Pour comprendre vraiment pourquoi cette course est la plus dure physiquement et constitue un vrai tremplin pour le Vendée Globe maintenant qu'elle est surtout disputée par les meilleurs espoirs de la course au large, à la grande exception de Loison. (Article Ouest-France) : « La Solitaire du Figaro est la course la plus difficile au monde. Pas à gagner, juste à faire. Gagner, c’est autre chose. » Cette phrase, prononcée par Michel Desjoyeaux, recordman de victoires sur le Vendée Globe et (co)recordman sur la Solitaire du Figaro, résonne particulièrement dans la tête des 32 skippers (Romain Bouillard, blessé à une côte, a dû déclarer forfait) qui ont rempli le bassin Saint-Pierre de Caen en ce début de semaine.
Tous s’attendent à souffrir à l’occasion de la 54e édition, qui s’élancera dimanche 27 août (13 h 02). C’est là tout le sel de ce monument de la course au large. S’il est si beau, s’il traverse les décennies et attire toujours les foules (il n’y avait qu’à se balader dans le village départ hier pour s’en rendre compte), c’est parce qu’il est dur, comme aucune autre épreuve.
Et ce, pour plusieurs raisons. La monotypie, de plus en plus rare dans le monde de la course au large, en est l’une des principales. « On est dans ce qui est l’expression la plus pure d’une course. On a tous le même bateau, donc dans le travail fourni et l’énergie déployée, on est beaucoup plus axé sur la performance que sur la recherche de financements. Il y a moins d’écart entre les projets et les marins », avance Maël Garnier (J’M Garnier), qui sera au départ pour la troisième fois.
« La monotypie a quelque chose de très fort, embraye Alexis Loison (Groupe REEL), qui repart pour la 17e fois. C’est parfois très dur à avaler, dans d’autres classes, quand on se fait doubler par un bateau plus rapide, parce que ce n’est pas forcément révélateur. Là, c’est le marin qui fait la différence sur l’eau mais aussi dans sa préparation. »
Et ce marin, s’il veut performer, n’a que très peu de moments de répit. Pour gagner un pouième sur ses concurrents, il n’a d’autre choix que d’optimiser au maximum ses réglages, et de rester aux aguets pendant toute la durée de la course.
« Le bateau est moins sollicitant en termes d’efforts qu’un bateau plus gros. Par contre, comme c’est un bateau sur lequel il est très facile de manœuvrer, on manœuvre tout le temps », poursuit le Manchois.
« On ne peut rien laisser au hasard, il faut être bon dans tous les axes de performance et, en même temps, aller au bout de la fatigue, de l’engagement physique, abonde Guillaume Pirouelle (Région Normandie), 2e pour sa première participation en 2021. C’est vraiment une course où il faut se battre avec soi-même. »
Une sensation accrue par le format de l’épreuve, une course par étapes, au temps, qui ressemble à un sprint long (3 étapes de plus de 600 milles pour cette 54e édition). Qui plus est en plein été, où la météo est plus incertaine et les risques d’orage accrus.
Dans ces conditions, pas question de dormir. En tout cas pas plus de deux heures par tranche de 24 heures, et jamais plus de 20 minutes consécutives. « Je pense vraiment que c’est un truc de puristes, de maniaques. C’est un truc où tu es dans ta bulle, que personne ne peut comprendre. Passer quatre nuits en mer, sans dormir, on ne fait ça nulle part ailleurs, lance Maël Garnier. Et quelque part, c’est un peu débile : pourquoi s’infliger ça ? On arrive aux limites du corps humain, au niveau de la lucidité. »
« C’est tellement dingue qu’on n’arrive même pas à reproduire ça sur des courses de préparation, ajoute Alexis Loison. L’enjeu et le rythme ne sont pas les mêmes. L’intensité que cette course génère est vraiment dingue. Il n’y a aucun temps mort. Michel Desjoyeaux disait aussi qu’il n’avait pas le temps d’admirer un coucher de soleil sur la Solitaire. On est en plein dedans. Si on a du temps pour ça, il faut aller dormir ! »
Les 32 skippers au départ n’ont plus que trois jours pour recharger leurs batteries.
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