Isaac a écrit:
Willemot a écrit:
Merci les camarades.
Ca me fait un prix de plus sur un projet auquel j'ai participé.
Bon, celui là, je l'ai créé.
Comme toujours, je n'ai pas été invité ni même mis au courant ni même crédité sur la page de la prod.
Quant à demain, je n'ai juste eu la news que par la presse depuis un mois.
Scénariste en France, c'est avoir un superpouvoir.
Etre invisible.
Bisous
Pardon pour la naïveté de la question mais qu'est-ce qui fait que à un moment donné t'as pas un mec de ceux avec qui tu as bossé sur le projet qui te tient au courant et t'intègre à cette visibilité ?
Parce qu'en France, y'a un petit truc vis à vis des scénaristes.
Un truc atavique, culturel, hyper blessant. Déprimant. Violent.
Est-ce dû à la Nouvelle Vague ?
Sûrement.
Ca fait 24 ans que je grenouille dans le milieu du spectacle, de l'audiovisuel, de l'anime, de la bd, du cinéma et même du jeu vidéo.
Scénariste, c'est être une femme, un homme de l'ombre. Soit.
Mais on est relégué à la cave tout le temps.
Et ce que tu mets à la cave, en général, tu l'oublies.
Le mépris et l'invisibilisation des scénaristes/auteurs prend des proportions assez dingues.
Nous sommes pourtant les premiers à travailler, à essuyer tous les plâtres, à poser la dalle de la maison.
Mais une fois la maison construite, nous ne sommes quasiment jamais appelés à la crémaillère, ni même pour un apéro.
En anim, le prix des scènars est quasiment peu ou prou le même qu'en 97.
Le cout de la vie, on ne connait pas.
Nos droits de diff/auteurs fondent comme neige au soleil avec l'arrivée des plateformes.
Nous n'avons aucun statut clair.
L'Agessa, cette usine à gaz, nous servait de caisse de retraite incompréhensible. Elle a disparu.
Et dans cette disparition, on a eu la présidence qui a sortit avant de mettre la clef sous la porte "au fait, ça fait 40 ans qu'on fait de la merde et qu'on a zappé des cas, allez salut !"
Etre scénariste/auteur en France, c'est loin d'être la panacée.
Etre scénariste, c'est accepter le burn out, la dépression comme règle, pas comme un accident.
J'ai travaillé sur plus de 20 projets qui ont glané des prix.
De près, de loin, ou en tant que créateur.
Je suis monté sur scène une fois. Une fois et je n'ai même pas pu prendre la parole.
A 90%, je ne suis même pas au courant.
Je ne vous parle pas de mes camarades qui ne sont pas invités aux premières équipe (avec tous ceux qui ont participé au film) où aux avant premières officielles.
Donc ma semaine à moi, c'est juste un prix gagné où je ne suis pas invité ni même mis au courant. Ni même cité sur la page de la prod qui se félicite du prix alors que c'est une créa originale. (rarissime en anim)
Et les César, ou à part l'annonce presse, j'ai eu aucune nouvelle de la prod.
Si un de vos gosses vous dit "J'ai envie d'être scénariste"
Prenez-le dans vos bras et soufflez lui "chuuuuuuutttt, le cauchemar ne va pas commencer"