Un article du monde accessible seulement aux abonnés, d'où le fait que je vous le mets ici:
le monde a écrit:
Elle a fait marche arrière. Comme nombre de témoins exposés à une très forte pression, Claire Thibout s'est partiellement rétractée, mercredi 7 juillet, devant les policiers de la brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP). Ces derniers étaient venus l'entendre, dans le sud de la France où l'ex-comptable de la famille Bettencourt a trouvé refuge.
Claire Thibout, c'est cette femme qui s'en était pris, frontalement, à Nicolas Sarkozy, en déclarant, mardi 6 juillet, au site d'information en ligne Mediapart que le chef de l'Etat était venu, comme d'autres personnalités politiques, bénéficier des largesses financières des Bettencourt, dans leur hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine.
Cette information, elle ne l'avait pas confiée aux policiers qui l'avaient interrogée, dans un premier temps, lundi 5 juillet. Elle ne leur avait pas non plus indiqué la date du 26 mars 2007. Ce jour-là, d'après ses explications à Mediapart, son employeur, Patrice de Maistre, lui aurait demandé 150 000 euros pour les remettre à Eric Woerth, en vue de financer la campagne électorale de M. Sarkozy. Elle se serait alors contentée de retirer 50 000 euros à la BNP. Aux policiers, elle avait narré la même scène, mais en faisant mention d'une date approximative: mars-avril 2007.
OFFENSIVE
D'où l'empressement des enquêteurs à vouloir la réentendre. Toute la journée de mercredi, ils ont cherché à la joindre. Ils ont finalement pu la localiser, dans le sud de la France. Les policiers l'ont donc entendue en urgence, mercredi soir. Et là, elle revient sur ses déclarations faites à Mediapart. Même si elle confirme que M. de Maistre lui a bien réclamé la somme de 50 000 euros pour la remettre à Eric Woerth. La date du 26 mars 2007 ? Ce n'est pas la bonne, convient-elle. D'ailleurs, les extraits de carnets publiés jeudi 8 juillet par Libération, s'ils attestent bien que 50000 euros ont été débités ce jour-là – comme l'avait indiqué Le Monde –, sont probants: les dépenses semblent justifiées.
L'ex-comptable confirme donc la scène, la remise de l'argent en espèces à ses employeurs, mais il n'est plus question du 26 mars 2007. Quant aux remises d'enveloppes à M. Sarkozy, elle insiste: ses propos, dit-elle sur procès-verbal, auraient été romancés.
Contacté jeudi 8 juillet, Mediapart assure pour sa part que les déclarations de Claire Thibout ont été "scrupuleusement retranscrites". Deux conversations différentes, en l'occurrence, en présence d'un témoin distinct à chaque fois. Il n'a pas été possible de joindre Me Antoine Gillot, le conseil de Mme Thibout.
Celle-ci devait revenir à Paris jeudi 8 juillet, pour être confrontée à Patrice de Maistre, contre qui elle a maintenu, mercredi, ses accusations. Comment faut-il interpréter son relatif "revirement"? La pression? Peut-être n'a-t-elle pas mesuré l'importance de ses accusations.
En tout cas, le pouvoir va avoir beau jeu, dans les heures à venir, de gloser sur ses hésitations. Les lieutenants de M. Sarkozy ont déjà lancé leur offensive contre le site en ligne Mediapart. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les carnets de Claire Thibout se retrouvent fort opportunément dans la presse, puisqu'ils démontent l'affaire du 26 mars 2007.
Les enquêteurs, eux, ont eu nettement plus de difficultés à les obtenir. Il a fallu qu'un employé de MmeBettencourt rentre de vacances pour les confier à la police. La contre-offensive est désormais engagée, et l'Elysée va tirer parti de cette nouvelle situation.
Reste que sur le plan judiciaire, il peut encore se passer beaucoup de choses. D'autant que plusieurs fronts sont ouverts, gérés par le parquet de Nanterre. D'abord, l'enquête sur l'atteinte à l'intimité de la vie privée, liée aux enregistrements clandestins, se poursuit. Le majordome Pascal Bonnefoy devrait être réentendu. Tout ce qui découle de ces enregistrements pourrait faire l'objet de diverses procédures: transmission à Bercy des éléments portant sur la fraude fiscale, le couple Woerth pourrait être impliqué au titre d'un éventuel trafic d'influence.
L'enquête ayant trait au financement de la campagne électorale de M. Sarkozy, basée sur les propos de Claire Thibout, va dépendre des résultats de la confrontation entre l'ex-comptable et de Patrice de Maistre. Un troisième aspect s'est ajouté, avec la plainte pour dénonciation calomnieuse déposée par Eric Woerth. C'est seulement dans ce dernier volet qu'il serait envisagé d'entendre le ministre, comme simple témoin.
_________________
« Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов
This is such a mind fuck.