(Excusez-moi par avance de recentrer le débat)
Au-delà des acceptions philosophico-éthico-sportives (parfaitement résumées par Diogène y'a quelques pages) de ce débat, j’aimerai que les thuriféraires de la vidéo m’expliquent concrètement, et sur un cas précis multipliable à foison, comment le procédé peut-il s’appliquer dans la pratique du football.
Mais avant, je voulais revenir sur l’argument de l’universalité mis en avant par… Dio. Evidemment que ce prétexte n’est aujourd’hui plus viable tant monde amateur et monde professionnel sont à milles lieues l’un de l’autre. Cependant, en adoptant la vidéo, il faut prendre conscience qu’il y aura des disparités à l’intérieur même du foot professionnel : à l’inverse d’un match diffusé en prime time sur les antennes de Tf1 ou de C+ où le pré vert est envahi par les équipes de Jaud ou pire de Fred Godard, qu’en est-il du sombre match de Ligue 1 (je ne parle même pas de la L2) où les enjeux sportifs sont tout aussi importants mais qui n’est malheureusement pas rentable aux yeux des rond-de-cuir. C’est bien là à mon sens que naîtra l’injustice puisque
in fine cela se matérialisera (comme au rugby) par l’emploi de la vidéo uniquement lors des « affiches », et amplifiera au bout du compte la hiérarchisation du football professionnel entre les forts et les misérables, les ayants droits et les intouchables.
Cela étant dit, revenons à mon interrogation initiale en admettant que la vidéo est adoptée uniquement pour le franchissement de la ligne de but.
Voici l’action : sur une phase de jeu offensive, l’équipe A frappe la barre transversale, le ballon touche la ligne mais le corps arbitral n’est pas sûr de la décision à prendre. Que doit faire l’arbitre ? Question simple mais réponse compliquée : l’arbitre doit-il attendre le premier arrêt de jeu pour faire appel à la vidéo ?
1/ Si oui, supposons dans une hypothèse pas si folle que pendant la continuité de l’action l’équipe B marque un but ou se procure un coup de pied arrêté susceptible de, l’arbitre reviendra de fait au but si l’arbitre-vidéo (donc toujours un regard humain entre parenthèse) en juge ainsi. Je vous laisse imaginer les palabres.
2/ Dans le cas où l’arbitre a le pouvoir d’arrêter le jeu pour se seconder de la vidéo, et que par conséquent la remise en jeu s’effectuera sur une phase arrêtée, que pourrons dire les attaquants de l’équipe A (ou de l’équipe B dans l’hypothèse contre-attaque) qui sont susceptibles d’être dans une position plus avantage que les défenseurs au moment de l’interruption du jeu.
Bien sûr, dans le cas où le but est validé, pas de problèmes, mais dans tous les autres... Non seulement cela hacherait le jeu (ce qui est contraire comme l’a stipulé Jesper aux plus récentes lois du jeu) mais cela augmenterait de façon exponentielle les contestations sans queues ni têtes. Et je n’ose même pas imaginer si on appliquait cette soi-disant « pierre philosophale » pour les hors-jeu, les accrochages dans la surface et tous autres situations discutables.
Car, au contraire du rugby où après une phase de jeu dans l’en-but il y a forcément une remise en jeu (essai validé ou pas), au foot le jeu est susceptible de se poursuivre. Là se situe le hic sur lequel les apologètes de la vidéo ne m’ont toujours pas convaincu.
P.S. : il y a cet ouvrage (à charge) pour ceux qui s'intéressent à la question :
Le match de football télévisé, par Jacques Blociszewski.