Ayant commencé il y a trois jours mon avis s'arrête aux recommandations de ma copine "faut que tu le lises, c'est indispensable, c'est à l'origine du romantisme, ça a inspiré les groupes de new wave etc.", elle avait les larmes en me disant ça, donc moi "ok, ok je vais le lire" mais malgré mon scepticisme j'avoue que l'écriture est assez plaisante et belle. Par exemple la lettre du 10 mai, ouah, je crois que j'ai du la lire trois fois de suite tellement l'expression du sentiment intérieure nous est renvoyée de manière si palpable et pourtant si abstraite. Parfois j'aimerais pouvoir lire l'allemand littéraire (salut Ridan).
Werther, le 10 mai a écrit:
Il règne dans mon âme une étonnante sérénité, semblable à la douce matinée de printemps dont je jouis avec délices. Je suis seul, et je goûte le charme de vivre dans une contrée qui fut créée pour des âmes comme la mienne. Je suis si heureux, mon ami, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence, que mon talent en souffre. Je ne pourrais pas dessiner un trait, et cependant je ne fus jamais plus grand peintre. Quand les vapeurs de la vallée s'élèvent devant moi, qu'au-dessus de ma tête le soleil lance d'aplomb ses feux sur l'impénétrable voûte de l'obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que, couché sur la terre dans les hautes herbes, près d'un ruisseau, je découvre dans l'épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l'existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d'insectes de toutes les formes ; que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d'éternelles délices : mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux, et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l'image d'une bien-aimée, alors je soupire et m'écrie en moi-même : « Ah ! si tu pouvais exprimer ce que tu éprouves ! si tu pouvais exhaler et fixer sur le papier cette vie qui coule en toi avec tant d'abondance et de chaleur, en sorte que le papier devienne le miroir de ton âme, comme ton âme est le miroir d'un Dieu infini !... » Mon ami... Mais je sens que je succombe sous la puissance et la majesté de ces apparitions.
Bref c'est du roman epistolaire, ça a l'air d'être dans la veine des Liaisons dangereuses, à suivre donc.