Karibou a écrit:
Il y a un mot pour ceux dont les parents sont décédés c'est orphelin mais il y a t'il un mot pour ceux dont les enfants sont morts ?
Excellente question. A ma connaissance non.
Par exemple, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les sociétés ont été confrontées au deuil de masse (la France a créé à cette occasion le statut de "pupille de la nation"). Un nouveau terme avait même vu le jour : celui de "veuves blanches" pour désigner les femmes qui avaient perdu leur fiancé à la guerre. Mais l'ampleur du deuil a laissé la langue impuissante pour désigner l'ensemble des personnes concernées. En fait, tout le monde a été confronté à la perte douloureuse d'un être cher, fauché dans la tourmente : les femmes, les enfants, les fiancées, donc, mais aussi, les parents, frères, oncles, neveux, cousins, amis…
La douleur est parfois plus dure à surmonter lorsque l'on n'est justement pas désigné par un "statut". Or, les psychiatres contemporains ont insisté sur l'incommensurable douleur de parents perdant des enfants à l'âge adulte (je ne dis pas que la perte d'enfants en bas âge n'est pas terrible, entendons-nous bien), mais l'inversion "logique" de l'âge de décès à ce moment de la vie semble plus traumatisant (on connaît à peu près tous des potes, des voisins ou de vagues connaissances qui se sont tués sur la route et qui ont laissé des parents éplorés à jamais). D'ailleurs, la sémantique des "monuments aux morts" érigés dans tous les villages de France et de Navarre reprend très souvent l'expression "Aux enfants de...", "A nos enfants...", pour décrire le sacrifice de cette génération perdue, pour laquelle on a créé un rituel commémoratif autour d’un lieu précis : le monument aux morts, et d’une date symbolique : le 11 novembre.