absence, comme le suggérait
François Blaquart sur RTL en expliquant : «Le mot quota,
je peux comprendre, du fait qu’il n’a été utilisé qu’une seule fois,
que Laurent ne l’ai pas entendu » ? A l’évidence, non. Dans l’extrait
suivant, François Blaquart explique d’abord les consignes
qu’il donne au directeur du centre de Clairefontaine. Puis, le sélectionneur
propose une alternative pour arriver au même résultat
: changer les critères de détection, un sujet sur lequel il reviendra
plus tard, s’agissant des «grands, costauds, puissants». Les
«Blacks», selon lui. François Blaquart reprend enfin la parole et
finit par évoquer «une espèce de quotas» .


Laurent Blanc a-t-il alors pu ne pas comprendre le caractère illégal
du projet ? Impossible. Francis Smerecki explique clairement
que «c’est discriminatoire» . A la commission d’enquête de la
Fédération française de football, Laurent Blanc aurait d’ailleurs
dit, selon son président Patrick Braouezec, être «en colère contre
lui-même» et ne pas «concevoir qu’il a pu tenir de tels propos» .
La ministre ne veut pas l’entendre, qui, lors de la conférence de
presse, n’a cité qu’une seule phrase du sélectionneur relevée dans
la réunion du 8 novembre, censée le sauver : «S’il n’y a que des
Blacks dans les pôles et que ces Blacks-là se sentent Français,
cela me va très bien.»


En apparence anti-raciste, cette phrase n’en pose pas moins question
sur les préjugés du sélectionneur : pourquoi les Français
«blacks » ne se sentiraient-ils pas Français ? Pourquoi devraientils,
plus que les autres, prouver qu’ils aiment leurs pays ? Diraiton
d’un Blanc : «S’il aime la France, il peut jouer en équipe de
France» ?
Mêmes préjugés, lorsque plus tard dans la réunion, Laurent Blanc
revient sur le sujet en utilisant le terme «étrangers» pour parler
de ces enfants français, ayant souvent des parents français, et qui
sont simplement suceptibles de prendre un jour une autre nationalité
en vertu des règles de la FIFA.
? Chantal Jouanno : «Aucun fait ne permet de dire que Laurent
Blanc cautionnerait des orientations discriminatoires.»
Non seulement Laurent Blanc défend le fait de «limiter » le
nombre d’enfants d’origine étrangère. Mais il en revient sans
cesse aux Noirs, notamment face à Francis Smerecki, le sélectionneur
des moins de 20 ans, en lui expliquant : «Parce que tous les
Blacks, si tu enlèves les Antillais, ils ont des origines africaines.
Donc, africaines, ils vont pouvoir aller dans une équipe africaine



Quand Francis Smerecki s’agace et dit à propos des Blacks : «Et
aujourd’hui, on voudrait s’en séparer ?» , Laurent Blanc ne répond
pas : «Je ne parle pas des Blacks.» Il répond : «On n’a pas
dit s’en séparer.» Juste les limiter dans les pôles de la fédération,
comme l’explique Erick Mombaerts.
Même chose quand Francis Smerecki reprend : «Vous voulez garder
lesquels ? Les Blancs ? Les moins bons ?» Une nouvelle fois,
personne, et surtout pas Laurent Blanc, ne lui rétorque que la couleur
de peau n’est pas l’objet du débat.



Ces échanges contredisent les propos d’un des inspecteurs missionnés
par le ministère des sports qui a déclaré lors de la conférence
de presse : «Laurent Blanc n’est pas du tout d’accord avec
l’idée de mettre en place un système discriminatoire. Il le dit
d’ailleurs dans le verbatim, c’est très clair.»
D’ailleurs, si Laurent Blanc n’avait prêté aucune attention à la
couleur de peau, comment en serait-il venu à citer l’Espagne en
exemple, et à dire : «Les Espagnols, ils m’ont dit : ?Nous on n’a
pas de problème. Nous, des Blacks, on n’en a pas. ?» ? Une question
à laquelle la ministre n’a pas répondu.

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Dernière édition par -K- le 19 Mai 2011 17:47, édité 1 fois.

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tu parles à qui là ?

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Ton avis Arsenic ?

