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Martin - Webmaster a écrit: - Lettre d une jeune hérouvillaise suite aux résultats des élections municipales
Citation: Monsieur Rodolphe Thomas,
Maire d’Hérouville St Clair
A Hérouville, le 10 mars 2008,
Monsieur le maire,
La ville où j’ai grandi était belle. On y parlait « liberté », « égalité », « fraternité ». Les peuples se brassaient, on construisait ensemble, on regardait l’avenir sans avoir la peur au ventre, parce qu’ici était l’exemple qu’une société solidaire, équilibrée, battante, est possible.
Pour moi, Hérouville, pendant deux décennies, c’était le monde réel. Et c’est en allant mettre mon nez ailleurs que j’ai compris l’exceptionnelle situation dans laquelle nous vivions. J’ai réalisé combien il était dur de retrouver ailleurs les valeurs qui m’avaient fait grandir. J’ai découvert la hargne, l’évincement, la concurrence, la bêtise et l’égoïsme, et j’ai alors regardé Hérouville comme un joyau à préserver, un exemple à donner.
En 2001, un coup a été donné dans l’équilibre maintenu jusque là, puisqu’une liste est restée au deuxième tour sans mesurer vraiment la conséquence de cet acte. Vous avez alors été élu démocratiquement et avez amené à Hérouville une nouvelle façon de voir, basée sur deux idées que je combats : l’apolitisme, dit « ni droite ni gauche » et l’application du modèle mercantile au niveau de la gestion politique d’une ville.
La première idée, -effaçant d’un revers de manche toute l’Histoire politique de France et le sens même du mot « valeur » (être de gauche, ou de droite, étant concrètement une façon précise d’envisager le partage des richesses : redistribution ou méritocratie)- laisserait donc à penser que vous n’avez aucune idée sur la question et pourtant, à regarder votre politique menée durant 7 ans et les soutiens que vous avez apporté (et vice versa) à des personnalités clairement ancrées à droite (à commencer par Nicolas Sarkozy) montre le contraire. Alors pourquoi jouer l’ambigüité ? Assumez vos combats et votre vision du monde et cessez de retourner votre veste. Il ne s’agit là ni de partis, ni de courants, mais tout simplement d’idées. Encore faut-il en avoir.
Pour le second point, l’application du modèle mercantile au niveau de la gestion politique d’une ville, je dirais que c’est clairement votre force, et la raison pour laquelle vous avez largement conquis la ville. Vous avez en effet appliqué au niveau politique ce qui fait le quotidien des gens : le supermarché. Un peu de loisirs à la carte, distribution de bons points, des promotions, un côté fête foraine et surtout une communication béton, misant sur l’effet d’annonce et l’image lisse. De vous à moi : ça marche très fort. Il y a toujours un temps où les gens croient à cette illusion du bonheur, à cette tombola permanente. Et au final, sortis du supermarché, ils redeviennent ces gens seuls, avec leurs courses dans les bras, leurs problèmes, et leur ticket de caisse. Il suffit, en fait, de les maintenir enfermés dans le supermarché, ce que vous faites merveilleusement bien.
Mais voilà ; un détail, durant cette campagne, m’a chiffonnée. En plus de vendre votre bonheur, vous avez fait le choix de faire les poubelles. Parce que vous avez compris que les mots sont parfois plus puissants que les faits, vous avez décidé de clouer le bec à la Vérité, en vous livrant à une campagne nauséabonde parce que mensongère. Vous avez attaqué des hommes et des femmes personnellement en traquant la moindre faille, la moindre possibilité de mentir sur eux, de déformer la réalité, de leur attribuer des travers. Vous les avez insulté, en reprenant la rhétorique des tracts qu’on diffuse en temps de guerre, pour éclabousser, convaincre, détruire. Bien sûr, quand on connait les candidats (comme mon ancien professeur de philosophie Emmanuel Jardin, qui fut le premier à mettre un avertissement pour propos racistes au lycée, et que vous avez taxé d’antimusulman), on n’est pas dupe. Mais quand le doute plane chez les électeurs, rien de plus facile que de faire naître les rumeurs, de les engorger, de les façonner. Rien de plus facile pour moi, qui ait été animatrice dans votre centre de loisirs à Caen fin des années 90 que de lancer des rumeurs, en les faisant passer pour vraies, n’est-ce pas ? Les torchons sont utiles pour faire briller les vitres d’un centre commercial.
Hier soir, j’ai vu des Hommes pleurer, parce que vous avez sali leur conception de faire de la politique. Aujourd’hui vous avez le sourire mais vos mains sont sales.
Je ne remets pas en cause le scrutin, parce qu’on ne peut pas reprocher aux gens de se laisser huiler par les rouages de votre machine à rêves, mais je ne peux m’empêcher de penser à l’esprit de cette ville qui part en fumée, à tous les habitants qui ont été déplacés à cause des démolitions d’immeuble, à tous ces jeunes hérouvillais qui partent à Paris et ces autres qui cherchaient à reconstruire leur ville, à tous ces anciens combattifs qui ont forgé Hérouville et dont le regard, hier, s’est éteint, répétant, ébahis, « c’est un cauchemar »…
J’espère sincèrement que vos intentions ne sont pas celles que je vous prête et je vous souhaite bon vent.
Sachez cependant, que partout où vous irez, vous trouverez ces hommes et ces femmes debouts, maintenus en vie politique par la force de leurs idées et l’envie de faire une politique sincère et propre.
Veuillez croire en l’expression de mes sentiments les plus sincères,
Julia, 27 ans, citoyenne d’Hérouville depuis 1980.
> Je suis toujours impressionné par les personnes qui ecrasées au 1er tour ont quand même le culot de déclarer que s'ils ont perdu c'est forcément parce que les électeurs ont été manipulés... sous-entendu ils sont vraiments cons (53% quand même !).
Je pense que Julia est la cousine de Jurietti et qu'elle attend le match retour.
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