Je me permets de copier coller le commentaire à l'article du rue89 sur le départ de Fidel. C'est une dame qui se présente comme retraitée du privé. Et puis je n'oublie pas que Fidel est une star en Amsud et qu'on n'imagine pas la différence de perception entre l'Occident et le reste du monde de l'action de la révolution cubaine. ça ne pardonne ni n'explique rien, mais j'ai bien aimé son texte, et je me joins à Graham, Salut Fidel!
Fille d'un fils "d'indiano", nom donné dans le nord de l'Espagne à ceux d'entre eux partis fin du XIX siècle et ayant fait fortune dans n'importe quel pays des Amériques tout en conservant le statut d'espagnol, je peux temoigner de comment la famille de mon père s'est "sauvée courageusement" de Cuba en emportant les "pesos/dolares" mais en laissant "ses propriétés" dès l'arrivée de Fidel Castro.
Quelques années avant cela, mon père avait quitté l'île avec l'opposition de sa famille et s'était installé à Madrid, il ne supportait plus l'oligarchie amorale et immorale du régime de Batista.
Mon père est mort jeune, mais je me rappelle des récits qu'il nous faisait de son enfance "dorée" où l'on offrait à chacun de ses frères et à lui même, petits, un "compagnon de jeux", en fait, un enfant noir à leur service mais dès qu'ils rentraient dans l'adolescence, on leur interdisait toute familiarité et l'on renvoyait sans état d'âme le jeune noir. Il nous racontait comment vivaient les riches, les voitures américanes et toute la débauche de la consommation importée des Etats Unis en échange de la main mise de ce gouvernement sur les richesses de l'île; et comment vivaient les pauvres, en général les noirs et mulâtres, sans école et pieds nus...
Je suis allé visiter Cuba il y a trois ans. J'ai visité La Habane et vu de l'extérieur ce qui fut la maison de mon père, aujourd'hui site d'une embassade étrangère.
J'ai visité des écoles et vu des enfants, tous scolarisés, souriants et bien dans leur peau. J'ai parcouru des quartiers aux façades délabrées et rentrée dans des maisons à l'intérieur très propre et mobilier certainement non remplacé depuis des dizaines d'années.
Je me suis invitée dans ces maisons et parlé avec des cubains dans leur intimité, ce sont des gens lucides, cultivés et impatients de ce que les choses changent, mais ce que j'ai recontré surtout c'est une résistance à l'idée du retour du "gringo" et des charognards qui attendent de l'autre côté, en Florida, pour venir "reprendre" ce qu'ils considérent après presque 50 ans "leurs propriétés" Ils craignent la revanche et l'avidité de toute cette meute qui va se jeter sur eux dès que le Comandante en Jefe Supremo (c'est ainsi qu'ils le nomment, et je n'ai pas vu l'ombre d'une moquerie) baissera la garde.
J'ai également visite à l'intérieur les restes des raffineries de sucre, converties en musées parce que grace à l'embargo des "voisins" ils ne disposent d'aucun moyen pour réparer les dégâts occasionnés par les ouragans et les tempêtes.
Enfin, sans vouloir faire du lyrisme, lorsque j'ai quitté Cuba je me la suis imaginée comme la Carthage ou la Numance des temps modernes, qui est en train et sera completement détruite par l'avidité et l'orgueil de l'Empire. C'est ce sentiment de résistance que j'ai constaté chez tous les cubains qui m'a amenée, sans doute, à cette pensée.
Je n'oublierais jamais l'erreur de Fidel Castro de ne pas avoir su imaginer la transition politique il y a déjà beaucoup d'années, mais je ne pardonnerais jamais aux Etats Unis et aux multinationales l'abus de pouvoir qu'ils ont commis et le mensonge dans lequel ils ont entretenu le peuple américain. Sans cet embargo, nous ne saurons jamais ce qu'il aurait pu advenir de la révolution cubaine.
Malgré tes erreurs, je te salue Fidel!
_________________ Sous l’Iris, sous la peau
Sous les ongles et dans l’étau
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