Réponse à Thibaba (message de 14 h 02)
Cette année, on nous a enseignés qu'il y avait 3 motivations en faveur de la construction européenne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale :
- en finir avec les guerres fratricides, notamment entre la France et l'Allemagne (1870-71, 1914-18 et 1939-45)
- retrouver la puissance (un ensemble étant plus fort que plusieurs puissances moyennes)
- faire face au péril communiste (l'URSS s'appuyant sur les difficultés sociales pour étendre sa sphère d'influence)
Une motivation concerne la paix tandis que les deux autres renvoient au fric. Mais grâce (entre autres) au "doux commerce" de Montesquieu et aux théories de Ricardo, les pères ont concilié la paix et le fric.
Alors, nous avons eu la paix (quoique les Balkans...), certes, mais comment pouvait-on en 1945 se taper dessus ? L'Europe était à la ramasse complète ! Et aujourd'hui, comment peut-on se faire de nouveau la guerre ? C'est pas le porte-avions Charles-de-Gaulle, qui tourne en rond dans la rade de Brest, qui risque de menacer la paix sur le continent... Enfin j'oublie les gardes suisses du Vatican, c'est vrai qu'ils sont dangereux eux...
Par contre, au niveau économique, il y en a eu des bouleversements ! Donc en pratique, la construction européenne est devenue très rapidement une machine à fric, pâle copie des Etats-Unis avec sa conception libérale (haine des services publics appelés à devenir des services universels) et par conséquent anti-sociale. Elle n'y est pas pour grand-chose quant à la question de la paix : on n'avait pas les moyens de faire la guerre et on ne les possède toujours pas. D'ailleurs, elle aurait été impuissante en cas de conflit direct entre les Etats-Unis et l'URSS !
Thibaba a écrit:
Pourquoi j'en veux aux pays de l'Est alors que la France, les Pays-Bas et l'Irlande ont aussi fait chier leur monde ? D'une part ces pays sont présent depuis bien plus longtemps que les pays de l'Est dans l'UE, et qu'à mon sens -et je ne doit sûrement pas être le seul- quand on est "nouveau" dans n'importe quelle situation, on la ramène pas et on modère ses exigeances par rapport à son statut.
Entièrement d'accord (sauf pour le "non" irlandais, dont je me réjouis, mais que je ne comprends pas vu l'argent que l'Irlande a perçu de la CEE/UE) !
Ma mémoire fait peut-être défaut mais je crois que la Pologne, un an avant d'entrer dans l'UE, avait passé une commande militaire (pour des hélicoptères ?) de un milliard d'euros aux Etats-Unis ! La gueule des nouveaux adhérents... qui n'hésitent pas à tout bloquer dès qu'ils le peuvent (mais ils auraient tort de ne pas le faire). Au moment des négociations sur le traité de Lisbonne, la Pologne a obtenu des aménagements de la part des 26 autres. La France, pays fondateur, quedalle, et pourtant ce ne sont pas les possibilités qui manquent (au hasard, BCE et pacte de stabilité) ! Tout ça pour ne pas brusquer une seconde fois Juncker et compagnie...
Thibaba a écrit:
Idem pour le non français à la Constitution, le fameux vote sanction envers Raffarin, et sûrement aussi contre un élargissement incompris.
En 2004, les Français ont sanctionné la droite aux différents scrutins intermédiaires (régionales, cantonales, européennes) en votant pour la gauche (rien d'anormal jusqu'ici). En 2005, si l'on suit cette logique de l'essuie-glaces, les Français auraient dû voter dans le même sens que la gauche. Or, le "non" l'a emporté à 55 % alors que seuls le PCF, Fabius, Mélenchon, Chevènement et l'extrême gauche étaient partisans du "non" à gauche. Ce constat, combiné avec le débat passionnant et passionné sur le traité (au cours duquel les partisans du "non" expliquaient le texte, obligeant les partisans du "oui" à cessé de prendre de haut le peuple [VGE disait à l'époque qu'il suffisait de lire 5 articles, ainsi dénués de sens, pour se faire une opinion]), me fait sérieusement douter de l'ampleur de ce fameux vote sanction...
Pour finir avec cette réponse (qui ne doit plus avoir beaucoup d'intérêt puisque j'imagine qu'il y a eu au moins une dizaine de réponses entre-temps), VGE encore lui disait l'autre jour sur RTL qu'il fallait laisser l'Irlande à la traîne si elle refusait de dire "oui" (car évidemment, on va la faire revoter, comme le Danemark avec Maastricht), ce qui conduit à une "Europe" à géométrie variable. Mais dans ce cas de figure, ça va être un enième beau bordel car les pays, qui ont fait des compromis pour que TOUT le monde avance dans la même direction, vont vouloir renégocier à leur tour, obtenir des aménagements, etc.