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Dans l’Équipe du jour, ca parle déjà de comment il va être impossible pour DAZN de retomber sur ses pieds financièrement. A 400 millions d'euros. - Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Des doutes sur la stratégie de DAZN La volonté de la société britannique de s’offrir, pour 400 millions d’euros, huit matches de Ligue 1 sur neuf, en laissant une affiche à beIN Sports, est incomprise par la majorité du marché. Et paraît difficile à convertir en succès.
DAZN négocie avec la LFP pour finaliser l’acquisition de huit matches de Ligue 1 jusqu’en 2029.
S’ils réussissent, ils auront eu raison contre tout le monde. Depuis ce dimanche soir, DAZN est entré en « négociation exclusive » avec la LFP pour finaliser l’acquisition de huit matches sur neuf jusqu’en 2029, pour un montant annuel de 400millions d’euros. beIN Sports est dans la même situation pour la rencontre restante (la meilleure affiche ou le deuxième choix une semaine sur deux) valorisée 100millions d’euros. Les deux discutent avec la Ligue de l’introduction de clauses de sortie dans le contrat, au bout de deux ou trois ans, et négocient entre eux pour le partage des affiches, notamment les affrontements entre le PSG et l’OM.
Ce deal, s’il se concrétise, interpelle. Pas du point de vue de beIN Sports, qui a dégainé son offre au buzzer, après avoir fait lanterner Vincent Labrune, le patron de la Ligue, et les présidents de club, en attente depuis des mois d’une proposition financière du diffuseur franco-qatarien. En coulisses, ce dernier explique qu’il est venu en secours, faute d’alternative, et surtout afin d’éviter le lancement d’une chaîne de la LFP trop risquée pour les clubs selon le président du PSG et de beIN Media Group : Nasser al Khelaïfi.
Mais cette offre de beIN permet aussi et surtout de conserver une présence, qui va compliquer la tâche de DAZN pour se développer, et servir sans doute aussi les intérêts de Canal+, son distributeur exclusif. Car si le groupe présidé par Maxime Saada répète ne pas avoir besoin de la L1, il est tout de même très content de conserver une affiche par l’intermédiaire de son pack sports qui inclut beIN Sports.
Mais, pour DAZN, la stratégie est devenue beaucoup moins lisible. Au départ, elle semblait claire. Le 11 novembre dernier, l’entreprise britannique a remis à la LFP une offre de 500millions d’euros pour toute la L1 valable un mois. Elle n’a pas eu à attendre ce délai, puisqu’elle a été rejetée dès le lendemain. À partir de là, le contact s’est distendu sérieusement entre les deux parties avant un appel de DAZN, début mars, qui revenait à la charge après avoir bien compris que la LFP n’avançait pas d’un pouce dans la commercialisation de ses droits.
La société a alors proposé 2 milliards sur cinq ans, soit 400millions d’euros annuels. Encore refusé par la LFP, qui est parvenue à convaincre DAZN de mettre cette somme, mais pour seulement huit matches. Ce qui change tout, puisqu’il n’était plus question d’exclusivité, le seul moyen, selon la plupart des spécialistes et des dirigeants de chaîne consultés, de réussir une petite percée. Surtout quand la dernière rencontre, une affiche, est récupérée par beIN Sports, le partenaire de Canal+…
C’est bien le sentiment de Nicolas Rotkoff, ancien responsable des acquisitions d’Altice. «Avoir toute la L1 au même endroit a une vraie valeur, que l’on perd si on laisse un match, et encore plus si c’est un top match laissé à un concurrent, explique-t-il. C’est toujours un atout d’avoir 100 % d’un produit, surtout quand vous êtes un nouvel entrant. Voilà pourquoi je m’étais battu pour avoir la totalité des Coupes d’Europe (2018-2021) pour RMC Sport. Cette fois, il n’y a plus de case fixe pour le détenteur des matches, cela va devenir un casse tête pour se repérer… Va expliquer aux gens quelle rencontre est chez toi! En marketing et en communication, ce n’est pas évident. Si l’offre est chère et pas claire, cela sera compliqué.»
Des garanties financières pour rassurer les clubs
Xavier Couture, qui a participé à des consultations sur les droits de la L1 pour le compte de Canal+, dont il a été le président, et Orange, est de cet avis: «L’investissement de 400millions pour huit matches paraît très onéreux. Amazon avait mis 250 millions pour à peu près la même chose et n’a pas réussi. Sur le papier, cela ne peut pas fonctionner. Mais comme ce sont, j’imagine, des industriels raisonnables, ils ont sans doute un projet de long terme et c’est une première brique d’investissement. Ils savent bien qu’avec cette offre-là, dans le court terme, ils ne peuvent pas gagner d’argent.»
Avec une affiche laissée à un concurrent, la future offre de DAZN sur la L1 a en effet perdu une partie de son pouvoir d’attraction. Dans nos colonnes, Saada défendait ainsi son investissement (480millions d’euros annuels entre 2024 et 2027) sur l’ensemble des Coupesd’Europe: «Nous sommes dans un environnement très compliqué, avec la fragmentation des offres et la multiplication des abonnements. Avoir une proposition très simple et très lisible, 100% des trois Coupes d’Europe sur les antennes de Canal+, a beaucoup de valeur.»
Pourtant, DAZN semble motivé. Preuve de sa détermination à obtenir la majorité des droits de la Ligue1, la plateforme britannique a même amélioré sa garantie financière il y a deux semaines afin de rassurer les clubs. Après avoir présenté une offre assurée par l’entité DAZN Europe, elle a accepté de fournir des garanties de la maison mère Access Industries, la société de son actionnaire majoritaire, le milliardaire Len Blavatnik.
De quoi traduire sa volonté de boucler le deal puisqu’elle n’avait jamais fourni de telles garanties aux autres Championnats européens avec lesquels elle est en affaire, de la SerieA à la Bundesliga en passant par la Liga.
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