Simply the Best a écrit:
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Bon, j'en ai ras le cul. Je vais essayer de ne pas faire pas trop long sur le cas de l'Afrique (d'autant que j'avais donné de nombreux cas concrets dans le post "Bonne nuit"), tout en m'appuyant sur des données fiables et vérifiables (que tu peux me demander par MP), afin de te montrer que la globalisation actuelle condamne le continent noir à la servitude ou à la marginalisation.
Tout d'abord, tu le sais, l'Afrique recèle dans son sous-sol des richesses incroyables (presque 100% des réserves mondiales de chrome, 90% des réserves de platine, 50% des réserves de cobalt, ainsi que de très importants gisements d'or, de diamants, manganèse, cuivre, uranium, charbon et naturellement...de gaz et de pétrole). Pourquoi reste-t-elle donc aussi marginale d'un point de vue économique ?
Ses richesses font de l'Afrique un espace très convoité, à tel point qu'elle est devenue une priorité pour la Chine et les USA. Hélas, les rivalités qui en résultent contribue, paradoxalement, à appauvrir le continent (comme au Tchad), d'autant que se superposent des enjeux géostratégiques pour les grandes puissances.
En ce qui concerne les USA, contrairement à une idée reçue, les importations pétrolières en provenance d'Afrique sont désormais au même niveau que celles des pays du Moyen Orient (environ 15%) et seront supérieures dans la décennie prochaine. Evidemment, l'or noir est confisqué aux nations africaines par les transnationales yankees (Chevron contrôle 75% de la production pétrolière de l'enclave de Cabinda, en Angola, tandis que plusieurs compagnies dont Chevron et Exxon-Mobil, sont en train de faire du Golfe de Guinée leur chasse gardée). Cette dernière zone (qui comprend le Nigéria, 9e producteur mondial, la Guinée équatoriale, Sao Tomé & Principe), a été décrétée "zone d'intérêt vital" par
The African Oil Policy Initiative Group, dont les conclusions débouchent sur le projet d'installer dans la région une structure de commandement des forces américaines. Cette base permettrait aux USA de contrôler totalement le continent, puisqu'ils déploient déjà leur Ve flotte dans le golfe d'Aden et l'Océan indien, leur VIe flotte en Méditerranée et qu'ils disposent d'une base à Djibouti ainsi que de facilités d'accès aux aéroports éthiopiens et aux ports érythréens. Le continent est complètement mis en coupe réglée. Cependant, la stratégie de la Chine est particulièrement inquiétante, elle aussi.
Je passe sur les raisons politiques de la (très ancienne) présence chinoise en Afrique, dans le cadre du conflit diplomatique pour la reconnaissance qui l'oppose à Taïwan depuis 1949. Cependant, au passage, on peut remarquer que la Chine offre aux régimes montrés du doigt (le Zimbabwe de Mugabé, le Soudan d'al-Bachir...) la possibilité d'échapper aux embargos de toutes sortes sans contrepartie démocratique...surtout s'il s'agit de pays producteurs de pétrole ou de ressources minières !
En outre, la RPC se présente comme un pays en développement, soucieuse d'instaurer un régime d'échanges équilibré. Mais, et c'est là que le bât blesse, loin de stimuler les économies africaines, la présence chinoise accentue cette marginalisation.
Comment ? Tout simplement en emportant des contrats qui incluent, dans ses prestations, la présence sur place de main d'œuvre chinoise : exemple : en Algérie, où la principale entreprise chinoise de travaux publics (CSCEC) s'est imposée très largement. Efficace et très bon marché, la main d'œuvre chinoise disqualifie la main d'œuvre algérienne.
Même chose sur le plan commercial : en échange de ses investissements ou du matériel militaire que Beijing propose aux régimes qui l'intéressent, la Chine obtient l'ouverture de leurs marchés. Ultra compétitifs, les produits
Made in China inhibent alors tous les efforts d'industrialisation des économies africaines. Contrefaçons, textile, matériel électronique bon marché : les exportations chinoises pèsent de plus en plus lourd dans le déficit commercial africain. D'autant plus qu'aucun accord d'exportation de produits africains vers la Chine ne vient les compenser !!
Ou comment les logiques de concurrences conduisent au pillage et à la désindustrialisation d'un continent très riche...ravagé par les guerres et les famines qui ont des causes multiples, mais souvent liés aux intérêts des grandes puissances mondiales (protectionnisme dans le domaine agricole, dettes scandaleuses dont les transnationales font pression pour qu'elles ne soient pas annulées...)