Sebmalherbe a écrit:
Oui pareil, je ne vais pas rentrer dans un nouveau débat stérile mais le nivellement par le bas est une hérésie !
Le débat est intéressant et nullement stérile en soi, ce sont les intervenants qui ont le pouvoir de le rendre stérile ou fécond.
Si je vais au bout de ton raisonnement, plus la langue écrite est complexe et éloignée ed la langue parlée par le plus grand nombre, plus le niveau est haut. Dans ce cas, faisons monter encore le niveau en réintroduisant l'ancien français (voir le latin), ainsi français parlé et français académique ne correspondront plus du tout, ça permettra aux petits français de commencer tôt les langues étrangères.
Ce qui me dérange dans cette crispation orthographique c’est que les enseignants (une partie d’entre eux) qui défendent leur gagne pain en nous expliquant que ce serait sacrilège de « toucher » à l’orthographe pour d’obscures raisons qui échappent de toute façon au commun des utilisateurs (j'ai eu un prof de lycée comme ça) semblent occulter que cette orthographe aristocratique est avant tout un instrument de sélection* sociale.
(*sélection : fait d'organiser un naufrage pour repérer les bons nageurs)Seb, le conditionnement que nous avons subi, fait que ça nous écorche les yeux de voir des « fautes » d’orthographe, mais il faut aller au delà. Déjà, le terme de « faute » employé habituellement à la place d’ « erreur d’orthographe » témoigne qu’on ne se situe pas sur une question de compétences mais dans le domaine du bien et du mal, ce qui explique la difficulté d’avoir un débat rationnel sur le sujet.
Depuis que l'école existe, l'orthographe a toujours focalisé les enseignants. Pour arriver à quoi? A consacrer un nombre invraisemblable d'heures dans des apprentissages douteux : liste de mots irréguliers, verbes irréguliers et autres (cf. le fameux Bécherel), tableaux de conjugaison, dictées préparées avec contrôle le lendemain dont il ne reste rien un mois plus tard.
Bref, tout ceci pour constater que depuis que l'école existe, l'orthographe est un outil de sélection au détriment de tous les autres apprentissages « concrets ».
Une anecdote trouvé sur un forum d’enseignants pour critiquer la sacralisation de l’orthographe : en Belgique, pour être "femme d'ouvrage" dans une administration publique, il faut subir l'épreuve de la dictée mais pas un test sur l'art de manier le balai...
A l’école j’aurai préféré apprendre bien des choses utiles, notamment dans le domaine manuel, sur le fonctionnement du monde qui nous entoure, plutôt que de perdre du temps à acquérir des connaissances académiques qui ne sont que de simples signes de reconnaissance.
L'orthographe et la grammaire sont plus que fluctuantes au cours des âges. Et le niveau de langue écrite demandé à l’ensemble de la population n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Pour avoir été en contact avec des actes anciens écrits pourtant par la minotité de lettrés de l’époque, les religieux et les aristocrates, j’ose affirmer que nos ancêtres d'il y a trois ou quatre cents ans étaient moins tatillons que nous en matière orthographique. Leur philosophie aurait pu être : « tant que le son y est ».
Puisqu’il y a un certain nombre de lecteurs de Norbert Elias sur le forum, il comprendront peut être ce que je veux dire si j’associe l’orthographe au processus de « civilisation des mœurs ».
Il faut donc relativiser les vérités orthographiques et faire l’effort de remettre en cause notre conditionnement scolaire, ne pas se placer résolument du côté de ceux qui savent, du côté des pouvoirs, sans exercer son esprit critique, en acceptant une situation créatrice d'exclusions.
Eh oh, faut voir à arrêter la mauvaise foi. Tu parles de sélection aristocratique, alors que l'on t'a juste repris sur l'orthographe de "tant pis".