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Je veux bien que les hautes instances du foot français se pose des questions sur le profil physique et technique des joueurs du football français. Que la conversation ait lieu en privé et que quelques mots soient mal choisis, ok, je ne suis pas pour taxer de raciste le premier gogo venu. Il y a mieux à faire. Néanmoins, sur un simple plan sémantique, les conversations qui ont eu lieu à la Triple F ne peuvent pas, ne doivent pas rester sans conséquences. Même en privé, des conversations entre dirigeants du football français entrecoupées de considérations et préjugés discriminatoires ne peuvent être tolérées. Il est enterré depuis une plombe, le concept de "gentil racisme" à la française, on dit tout haut ce qu'on pense tout bas, mais avec le sourire, vous comprenez, c'est pas méchant, et j'ai même un Noir dans mes écuries. Le racisme quotidien assumé qu'on prononce à demi-mots, il ne faut pas en sourire, ni le minimiser. Pour tout dire, ça fait marrer quand c'est papy qui lâche une phrase douteuse, mais ça n'a pas à sortir de la bouche d'un mec à la FFF. Tout ça, ça pue. Quant à la théorie foireuse de Blanc sur les mecs qui doivent choisir une sélection définitivement, c'est de la merde en barre. Lolo, il a oublié qu'il a joué avec Trezegoal et qu'on a chopé l'Euro 2000 grâce son but en or. Lolo, il a oublié que la France prend de toute façon les meilleurs. Bref, c'est grave, et malgré l'affection que j'ai pour Laurent Blanc, je me fous ou pas qu'il soit raciste, mais il aurait dû foutre le camp.

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Nan mais faut pas parler de foot, c'est à chier le foot.

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Je comprends pas trop ce que tu veux dire, Landry ? Quelle question ?

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Merci pour ta reponse que je partage.

Attention a Landry. C'est une boule de neige qui descend la pente infinie du developpement.

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La question des noirs qui courent vite à cause des lions

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Qu'elle soit black ou pas n'y change rien. Rennes fait partie de ces centres de formation qui a recruté en se basant prioritairement sur des critères physiques. Je ne vois pas en quoi la question peut combattre le stéréotype.

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Ah oui. "Black".

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Sinon la montre de Bogho c'est du toc, il s'est fait avoir

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Kash a dit : Hénin, il est de la famille de Justine Hénin ?


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Tout le problème est là : vous, moi, on a le droit de balancer, dans notre salon, entre couilles et autour d'une mousse, que les grands blacks de Rennes sont des sacrés mastards. Mais pas à la Triple F. Eux, ils ne sont pas entre couilles, ils sont censés discuter d'orientation du football français. Point. On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde...

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Attention, ça va repartir.

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Football: un haut dirigeant relance l'affaire des quotas

lun, 17/06/2013 - 13:36 | Par Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg - Mediapart.fr
Les quotas en fonction des origines des joueurs existent dans le football. Cette fois, il ne s’agit pas d’un projet au sein de la Fédération française de football (FFF), comme Mediapart l’avait révélé il y a deux ans (ici et là). Mais d’un constat, dressé par l'un des plus hauts dirigeants du foot français, Jean-Pierre Louvel, président de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF).

Alors qu’il représente les dirigeants du football professionnel, Jean-Pierre Louvel déclare dans le livre du journaliste de RMC Daniel Riolo, Racaille football Club (éditions Hugo et Cie) : « Cessons d’être hypocrites, et pas un président n’osera dire le contraire, cette histoire de quotas, c’est du pipeau à côté de la réalité. On regarde tous de près qui vient dans nos clubs aujourd’hui. Tous les clubs dosent et font en quelque sorte des quotas, pas trop de ceci ou cela… »


Jean-Pierre Louvel© Reuters
Il ajoute : « Tous les staffs de France se réunissent et dans leurs réunions disent des choses qui pourraient être très mal interprétées, mal comprises. Le quota tacite existe. Le nier serait absurde. »

Invités par Mediapart à réagir à ces propos, le président de la Ligue, Frédéric Thiriez, et le président de la fédération française de football, Noël Le Graët, ne les condamnent pas. Le premier se réfugie dans le silence. Le second a fini par nous raccrocher au nez après avoir expliqué « n’en avoir rien à secouer ».

Un non-sujet, les quotas ? Il y a deux ans, le monde du football avait déjà largement fait bloc, à quelques exceptions près, lorsque Mediapart avait révélé les propos tenus lors d'une réunion au sommet à la Fédération française de football. Laurent Blanc était resté sélectionneur et le directeur technique national (DTN) de la FFF, François Blaquart, avait fini par retrouver son poste.

La ministre des sports Chantal Jouanno avait pourtant estimé les propos tenus lors de la réunion de la DTN « à la limite de la dérive raciste ». Dans un rapport commandé par la FFF, le député Patrick Braouzec s’était offusqué d’une idée « telle que des enfants de douze ans, français, se verraient refuser l'entrée aux pôles de formation nationaux sur un double critère de discrimination (origine et apparence physique) ».

