-K- a écrit:
François de Malherbe a écrit:
le silence assourdissant sur l'expérience de combat des universitaires-combattants spécialistes en sciences sociales.
pas tout compris la
Les grands anthropologues, sociologues ou historiens (Mauss, Hertz, Tawney, Leach, Evans-Pritchard, Renouvin, Bloch, avec un bémol pour ce dernier concernant la campagne de 1940) qui ont vécu la guerre, et qui auraient été les plus à-même, de part leur formation, à mettre des mots sur la violence combattante, ne l'ont pas fait.
En effet, ces hommes rompus aux méthodes critiques et habitués à étudier les problèmes sociaux, ont soigneusement laissé de côté l'expérience de violence qu'ils ont connue et mise en œuvre. Comme la plupart des anciens combattants, ces aspects ont été enfouis dans leur mémoire. Un fait est significatif : on ne tue jamais à la guerre, on est tué. C'est particulièrement vrai pour la Première guerre mondiale, où le discours de victimisation des combattants s'est largement imposé après guerre : face au déchaînement paroxysmique de la violence moderne et impersonnelle, les récits des corps à corps et de la prise d'assaut des tranchées adverses, où l'on se bat à coups de pelles (la seule arme efficace dans cette configuration), disparaissent.
Pierre Renouvin est, à cet égard, symptomatique : grand mutilé de guerre, il va devenir le spécialiste de l'histoire de la 1ère Guerre mondiale "par le haut". Toute l'expérience de ce soldat des premières lignes se trouve refoulée dans son œuvre historique, alors qu'elle a pour objet principal ce conflit !