Jon Machin a écrit:
je ne suis pas étonné par la destruction du cloitre, même je m'y attendais
j'ai en souvenir le programme de la rénovation de la chambre du commerce et son escalier
ça emmerdait les promoteurs, des groupes comme EIFFAGE ou BOUYGUES en ont strictement rien a battre du patrimoine, ça ne rapporte pas
J'en ai discuté pas mal avec des amis proches. Philippe Lenglart, Pascal Leroux que Molko connaît on ne peut mieux.
Je suis très partagé sur cette question : vouloir tout préserver coûte que coûte est-il le must de la patrimonialisation d'une ville quand les logements font défaut ? je reprends ici un bout de discussion avec Lenglart
"Chacune des municipalités aura connu une démolition symbolique : sous Girault, boulevard Bertrand, la maison de l'ARIM (ironie du sort), superbe demeure bourgeoise qui devait être démontée et dont on a perdu les décombres, sous Le Brethon, l'escalier de la CCI, sous Duron, le petit cloître... A chaque fois, c'est une perte et l'argumentation du maire est un peu embrouillée. Le projet remonte néanmoins à plusieurs années.
D'autre part, si on gardait tout ce qui a une valeur historique, même limitée, on en serait encore à l'âge des huttes.
Soit dit en passant, l'espace Gardin, édifié sur une ancienne et pittoresque zone artisanale, est un raté urbanistique de première ampleur. Espérons que les Rives de l'Orne seront plus animées. Ce que les urbanistes semblent délibérément ignorer, c'est la notion de cheminement urbain."
Mais détruire un espace architectural certes dispensable dans l'histoire de l'art mais d'une portée symbolique immense n'autorise t-il pas toutes les déviances immobilières ?
S'il fallait trancher dans cette triste histoire, je dirai que la patrimonialisation d'un lieu ou d'un bâtiment relève autant de son histoire, son "espace vécu" pour le dire avec les mots d'Armand Frémont que de son architecture, est là, la mairie de Caen est absolument impardonnable...et ceci d'autant plus que la maire actuel est historien...
Le plus cynique dans cette histoire ?
"Pendant que Duron laissait abattre à 400 mètres de ses fenêtres l'objet de la discorde, quelques jours plus tard - le 9 juillet, date anniversaire de la libération de la rive gauche de Caen - il félicitait André Heintz, fraîchement décoré de la Légion d'Honneur, charmant vieux monsieur de 90 ans, ancien Résistant, ancien Déporté... grâce à qui, le cloître - et les quartiers alentour - furent épargnés par les bombardements, parce que André Heintz avait fait "peindre" avec DU SANG HUMAIN récupéré auprès des blessés et des morts, une gigantesque croix rouge, sur d'immenses draps, positionnée dans le cloître, signifiant aux Alliés (avertis par la Résistance) que ce lieu était INTOUCHABLE. "...lu sur le blog le caennais déchaîné.
Au delà de la destruction du cloître, chaque démolition est ressenti à Caen par certains comme un traumatisme absolu. L'été 44 n'a pas totalement cicatrisé, pour cette raison, les villes lourdement bombardées sont décidément des sujets passionnants.