Le sélectionneur Laurent Banc avait également dû présenter ses excuses publiquement – et à plusieurs reprises – après avoir démenti des propos qu'il avait bien tenus :




Le président Louvel s’en moque visiblement. Interrogé par Mediapart, il assume ses propos, « les revendique sans aucun problème » et s’en explique : « Oui, il y a tout le temps dans les clubs des discussions durant lesquelles il peut y avoir des prises de position extrêmes. Je ne vois pas où est le problème. Si vous avez 60 %, voire 80 %, de joueurs d'origine d'africaine dans un club, ce n'est pas un mal en soi, mais cela signifie mettre à l'écart des gens qui ne sont pas de leur culture. La vie sociale du club n'est plus la même. »

Invité à préciser sa pensée, Louvel avance un mystérieux problème lié à des « chants » et « aux rapports humains africains » : « Il y a par exemple des joueurs qui viennent de tribus dominantes et, du coup, ce sont toujours eux qui décident et pas les autres. »

Face à notre étonnement, il sort un argument imparable : « Et qu'on ne me dise pas que je suis raciste, ma belle-fille est camerounaise. »

Évoquant les problèmes liés aux « Nord-Africains », Louvel parle du ramadan : « Le ramadan, c'est un problème pour toutes les équipes de haut niveau. Il y a certains joueurs musulmans qui disent par exemple que, pour eux, le foot, c'est comme un combat ou une guerre, et que leur religion les autorise à manger pendant un combat lors du ramadan. D'autres vous diront que non. »


Daniel Riolo© DR
Dans son livre, le journaliste Daniel Riolo, qui se dit « sûr de ses informations », va plus loin. Il explique que « le Stade Rennais a vu partir avec plaisir la majorité de ses joueurs musulmans, lors de l’été 2012. Le nombre est désormais est limité ». Et qu’« à Saint-Étienne, le coach a passé consigne. Il ne veut plus de joueurs africains et reste vigilant sur les joueurs sud-américains ». À Rennes, malgré nos nombreuses relances, personne n’a pris le soin de démentir la mise en place d’une politique discriminatoire à l’égard des musulmans. À Saint-Étienne, ni l’entraîneur ni le club n’ont « souhaité commenter ».

Jean-Pierre Louvel, lui, explique « ne pas avoir connaissance de cela ». Mais il embraye : « C'est vrai que Rennes a eu pendant longtemps une politique de recrutement de grands gabarits et peut-être qu'à un moment donné, ils ont souhaité choisir d'autres gabarits. Mais je n'ai jamais entendu parler de lien avec l'origine. »

Lors de la polémique sur les quotas, un des arguments avancés pour justifier un tel projet était la morphologie des joueurs : il y en avait assez des joueurs noirs, forcément « grands, puissants et costauds » (dixit Laurent Blanc). Il fallait faire de la place aux petits Blancs, plus techniques, plus rusés.

Et puis, la discussion à la DTN était officiellement une « réponse à un vrai problème », la bi-nationalité : certains joueurs, formés par la fédération française de football, peuvent finalement choisir de jouer pour une autre sélection quand ils ont un aïeul, réel ou supposé, d’une autre nationalité.

Sauf que la bi-nationalité n’est pas le problème des clubs professionnels, qui sont des structures privées n’ayant pas à se soucier de l’origine des joueurs. Leur seul objectif supposé : faire jouer les meilleurs. Alors comment justifier de trier en fonction de l’origine, voire de la religion ?


L'ancienne ministre Chantal Jouanno raconte


Frédéric Thiriez, avec Nicolas Sarkozy© Reuters
La question suscite un immense malaise. Le président de la Ligue de football, Frédéric Thiriez, n’a pas répondu à nos sollicitations malgré nos très nombreuses relances entre le 11 juin et le 16 juin. Pas plus que son directeur de la communication. Il y a deux ans, lors de l’affaire des quotas, il avait publié un communiqué titré « Assez ! ». « Assez » des dérives discriminatoires ? Non, assez des articles à ce sujet : « La vérité, c’est que le football, c’est l’apprentissage de la différence et du respect de l’autre. Que ceux qui en doutent viennent sur les terrains le samedi et le dimanche matin. Le football incarne l’égalité des chances, puisque seuls le talent et le travail permettent de réussir. »

L’actuel président de la FFF, Noël Le Graët, n’était pas en poste en 2011. Joint sur son portable, il ne se montre pourtant pas plus à l’aise aujourd’hui avec nos questions. Il dit ne pas accorder de crédit aux informations publiées sur Rennes et Saint-Étienne. Confronté aux propos réitérés de Jean-Pierre Louvel, il bredouille : « Appelez Louvel, ça le concerne. » C’est déjà fait. « Ça le regarde. Les propos des uns et des autres, surtout par téléphone, je n’en ai rien à secouer. Je ne réagis pas du tout. Ça ne m’intéresse pas. Louvel est un grand garçon. Appelez-le. J’en reste là. Je ne souhaite pas en parler. » Puis il nous raccroche au nez.

La ministre des sports, Valérie Fourneyron, nous a quant à elle fait savoir qu’elle ne « souhaitait pas réagir, pour l’instant ».

Sa prédécesseure, Chantal Jouanno, qui a géré l’affaire des quotas, se dit en revanche « choquée ». À la question de savoir si Jean-Pierre Louvel peut conserver son poste, elle répond : « Théoriquement, non. C’est quand même contraire à la législation. La République se fonde sur le mérite, point à la ligne. Si on commence à déroger à ça, on s’ouvre à beaucoup de difficultés, à beaucoup d’extrêmes. On ne va pas changer la logique républicaine : la laïcité ne s’arrête pas aux frontières des clubs. »


Chantal Jouanno© Reuters
Mais visiblement, le malaise suscité par ces questions n’est pas limité au monde du football. L’actuelle sénatrice UDI révèle qu’elle n’a pas été soutenue au sein de son gouvernement quand, au début de l’affaire des quotas, elle a pris nos révélations au sérieux et exigé une enquête. « La présidence de la République et le premier ministre m’ont tous les deux dit : “Pourquoi tu te mêles de ça ? C’est à la FFF de faire le ménage.” Ils me disaient : “Comment, toi, ministre, tu peux donner du crédit aux déclarations de Mediapart ?” »

Chantal Jouanno poursuit : « Ils m’ont aussi reproché mes interventions trop nombreuses dans les médias. Alors que je pense que c’était le rôle du ministère d’être garant des valeurs du sport, des valeurs républicaines, de faire la transparence de la façon la plus indépendante et la plus objective possible. Je leur ai dit : “Vous avez tort. Si on ne fait rien, on va croire qu’on cautionne.” »

À l’époque – et encore aujourd'hui –, l’ancienne ministre avait toutefois fortement soutenu Laurent Blanc, pourtant auteur de propos comme : « Les Espagnols, ils disent : “Nous, on n'a pas de problème. Des Blacks, on n'en a pas.” » Elle précise : « C’est sûr que Laurent Blanc était une icône, tout le monde disait qu’il allait remonter une équipe. Tout ce qui le touchait était mal vu. Au gouvernement mes collègues ministres m’ont même dit : “Toi, de toute façon, tu n’aimes pas le foot.” Alors que ce n’était pas la question. »

Au regard de son expérience de ministre, la sénatrice ne se montre cependant pas surprise outre-mesure par les éléments rapportés par Daniel Riolo : « Il est évident qu’il y a une part de réalité dans tous ces propos. Mais pour le ministère, c’était quasi indétectable. Les clubs professionnels vivent en vase clos. »

Ce qui ne signifie pas que les clubs amateurs sont à l’abri de telles pratiques. En juin 2012, Mediapart racontait comment les deux présidents d’alors du Paris FC s’étaient opposés au fait de recruter trop de joueurs noirs dans l’effectif.

Selon le premier, Pierre Ferracci : « Tout le monde vous dira que les Blacks, certains Blacks, sont doués techniquement, très forts physiquement, parfois un peu décontractés, un peu indolents, et que ça peut être préjudiciable en terme de concentration. »

Le second, Guy Cotret, expliquait : « Quand on a une composition d'équipe avec seulement des joueurs africains, en termes de mobilisation, d'esprit de révolte, ce n'est pas toujours facile à animer. Ils ont un caractère qui engendre un certain laxisme. »

Guy Cotret tentait maladroitement de tempérer : « Je n'en fais pas une règle. Je dis simplement que c'est une conclusion qu'on pourrait tirer à la lumière de notre expérience de cette année. On ne finit pas loin de la relégation. J'essaie de trouver des explications. À chaque fois qu'on a été mené au score, on n'est jamais revenu, on ne l'a jamais emporté. C'est la race, pas la race, je n'en sais rien. »

Depuis, Guy Cotret est monté de division. Il est devenu président de l’AJ Auxerre.

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